NO TAV – Deuxième lettre de Dolcino et Margherita aux Valsusains en lutte

Chers Valsusains rebelles,

Nous avons décidé, en parcourant de nouveau ce sentier escarpé qui suspend le temps historique, à retourner en votre compagnie.

Nous avons entendu parler des différentes initiatives qui se sont déroulées récemment, dans de nombreuses parties d’Italie, pour rappeler notre lutte et notre mort sur le bûcher il y a environ 700 ans. Si tant d’attentions, après des siècles de censures et de calomnies, nous fait certainement plaisir – en particulier durant ces heures du jour où l’on ressent fortement la présence du monstre de la mélancolie-, nous devons toutefois nous plaindre de certaines tentatives de nous aplatir dans des innocentes pages culturelles de magazines ou de nous enfermer dans les salles d’un musée. En fait, nous ne nous préoccupons pas trop de ces nouveaux guet-apens, nous qui nous nous sommes sauvés de tant d’autres. Nos coeurs vagabonds sont ailleurs, dans les lieux de résistance, là où la pratique est vrai et réactualise la signification profonde, invariante, de nos efforts.

Pour cela, nous saluons chaleureusement votre rencontre de Venaus, où vous parlerez durant trois jours « de sorcières et de bandits, d’hérétiques et de paysans insurgés et du fil qui noue les luttes d’hier et d’aujourd’hui ». Et vous danserez, avec les musiciens des vallées alpines, et vous boirez joyeusement. Et il y aura qui vocifère et qui s’abreuvera aux yeux de biche de l’aimée. (ndt : et l’aimé ?)

Vous en avez fait du chemin, montagnards têtus, en un an et demi. Vos fortins , vos assemblées bondées et vos barricades ont apporté un peu partout des bouffées du vent chaud de la révolte. Il n’y a pas un projet de mort et de dévastation environnemental – qu’il s’appelle base militaire, incinérateur, usine à gazéifier, bretelle d’autoroute ou décharge- qui ne voit un regroupement d’êtres humains se dresser pour affirmer : « Nous ferons comme au Val Susa ». L’exigence était dans l’air depuis longtemps, trop longtemps ; ce qui manquait n’étaient ni les livres brillants, ni les analyses profondes, mais la plus simple des bonnes nouvelles : « On peut le faire ».

L’ennemi, comme on pouvait le prévoir, n’est pas resté là à regarder. Après les insultes et les coups de matraques de la droite, sont arrivés les flatteries et les marchandages de la gauche. Les flatteries étaient mensongères et les marchandages, des escroqueries. Mais l’illusion d’avoir un « gouvernement ami » s’est dissoute rapidement, comme les glaciers sous la pression de la pollution et des changements climatiques. Le décalogue du servile et sinistre caméléon – que sont les « douze points » du Bolognais qui vous gouverne- a fonctionné à l’envers, révélant à tous les trucs de la politique institutionnelle. Amenez les drapeaux du parti depuis le rassemblement des « retraités combattants » de Borgone, une nouvelle légèreté a donné des ailes à la lutte. A Vicenza, Bolzano, Bassano, à Serre, et Aprilia… vous avez su vous unir avec tant d’autres expériences, renouant les fils de la solidarité et de l’auto-organisation.

Un beau pacte de secours mutuel, nom antique pour indiquer latension retrouvée à la fraternité, a été la graine et le fruit de tant de rencontres. Un pacte qui vous a poussé à occuper des lignes de chemin de fer, à louer des autobus, à voyager entre villes et vallées, à raconter et apprendre. Sans élaborer une heureuse intuition !- aucun programme, ni créer aucune structure fixe avec ses hauts parleurs, ses déclarations tonitruantes, ses propositions raisonnables pour « mettre de l’ordre dans une porcherie », comme a écrit le poète.

En vous unissant dans ce pacte, vous avez réussi là où nous avons échoué, empêchés par les conditions défavorables de notre époque : à prendre la route qui conduit à la généralisation de la lutte. Nous sommes morts fiers mais isolés, la majeure partie de la population étant alors encore intégrée dans les cadres du système féodal, qui liait le paysan à la terre et l’artisan à la corporation. Un bien autre destin vous attend, à votre époque qui, dans le crépuscule du monde industriel, entrevoit la fin potentielle de la civilisation du pouvoir et des marchandises.

Les tentatives pour faire entrer furtivement la politique de la délégation et du compromis n’ont pas manqué et ne manqueront pas. Pas moins de la part des institutions locales que de ce qui est appelé mouvements. Le vieux monde est toujours en embuscade. Et il a des instruments assez puissants. En un jour il peut faire croire – dans son univers de fantasmes- qu’un accord s’est finalement trouvé avec les populations locales pour déplacer ici ou là le parcours du train funeste. Mais la belle et chaotique soirée de Bussoleno est là pour répéter une vérité trop simple et directe, selon toute évidence, pour les esprits retors et ambigu des gouvernants et des courtisans : ici on ne passe pas.

Il y en a tellement qui aimeraient vous arracher un programme. Dans sa simplicité, un des « programmes » les plus sensés a été exprimé dans une boutade par un de vos compatriotes âgés dialoguant avec un jeune subversif : « Je suis à la retraite. Pour moi, il y a seulement le potager et les luttes ». Le potager et les luttes… Si nous ajoutons la créativité et l’amour (a-mors : enlèvement de la mort), cela ne vous semble-t-il pas un beau projet de vie ?

Les campagnes sont aujourd’hui réduites à des étendues de hangars industriels, hypermarchés, multisalles, lignes électriques, bretelles et échangeurs d’autoroutes, parkings et tant d’autres choses, dans une continuité de ciment et d’asphalte qui unit une ville à l’autreenlevant de l’espace à la vie, dans la misère toujours égale d’un hinterland sans fin. Et la nourriture est désormais quelque chose qui pousse de manière mystérieuse et jette des oeillades luisantes sur les rayonnages du supermarché. Dans un monde pareil, se cultiver un potager est une bouchée d’oxygène et d’autonomie, une reprise de contact avec la terre qui nous nourrit, l’allusion pratique à une activité humaine qui utilise de manière consciente et avec grâce, les instruments dont elle a besoin et conserve le sens de ses gestes. Un jardin collectif dans un presidio, ensuite, dessine un espace antique et neuf à habiter, fait de tant de « OUI » qui poussent avec leurs tendres bourgeons à l’abri d’un grand « NON ».

« Des personnes en embuscade de l’avenir », ainsi un écrivain exilé définissait les personnes effrayées. Peut-être, dans les petits espaces de liberté arrachés et cultivés se vit une embuscade différente du futur : une promesse de bonheur. Potagers et luttes, donc. L’enracinement et le voyage. Le souci du connu, l’ouverture expérimentale vers l’inconnu.

Quelques siècles après notre départ nous avons compris beaucoup mieux quel a été l’enjeu de la guérilla que nous avons menée ensemble aux campagnards et aux montagnards. La répression brutale qui suivit notre défaite – prolongée par une violente et pluriséculaire agitation des soutanes, des toges, des potences et autres instruments du massacre et de la terreur – annonçait un monde d’empire et d’argent. Durant un tournant historique décisif – s’il vous plait, ne souriez pas maintenant du ton inspiré de nos paroles – nous nous sommes battus pour quelques possibilités aux détriments d’autres.

L’histoire, en fait, n’est pas l’inéluctable trajectoire d’un train, comme l’affirme l’idéologie dont se drape un faux progrès qui n’est rien d’autre qu’une volonté arrogante de substituer à la puissance de la vie le pouvoir de l’abstraction et du calcul, en premier lieu économique, et qui se traduit en une substantielle régression de l’humain et en une cruelle domination sur toute la nature.

L’histoire est un bois enchevêtré d’où partent tant de sentiers. Nous voulons parcourir celui des communes et non celui du pouvoir centralisé, celui de la solidarité et non celui de la compétition, celui de l’équilibre et non celui de la bureaucratie lointaine et impersonnelle. Nous habitons et nous défendons une contre-société, un contre-monde.

D’autres sentiers ont prévalu, transformés peu à peu en routes asphaltées puis en gigantesques autoroutes, si nombreuses et envahissantes qu’elles ont fait disparaître aux yeux de l’âme tous les autres chemins, devenus forcément marginaux, utopiques, jusqu’à les rendre inexistants. Quelqu’un a écrit que le progrès ne détruit jamais autant que lorsqu’il construit. Une terre de ruines, en fait, suggèrent d’autres vies, d’autres histoires, une autre mémoire. Une étendue de centres commerciaux, au contraire, congèle le passé et, dans le cours d’une génération, elle s’impose comme la destinée normale d’un territoire, sa seconde nature, la plus véritable. Pour cela, tant de vos contemporains n’ont pas eu d’objections aux trains à grande vitesse. Ayant accepté toutes celles qui l’ont précédé et préparé, ils notent à peine une nouvelle calamité industrielle, comme sur un corps décomposé l’on ne note plus les cicatrices. Ce que tous désormais perçoivent est seulement un besoin obscur et impérieux d’air.

Face à une collectivité dépendante, désagrégée, gaspilleuse et rendue peureuse, vous avez mis en morceaux la routine et avez fait émerger une grande inconnue : l’expérience. Après des années et des années passés dans l’isolement, chacun à perdre sa vie pour la gagner – comme nous vous écrivions déjà dans notre première lettre-, en éteignant les téléviseurs, en luttant et en vous parlant directement, vous avez évoqué d’autres histoires, d’autres mémoires, en introduisant le possible passionnant dans un monde de nécessités éculées. Ainsi, après le train détesté, vous avez commencé là, de vous-mêmes, à mettre en discussions les aciéries et la seconde voie de l’autoroute, en vous unissant en même temps à toutes les autres luttes qui, ailleurs, cherchent à arrêter d’autres menaces, d’autres désastres.

Pour cela, les gouvernants et les industriels commencent à avoir peur. Ils savent que chaque blocage de chantier en prépare un autre et, renversant l’ordre de la passivité et de la résignation, il introduit unenouveau ratio. S’il est complètement logique, selon la raison instrumentale, d’accepter une nuisance parce que rien ne s’est fait pour empêcher les précédentes, alors cela commence à devenir aussi logique, selon la raison humaine, qu’après avoir défendu l’autonomie dans un lieu, elle soit défendue ailleurs.

« On ne peut pas dire toujours et seulement NON », braillent en continuation vos ennemis. N’en soyez pas étonné, c’est dans l’ordre des choses. En fait, ces gens là n’apprécient qu’un type de réponse : « Oui chef ». Mais qui dit « OUI » au train fou du progrès ne dit-il pas forcément « NON » à tout le reste ? En transformant les vallées en « couloir » pour les marchandises et pour une poignée de leur fonctionnaires de haut rang, on contraint tous les autres êtres humains à vivre dans les débarras/cagibis.

Le progrès offre, comme les dépliants de vacances organisées – autre calamité que la bonne fortune nous épargne-, un paquet « tout compris ». Pour ceci un ancien pêcheur breton, en lutte ensemble à tant d’autres compagnons contre une centrale nucléaire, interviewé par un journaliste sur les raisons d’une opposition si infatigable, répondait : « Je me bats parce que je ne veux pas finir dans un HLM d’une ville ». Il n’évoquait pas les raisons les plus immédiates de la lutte –les risques pour la pêche et donc pour son métier, ou bien la pollution de l’air-, mais plutôt quelque chose apparemment lointain : une vieillesse solitaire, consumée dans l’enfermement d’une cellule urbaine. Voilà, ce pêcheur avait deviné avec lucidité le contenu entier du paquet offert par le progrès et par ses radiations, il l’avait rapidement refusé, sans même ouvrir l’emballage.

A échéance régulière,les journaux télé et la presse, informent un public déprimé et abruti sur les risques d’ « infiltrations violentes et terroristes » dans votre lutte et dans d’autres similaires. Si la langue italienne n’était pas aussi outrageusement violentée, par « terrorisme » on devrait comprendre l’usage sans discernement de la violence. Mais avez-vous jamais entendu un journaliste consciencieux définir de « terroriste » le gouvernement qui bombarde d’entières populations civiles ? L’histoire, de ce point de vue, n’a pas beaucoup changé. Nous aussi, à notre époque, avons été appelés voleurs et violents par qui perpétrait au nom de l’orthodoxie religieuse, de grands vols et de féroces massacres. A tout ces gens,nous voulons ici rappeler que Christ, à son retour, châtiera les impies avec un bâton en fer. Quant aux infiltrations, il est beaucoup plus sage de se préoccuper de qui se glisse dans vos rangs pour vous vendre ensuite aux banquets préparés de la politique.

La sérénité têtue avec laquelle vous vous êtes soustraits aux jeux truqués continue à préoccuper les ministres, les intrigants et les policiers. Ils ont remarqué, leurs seigneurs, que le lynchage orchestré avant la manifestation de Vicenza a seulement fait augmenter le nombre de bus des Valsusains solidaires… Et maintenant s’approche le moment dans lequel, même dans la cité d’Or de Palladio, il faudra faire comme à Seghino et sur les champs enneigés de Venaus : empêcher tout début de travaux.

Sept cent ans ne passent pas en un souffle. Et pourtant le temps se contracte et se dilate de manière vraiment merveilleuse. Si en août 1300, à un mois de la condamnation au bûcher du cher Segalello, nous avions écrit une lettre aux frères Apostoliques, aujourd’hui nous avons d’autres frères à qui écrire. Et nous avons appris avec un élan de joie qu’il y a peu de semaines une lettre d’inspiration analogue à la notre a été envoyé du Bauernführer Michael Gaismair aux gens du Tyrol et du Trentino en lutte contre la Grande Vitesse.

« Saisir l’occasion » avait l’habitude de répéter, il y a environ une quarantaine d’années, un révolutionnaire noir depuis de secrets Etats-Unis. Vos occasions de liberté et de résistance saisissez-les avec résolution, très chers frères, parce que la vie est brève et les sentiers les plus impraticables se referment rapidement. Mais, dans la guerre contre le Temps qui a appris à apprécier la lenteur sait de quel train descendre, et quand […].

De nulle part, sur la fin d’août deux mille sept

 

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NO TAV – Appel des habitant(e)s du Val de Suse

Il y a un an le peuple de la vallée de Suze, petits paysans, montagnards, a chassé les polices italiennes qui protégeaient les travaux de la liaison ferroviaire Lyon-Turin. Le ministre de l’écologie siffle maintenant le rappel à l’ordre, et que « que les travaux commencent vite » du fait que les voisins européens s’impatientent ; la région Rhône-Alpes a demandé le début des travaux.

Le col­lec­tif « No Tav » appelle à une grande fête les 8, 9 et 10 décem­bre à Venaus, lieu de la révolte et de la vic­toire contre les pou­voirs en 2005. La fête c’est l’occa­sion de faire l’assem­blée popu­laire avec des amis fran­çais qui ne man­que­ront sûre­ment pas de venir là pour aider dans la lutte contre les puis­sants.

La fête popu­laire fera place à une pièce de théa­tre, une danse régio­nale tra­di­tion­nelle et à un concert le soir : le ven­dredi se tien­dra l’assem­blée popu­laire, puis le samedi une assem­blée popu­laire de toutes les réa­li­tés du ter­ri­toire qui lut­tent contre les grands tra­vaux. Le concert aura lieu ce soir. Il y aura aussi une repré­sen­ta­tion de 10 danses tra­di­tion­nel­les, et du théa­tre les 3 jours de fête… et des pâtes chau­des tous les jours !

Ce ras­sem­ble­ment se passe vers le Presidio à Venaus, à trois kilo­mè­tres de Suse. Le Presidio a été cons­truit col­lec­ti­ve­ment par les mani­fes­tants(es) il y a un an et sert depuis de lieu de ren­contres.

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Nouvelles du TGV Lyon Turin et programme des commémorations dans le Val Susa

Les verts français font front commun avec Barrot et Perben contre les habitants du Val De Suse.

Depuis bien­tôt un an (der­nière ren­contre à Udine – Italie) le pré­si­dent des Verts Rhône Alpes a confirmé son sou­tien au projet du Lyon Turin et à son tracé. Pendant ce temps Jacques Barrot, pré­si­dent de la com­mis­sion trans­port de l’union euro­péenne, et Dominique Perben, minis­tre des trans­ports, som­maient le gou­ver­ne­ment ita­lien de res­pec­ter ses accords et de « brus­quer les choses ».

- Alors que l’on arrive bien­tôt à la date anni­ver­saire de la « bataille de Seghino » où la popu­la­tion du Val de Suse avait résisté à l’atta­que de la police qui vou­lait pro­té­ger les son­da­ges du chan­tier du Lyon Turin…

- Alors que près de 50 000 per­son­nes ont mani­festé le 14 octo­bre der­nier à Rome contre les grans tra­vaux (pont de Sicile, digue de Venise, cons­truc­tion de la ligne fer­ro­viaire Lyon Turin) les Verts Rhône Alpes en la per­sonne de leur pré­si­dent affi­chent tou­jours le même mépris de la popu­la­tion, et chose nou­velle s’allient avec les partis poli­ti­ques repré­sen­tants du Libéralisme

Je ne revien­drai pas sur les rai­sons qui font que la popu­la­tion du Val De Suse refuse ce grand ouvrage, refu­sant en même temps l’aug­men­ta­tion du traf­fic rou­tier, dans le slogan « no TIR no TAV » et en refu­sant l’élargissemnt du tunnel rou­tier du Fréjus.

Dans une décla­ra­tion com­mune les comi­tés No Tav de la vallée ont défini leur fonc­tion­ne­ment :

- Refus défi­ni­tif du TAV train à haute capa­cité Lyon Turin ;
- Horizontabilité des déci­sions ;
- Assemblée déci­sion­nelle.

et a défini ses objec­tifs :

- fin du projet Lyon Turin ;
- la dépol­lu­tion de la dioxine et du PCB à côté de l’acie­rie Beltrame ;
- le refus du dou­ble­ment du tunnel du Fréjus ;
- la mise en contai­ners des mar­chan­di­ses.

Décision prise à l’assem­blée de Venaus

Les auto­ri­tés ita­lien­nes avaient cru trou­ver une échappatoire en fai­sant passer la voie en partie sur une autre vallée. Immédiatement les col­lec­tifs Anti Tav sont allés aider les habi­tants de cette petite vallée.

Le train ni là, ni ailleurs.

Dimanche 29 octo­bre, un an après dans les bos­quets de Seghino

- 8 h 30 : rendez vous en place d’arme à Susa.
- 9 h : départ pour Urbiano.
- Prise de parole du Maire de Suse et des repré­sen­tants des col­lec­tifs sur les lieux des affron­te­ments du pont de Giandola.
- 11 h : loca­lité de Seghino inter­ven­tion du Maire de Mompantero, d’un repré­sen­tant du mou­ve­ment.
- Pose d’une plaque com­mé­mo­ra­tive de la jour­née de résis­tance du 31 octo­bre 2005.
- 11h30 : évocation his­to­ri­que en cos­tume d’époque du bloc humain qui a résisté sur le pont Giandola, du matin au soir, aux forces de police et cara­bi­niers.
- Exhibition d’auto-cons­truc­tion de bar­ri­ca­des.
- 12 h repas tiré du sac et grillade « bella vita », appor­ter ce que vous voulez trou­ver comme l’année der­nière. Vin pain nour­ri­ture
- 13 h 30 : visite guidée sur les lieux de la résis­tance de l’année der­nière.
Sur les sen­tiers de la bri­gade par­ti­giana Stellina.
- 15 h 30 : dérive guidée par les sen­tiers qui de Seghino vont à Venaus (1 h 30).
- Fête No Tav

Lundi 23 octo­bre a eu lieu à Turin une confé­rence avec des uni­ver­si­tai­res et Serge Latouche sur la décrois­sance, de dénon­cia­tion de la vision uti­li­ta­riste et d’un cen­tra­lisme abso­lue du marché. Cette confé­rence, au moment où les Verts fran­çais ont fait leur choix de société :

- pour le déve­lop­pe­ment dura­ble (conti­nuer les enjeux économiques) ;
- pour la ligne Lyon Turin ;
- contre les popu­la­tions du Val De Suse.

Cela marque l’inten­sité et la richesse des débats qui se dérou­lent actuel­le­ment dans cette région de l’Europe. Car cette lutte pour leur dignité, pour le res­pect de leur envi­ron­ne­ment se conju­gue avec une réflexion pra­ti­que sur ce que veut dire la décrois­sance et la remise à plat de l’économie au ser­vice des popu­la­tions et non pas l’inverse.

Les Verts Rhône Alpes peu­vent conti­nuer à jouer comme on dit la double face. Ils en ont les moyens, en les aidant et en ne posant pas la soli­da­rité avec les popu­la­tions du Val De Suse comme préa­la­ble à tout tra­vail en commun, on se retrouve soli­daire de ses déma­gos anti écologiques et sta­li­niens de la pire espèce (dépla­ce­ment de popu­la­tion de vil­la­ges entiers du Val de Suse)…

texte publié sur Rebellyon le 29 octobre 2006.

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Un goupe de Turinois est arrivé en vélo lundi à Lyon, contre le projet pharaonique Lyon-Turin

Nous n’étions pas très nombreux et nombreuses pour les accueillir lundi 22 mai à 16 h 30, Place des Terreaux. Là n’est pas l’important ! 
Photos et quelques infos, impressions au vol.

Dans la lutte « NO-TAV » contre le projet d’une nou­velle ligne fer­ro­viaire Lyon-Turin, des Italiens du Val Susa ont déci­dés d’orga­ni­ser un voyage en vélo de Turin à Lyon entre le 20 et le 22 mai. Ils sont une équipe d’une dou­zaine de cyclis­tes plus 4 accom­pa­gna­teurs.

Étapes réa­li­sées :
- samedi 20 mai : Turin-Lanslebourg
- diman­che 21 mai : Lanslebourg-Chambéry
- lundi 22 mai : Chambéry-Lyon

Un rendez-vous était donné lundi 22 mai à 16 h 30 sur la Place des Terreaux où était prévue leur arri­vée à Lyon.

Ils ont pu ainsi expli­quer aux Lyonnais pré­sents leurs moti­va­tions contre le Lyon-Turin, projet aber­rant.

Pour de plus amples expli­ca­tions sur ce projet Lyon-Turin, voir notre der­nier arti­cle ainsi quecelui-ci sur la mani­fes­ta­tion à Chambéry, tout comme : Val Susa : une vallée qui réin­vente la résis­tance popu­laire actuel­le­ment en Europe et le pre­mier arti­cle qui a parlé de cette lutte :Manif contre le TGV Lyon-Turin


L’arri­vée plu­vieuse et le peu de moti­va­tion lyon­naise n’auront eu raison de la néces­sité d’encore et tou­jours se battre contre ce projet !

Ils étaient encore une soixante de cyclis­tes a bravé la neige au pas­sage du Mont Cenis en direc­tion de Chambéry avant hier.

Au final douze cou­ra­geux sont arri­vés à Lyon en fin d’après midi ce lundi 22 mai avec leur sou­tien logis­ti­que, les autres étant contraints de retour­ner au boulot !

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Tout sou­rire malgré le temps…

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La lutte des anti-TAV est jume­lée avec celle contre le projet de pont à Messine qui relie­rait ainsi le conti­nent à la Sicile.

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En début de soirée, une étudiante de Turin est inter­ve­nue sur les ondes de Radio Canut (102.2) pour faire connai­tre la lutte des anti-TAV et la néces­sité de les sou­te­nir, ici ! (et main­te­nant).

Texte publié sur Rebellyon le 23 mai 2006.

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Débat « Pourquoi être contre le projet de ligne Lyon-Turin ? » avec des Italiens du Val Susa en lutte

Nous pourrons en parler ensemble avec des Italiens qui ont participé à la lutte dans le Val Susa le jeudi 4 mai à 19h à la Librairie La Gryffe, 5, rue Sébastien Gryphe – Lyon 7ème. Projection d’un film sur la lutte en Italie.

Ce débat est organisé par “No-Pasaran” et le “Collectif Lyonnais NON au Lyon-Turin”.

Depuis 10 ans les habi­tants du Val Susa, la vallée du Piémont ita­lien concer­née par le pas­sage du TGV Lyon-Turin, lut­tent mas­si­ve­ment contre la réa­li­sa­tion du projet, par les moyens les plus divers (occu­pa­tion du futur chan­tier, grève géné­rale, mani­fes­ta­tions) sur un mode d’orga­ni­sa­tion très auto­ges­tion­naire.

Ce projet, qui com­prend le per­ce­ment d’un tunnel de 53 km, est une catas­tro­phe économique et écologique, car en plus du coût énorme (13 mil­liards d’euros), et du bruit per­ma­nent que ce chan­tier va engen­drer pen­dant 15-20 ans, il repré­sente une grave menace pour l’envi­ron­ne­ment car les quan­ti­tés énormes de déblais qui seront rejet­tés sont char­gés en amiante et en ura­nium.

Ce projet de ligne fer­ro­viaire vien­dra s’ajou­ter aux infra­struc­tu­res exis­tan­tes (auto­route, deux routes natio­na­les, une ligne fer­ro­viaire actuel­le­ment sous-uti­li­sée et deux lignes électriques) où il est prévu un flux continu de trains, ce qui aura des consé­quen­ces graves sur la santé des rive­rains (pol­lu­tion sonore et électromagnétique, ainsi que des can­cers dûs à l’amiante et à l’ura­nium).

Certains pen­sent que ce projet fer­ro­viaire va per­met­tre un trans­fert de la route vers le rail. Il n’en sera rien ! Dans ce monde dominé par le libé­ra­lisme où les capi­ta­lis­tes veu­lent pro­duire au moin­dre coût pour aug­men­ter leurs béné­fi­ces, ce projet de ligne va faci­li­ter les délo­ca­li­sa­tions en aug­men­tant encore le trafic des mar­chan­di­ses. Il va contri­buer ainsi à l’absur­dité de ce sys­tème où, pour être fabri­qué, un pro­duit tra­verse toute l’Europe, et avec tous ses effets néfas­tes (acci­dents, trans­ports vides, usure des routes).

Ce projet de TGV Lyon-Turin inté­res­sera essen­tiel­le­ment les hommes d’affai­res. Quant aux popu­la­tions de la Maurienne et du Val Susa, elles n’en tire­ront aucuns béné­fi­ces car ce train s’arrê­tera dans peu de gares loca­les à la dif­fé­rence des lignes actuel­les. Certains disent en outre que le chan­tier va créer de l’emploi ? Certainement pas ! Les pro­mo­teurs du projet pré­fè­re­ront embau­cher une main d’oeuvre étrangère sous-payée. Il serait de beau­coup pré­fé­ra­ble de relo­ca­li­ser l’économie et de dimi­nuer ainsi le trafic des mar­chan­di­ses.

Face à cette logi­que de profit, qui ignore le res­pect et la dignité des popu­la­tions, face à ses rava­ges sur l’envi­ron­ne­ment, nous devons nous mobi­li­ser pour créer un rap­port de forces suf­fi­sant pour stop­per ce capi­ta­lisme cyni­que et dévas­ta­teur.

P.-S.

Venez rejoindre le “Collectif Lyonnais NON au Lyon-Turin” 4, rue Bodin 69001 Lyon :
nonaulyonturin-lyon(Arobase)no-log.org

Texte publié sur Rebellyon le 1er mai 2006.

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De la lutte contre le Lyon-Turin à la lutte contre le doublement de L’A7

Le mercredi 26 avril a eu lieu une réunion publique organisé par l’Etat en vue d’une enquéte pour la construction d’une deuxième autoroute dans la vallée du Rhone. Le collectif Lyon Turin Ardéche Drôme est allé amener notre solidarité, contre cette nouvelle infrastructure,aux populations qui se mobilisent (réunion à Chabeuil 300 personnes présentes par exemple). De nombreux panneaux sont apparus dans les campagnes qui vont être traversées.

Voici le texte du réseau trans­port qu’ils ont envoyé avant la réu­nion :

Mercredi 26 avril à 18h, au parc des expo­si­tions, aura lieu la 2e réu­nion publi­que à Valence du débat sur les trans­ports en Vallée du Rhône. Le thème en sera la santé et la sécu­rité. Pour expri­mer notre refus de nou­vel­les auto­rou­tes, le Réseau Actions Transports Drôme Ardèche lance un mot d’ordre de pro­tes­ta­tion qui se tra­duira lors de cette réu­nion par un chahut d’une minute. Vous tous êtes invi­tés à y par­ti­ci­per, le dérou­le­ment va en être le sui­vant : Un inter­ve­nant du Réseau Actions Transports (un méde­cin) pren­dra la parole (3 minu­tes) pour résu­mer la situa­tion insup­por­ta­ble pour les rive­rains des infra­struc­tu­res de trans­port, rou­tiè­res notam­ment, et le coût exhor­bi­tant pour la société. Il sor­tira ses cou­ver­cles de cas­se­role et invi­tera toute la salle à faire une minute, non pas de silence, mais de bruit avec lui (après avoir demandé à la com­mis­sion de déclen­cher pour une minute le magni­fi­que chrono électronique de la salle). Il tapera pen­dant une minute sur ses cou­ver­cles avec tous ceux qui auront aussi amené leurs cas­se­ro­les ou autres usten­si­les bruyants, et avec ceux qui vou­dront se join­dre à la pro­tes­ta­tion en tapant des pieds ou toute autre forme bruyante. Il remer­ciera tout le monde de cette expres­sion très démo­cra­ti­que. Le but n’est pas de per­tur­ber la réu­nion publi­que mais d’expri­mer le ras le bol et la mobi­li­sa­tion des popu­la­tions pen­dant une minute. Cette inter­ven­tion aura lieu à un moment non encore déter­miné de la réu­nion. Si vous êtes sym­pa­thi­sants de ce ras le bol et/ou par­tants pour vous join­dre à ce chahut

Voici ici le texte que nous avons dis­tri­bué. Une dis­cus­sion a eu lieu devant le parc des Expos sur cette société qui trans­porte n’importe quoi, pour le profit de cer­tains et aussi une expli­ca­tion de la lutte dans le Val Susa, en met­tant en avant que nous étions pour le fer­rou­tage, mais sur­tout que cette société était devenu folle et qu’elle mépri­sait les popu­la­tions. A cette occa­sion nous avons aussi ren­contré Gérard Leras pre­si­dent de la com­mis­sion trans­port de la région et pro­pa­gan­diste de la liai­son fer­ro­viaire Lyon Turin, qui en tant que Vert défend les popu­la­tion contre les voi­tu­res. Et aussi contre cette auto­route.

Voici ici le texte (lettre tract ins­pi­rée de l’action « Pas en mon nom) que nous avons dis­tri­bué. Cette lettre est adressé au Président de la Région Rhone Alpes

Monsieur,

Nous habi­tants de la région, nous ne pou­vons accep­ter que vous fas­siez les tra­vaux ( ligne fer­ro­viaire Lyon Turin) au nom de la col­lec­ti­vité, c’est à dire en notre nom à chacun. En effet pour des rai­sons tech­ni­ques, envi­ron­ne­men­ta­les et économiques, faire en notre nom ces tra­vaux serait contraire à notre accord moral. Voici som­mai­re­ment quel­ques rai­sons expo­sées qui nous font refu­ser ce projet

LES LIGNES FERROVIAIRES EXISTANTES SONT SATUREES. En réa­lité la ligne fer­ro­viaire actuelle Turin-Modane n’est uti­li­sée qu’à 38% de sa capa­cité. Les navet­tes pour les TIR par­tent chaque jour tris­te­ment vides. (Mais elles ont été redé­cou­ver­tes et prises d’assaut pen­dant la période de fer­me­ture du Fréjus pour incen­die). La liai­son fer­ro­viaire directe Turin-Lyon a été sup­pri­mée à cause du manque de pas­sa­gers. Et le flux de mar­chan­di­ses, – pour ceux qui veu­lent cette œuvre, pré­voient une aug­men­ta­tion expo­nen­tielle , alors qu’il a au contraire baissé de 9%l’année der­nière !

LE TGV ENLEVERA LES TIR DE LA VALLEE. En réa­lité pour com­men­cer, les 10 à 15 années de chan­tier néces­sai­res pour cons­truire la ligne Turin-Lyon por­te­ront sur les routes de la vallée et de la ban­lieue de Turin quel­que 500 camions par jour (et la nuit) pour le trans­port des maté­riaux exca­vés des tun­nels vers les lieux de sto­ckage. Ce qui com­por­tera une forte aug­men­ta­tion de pol­luants et de pous­siè­res. Dès que la phase apo­ca­lyp­ti­que de chan­tier sera ter­mi­née et la grande œuvre réa­li­sée, qui nous dit que les mar­chan­di­ses pas­se­ront de l’auto­route à la nou­velle ligne fer­ro­viaire ? Au contraire. Les pro­mo­teurs de l’œuvre et de récen­tes études d’ingé­nie­rie des trans­ports nous disent que seu­le­ment 1% du trafic actuel sur route se dépla­cera sur la ligne fer­ro­viaire. Quel bel avan­tage !

LA LIGNE TGV TURIN-LYON APPORTE DU TRAVAIL aux habi­tants de la Maurienne. En réa­lité, comme c’est le cas pour toutes les infra­struc­tu­res en cours de réa­li­sa­tion, il s’agi­rait de tra­vail pré­caire, pour une main d’œuvre en grande partie extracom­mu­nau­taire. En outre les entre­pri­ses adju­di­ca­tai­res appor­te­raient des tech­ni­ciens et des ouvriers de leur région.

LA LIGNE EST PRESQUE ENTIEREMENT SOUS TUNNEL. QUEL MAL PEUT-ELLE FAIRE ? En réa­lité elle fait très mal. Le tracé pré­voit une gale­rie de 23 km à l’inté­rieur du Musinè, une mon­ta­gne char­gée d’amiante. La taupe qui creu­sera la roche déga­gera dans l’air de nom­breu­ses fibres d’amiante. Invisibles et léta­les. Le vent les por­tera par­tout. Le foehn les por­tera jusque dans le centre de Turin. Respirer des fibres d’amiante pro­vo­que un cancer des pou­mons (méso­thé­liome pleu­ral) dont on ne réchappe pas. L’amiante est un maté­riau hors-la-loi depuis 1977. Creuser des tun­nels dans un tel endroit est illé­gal et cri­mi­nel. Et encore : le tunnel Italie-France de 53 km creusé dans le Massif d’Ambin ren­contrera (en plus des nappes d’eau et des sour­ces qui seront détrui­tes) aussi de la roche conte­nant de l’ura­nium. Et encore : une ligne sous tunnel com­porte de nom­breu­ses gale­ries plus peti­tes, trans­ver­sa­les à la gale­rie prin­ci­pale. On les appelle gale­ries de ser­vice, ou de manière plus sym­pa­thi­que « fenê­tres ». Il y en aura 12 ! Avec autant de chan­tiers, tous ados­sés à des cen­tres habi­tés. Ce sera un enfer de bruit, de pous­sière, des camions allant et venant sur les rues étroites des vil­la­ges, de jour comme de nuit, pen­dant 15 ans au moins.

CETTE ŒUVRE FAIT DU BIEN A L’ECONOMIE PARCE QU’ELLE MET EN MOUVEMENT DES CAPITAUX PRIVES. En réa­lité le coût estimé de 20 mil­liards d’euros est entiè­re­ment à la charge de la col­lec­ti­vité. Il s’agit d’argent public mais confié à des par­ti­cu­liers, selon cette dia­bo­li­que inven­tion qu’est l’entre­pre­neur géné­ral. C’est l’Etat Italien qui garan­tit. Aucun par­ti­cu­lier n’y mettra un euro, sur­tout après l’expé­rience du tunnel sous la Manche qui a causé la faillite de ceux qui en avaient acheté les bons. Les gros­ses sommes d’argent qui ser­vent à cette œuvre seront sous­trai­tes aux lignes fer­ro­viai­res exis­tan­tes (déjà sinis­trées), aux hôpi­taux, aux écoles et à tous les ser­vi­ces d’uti­lité publi­que et au déve­lop­pe­ment des énergies renou­ve­la­bles des­ti­nées à rem­pla­cer le pétrole. Cette oeuvre fait du bien à l’europe Les Italiens, pour étayer leurs inquié­tu­des voire leurs cer­ti­tu­des, ont pré­senté 4 rap­ports : 1. Risques de pol­lu­tion par l’extrac­tion de 500000 m3 d’amiante blan­che (voir rap­port), 2. Risques de pol­lu­tion par l’extrac­tion d’une quan­tité sen­si­ble­ment équivalente d’ura­nium, 3. Risques géo­lo­gi­ques par la modi­fi­ca­tion et pol­lu­tion des écoulements natu­rels, 4. Risques sani­tai­res – déjà cons­ta­tés après le per­ce­ment du tunnel rou­tier – qui seront encore aggra­vés par l’évacuation des gra­vats qui se fera à l’air libre, par tapis, sur une lon­gueur de 45 km en direc­tion du Grand Paradis où ils seront sto­ckés, zone for­te­ment ven­teuse.

Voici agréer Monsieur notre colère pro­fonde et dura­ble

P.-S.

Nous continuerons sur cette voie avec les habitants qui vont être traversé par cette autoroute. Le projet passe par la Drome et l’Ardèche et attérit à Lyon.

Pour plus d’infos : adresse provisoire du collectif le laboratoire 8 place Stjean valence 26000

texte publié sur Rebellyon le 29 avril 2006.

Publié dans En France, En France - Rhône-Alpes | Marqué avec , , | Commentaires fermés sur De la lutte contre le Lyon-Turin à la lutte contre le doublement de L’A7

Débat autour du TGV Lyon-Turin le vendredi 21 avril à Valence

La propagande continue, alors que le chantier du côté français ne s’est jamais arrété, que du côté italien les gros sous deviennent de plus en plus visibles, et que l’élection de Prodi ne va rien changer bien au contraire

L’hiver est presque terminé aussi dans les Alpes . Les stations ont fait leur plein de vacanciers. Le sillon alpin peut continuer son existence avec le business qui le caractérise. De la transversale alpine (Lyon Turin train à haute vitesse), en passant par le sillon alpin ( la Silicone-vallée française et ses nanotechnologies), la destruction des Alpes ne s’arréte plus.

Vendredi 21 avril à 20 h Maison des sociétés à Valence

Rencontre débat avec film et débatsavec des opposants italiens à ce projet monstrueux.Le dos­sier qu’avait écrit Gérard Leyras ( pré­si­dent de la com­mis­sion trans­port au Conseil régio­nal de Rhône-Alpes) a été envoyé aux Verts Italiens et sur­tout à ceux du Val De Suse. Ils y répon­dront ce jour là.

Venez donc nom­breux à cette dis­cus­sion pour que des débats enfin émerge une plus grande réflexion sur ce pro­blème qui a fait aujourd’hui la pre­mière page du dau­phiné local le jeudi 13 avril : « Transport : que faire ? » avec une magni­fi­que photo des files de camion sur l’A7).

Toutes les per­son­nes qui sont aussi inte­res­sées par les ques­tions « com­ment peut se déve­lop­per une lutte popu­laire »« com­ment trans­for­mer un pro­blème écologiste en une ques­tion plus vaste sur le déve­lop­pe­ment de l’économie et au ser­vice de qui » ; et sur la ques­tion d’une soli­da­rité à cons­truire par dessus les Alpes, comme les pré­cai­res ita­liens l’avaient mise en pra­ti­que en venant à Paris lors d’une manif de mars 2006.

Pour reve­nir à la ques­tion des trans­ports, nous avons eu une confé­rence où les Verts ont expli­qué pour­quoi il fal­lait passer les camions sur les rails, pour solu­tion­ner le casse-tête de la vallée du Rhône et la place consi­dé­ra­ble que pre­naient les Verts dans ce combat là. Un seul petit oubli :
la ligne qui part de Lisbonne et qui passe par Lyon pour ensuite tra­ver­ser les Alpes, c’est un projet euro­péen de 1984, voté par l’Europe, et qui n’a rien à voir avec un projet écologique. C’est seu­le­ment une pers­pec­tive économique ima­gi­née par des tech­ni­ciens pour rendre la mobi­lité plus per­for­mante pour les mar­chan­di­ses, dans une opti­que de flux tendu et de pré­ca­ri­sa­tion des popu­la­tions. Ce projet est un grand conso­ma­teur d’énergie nucléaire. On rem­place une pol­lu­tion par une autre sans se sou­cier des effets à court terme sur les popu­la­tions.

Luc et Le Laboratoire

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HOMME PRESSÉ, HOMME MORT ! Italie : contre le TGV, moins vite, plus haut, plus fort

CQFD N°031

ITALIE : CONTRE LE TGV, MOINS VITE, PLUS HAUT, PLUS FORT

HOMME PRESSÉ, HOMME MORT !

Cartes déployées sur la table, les dirigeants de l’économie européenne se livrent à un vaste jeu de Monopoly. À grands traits, ils traversent les territoires, bâtissent là et rasent ici. Leur but : la libre circulation des marchandises. Le long de ces axes, les populations font figure d’erreurs vouées au mépris et, parfois, pour pallier un « déficit de communication », aux coups. En Val de Suse, contre le projet d’une ligne de train à grande vitesse (TAV), c’est toute une région qui s’est soulevée, faisant craindre du grabuge à l’approche des Jeux Olympiques d’hiver.

EN 1986, LES TECHNOCRATES de Bruxelles constatent que malgré leurs efforts pour le « bon fonctionnement du marché unique », « le nivellement des disparités régionales et nationales au sein de l’Union Européenne  » n’est pas encore satisfaisant. « Dès lors, l’interconnexion et l’interopérabilité des réseaux nationaux d’infrastructures sont apparues comme des facteurs-clés pour l’aménagement cohérent du territoire communautaire  » (source : Commission Européenne). En 1990, trente axes principaux sont dessinés sur la carte d’Europe. Ils strient le continent de Stockholm à Lisbonne, avec une légère bifurcation par Londres, puis de Londres à Naples, et enfin, de Kiev à Lisbonne en passant par Turin. Côté italien, les dirigeants sautent sur l’aubaine que représentent ces grands chantiers, porte habituellement ouverte à de très hautes manoeuvres financières. En 1996, le gouvernement de gauche de Romano Prodi donne son feu vert au projet. À son arrivée au pouvoir en 2001, Silvio Berlusconi [1] persiste, et signe avec la France un accord pour la réalisation d’une nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin passant par le Val de Suse, équipée de tunnels sous les Alpes dont un de cinquante-trois kilomètres. Entonnant la chanson toujours ressassée de la providentielle création d’emplois, les syndicats et les entreprises de BTP exultent. Côté français, le conseil général des Hautes-Alpes et les Verts se congratulent. Et tous célèbrent la « relance du ferroutage » et du « développement durable ». On s’excite sur ce projet de « Corridor 5 » qui, venant de Kiev, mettrait Turin à une heure trois quarts de Lyon, en lien avec le « programme de continuité urbaine » de la méga-technopole de deux millions d’habitants qui s’étendra bientôt de Lyon à Genève, et rapprocherait la région Rhône- Alpes et le sillon alpin des trois autres grands moteurs économiques européens que sont le Bade-Wurtemberg, la Catalogne et la Lombardie (ouf !, reprenant leur souffle, les planificateurs se font une nouvelle ligne).

Mais loin du paysage rêvé par l’onanisme technocratique, du côté du Val de Suse, quelques réserves commencent à se manifester contre ce mirifique projet de bétonnage et pollution. Les excavatrices vont en effet répandre des poussières d’uranium et d’amiante dans une vallée déjà traversée par une ligne ferroviaire, deux routes nationales, une autoroute et deux lignes haute-tension… Fin 1996, des bouteilles incendiaires lancées contre des engins de chantier éclairent les nuits de la région. Sabotages, graffitis et mini-explosions se poursuivent l’année suivante. Et le cadre habituel des tragédies transalpines se met en place. Après ces quelques opérations commandos, l’État réembraye sur la bonne vieille stratégie qui s’est avérée si efficace depuis des décennies en Italie : sans preuve, il taxe ces actions de terroristes et concocte quelques opérations-maison, histoire de parfaire le nettoyage des milieux réfractaires. Les squats de Turin subissent mauvais coups et descentes de police. En 1998, trois personnes sont incarcérées. Deux d’entre elles se suicident en prison [2]. Les procès se succèdent. De lourdes condamnations tombent.

Mais dans la vallée, malgré la machination policière et judiciaire, l’opposition se répand. Les risques sanitaires majeurs (uranium et amiante infestent la roche qu’on s’apprête à creuser) sont déjà un argument suffisant. Viennent s’y ajouter diverses critiques : le coût des travaux est exorbitant, alors que les lignes ferroviaires déjà existantes sont sous-utilisées et mal entretenues ; les travaux vont durer une vingtaine d’années ; le TAV n’est destiné qu’à des hommes d’affaires pressés ; le transport à grande vitesse des marchandises est imposé par les aberrations de la consommation de masse. Les élus de la communauté de communes s’associent. Deux comités s’organisent dans la Haute et la Basse Vallée. Le regroupement des élus va fréquemment négocier avec les autorités, ne débattant qu’entre eux et prenant leurs décisions sans en informer régulièrement les opposants. Par contre, les comités de Haute et Basse Vallées vont ouvrir leurs assemblées à tous, prendre collectivement les décisions, entrer en contact avec d’autres mouvements de résistance et diffuser massivement l’information. Mais pour tous « No TAV ! » devient le mot d’ordre fédérateur. « Sarà dura » (« Vous allez en chier », à l’adresse des décideurs), le cri de ralliement. « Résister, c’est exister », le projet commun.

Pendant sept mois, les opposants du Val de Suse vont se livrer à une résistance frontale. La première action va être le blocage des voies de communication et des transports, paralysant le coeur même de l’activité économique [3]. Les principales décisions émanent des comités Haute et Basse Vallées. Les partis politiques n’arrivent pas à capturer le mouvement et à parler à sa place. La Ligue du Nord, parti régionaliste proche des néo-fascistes, s’essaie à manifester avec fanions et fétiches, puis se retire. Les syndicats officiels soutiennent les technocrates. Dans les derniers jours d’octobre, alors que la vallée est sous occupation policière et que des manifestants campent à Venaus face aux forces de l’ordre, le ravitaillement des résistants est acheminé depuis les crêtes. Les opposants mettent en place les moyens de satisfaire les besoins de première urgence : ramassage des ordures, passage des bus scolaires et des ambulances à travers le réseau de barricades, pendant qu’une assemblée générale permanente s’ouvre à tous les débats. Certains parleront alors de « République Libre de Venaus ». Pendant ce temps, le gouvernement mandaté par les industriels reste convaincu que la puissance policière viendra à bout de la résistance, que la fatigue gagnera les opposants, qu’ils se désuniront. Il tente d’accélérer la reddition de la vallée. D’autant que cette détermination, à laquelle les décideurs ont tellement perdu l’habitude d’être confrontés, pariant sur l’apathie que provoquent, avec une écrasante réussite, le caractère hypnotique du progrès, la promesse d’un boulot et la consommation frénétique de marchandises, risque de perturber la bonne marche des Jeux olympiques, qui doivent se dérouler à Turin en février.

À la mi-décembre, le combat des No-TAV ne faiblit toujours pas et s’étend même à la remise en cause du projet pharaonique de pont entre la péninsule et la Sicile. Les décideurs, politiques et technocrates, se réunissent alors, effarés et confus. Le gouvernement décide « d’une trêve  » de six mois, pour « vérifier l’impact sanitaire et environnemental dans la vallée  », dit-il. Mais l’esprit collectif, bien différent de celui de l’olympisme, continue à se communiquer parmi les anti-TAV. Les multiples festivités consacrées au passage de la flamme olympique sont l’occasion de se livrer à quelques performances. Le 13 décembre à Cecina et le 21 décembre à Raguse, les autorités voient, consternées, l’écran destiné à présenter en live la cérémonie, occupé par un panneau « No TAV ». À Trente, quatre personnes, dont l’une, encagoulée, s’est emparé du symbole et a détalé avec, sont arrêtées pour « braquage de flamme olympique ». À Vérone, Padoue et Parme, le parcours a été modifié par crainte d’incidents. Des manifestants s’affrontent à la police à Venise et à Crémone. À Gènes, la flamme est éteinte pendant une demi-heure. À Bussoleno, le maire prend un arrêté interdisant sur sa commune toute publicité pour la méga-kermesse sportivo-mercantile. Avec chaque fois le rappel du No-TAV, assorti d’autres protestations, comme celle contre le projet de digues mobiles sur la lagune de Venise. Fin décembre, des groupes anti-TAV affrètent un train pour rejoindre, en passant par les autres grands chantiers projetés par l’État, le site prévu pour la construction du pont sur le détroit de Messine et, en chemin, rencontrer des complices et expliquer leur lutte. Leur mot d’ordre : « Le Val de Suse va jusqu’en Sicile ». Le 22 janvier, arrivés à Messine, ils participent à une grande manifestation sous la banderole : « No TAV ! No Ponte ! », au moment même où en Val de Suse 15 000 personnes défilent pour affirmer leur soutien aux opposants siciliens. Une première ! Alors que l’armée patrouille sur les hauteurs de Turin afin de protéger la généreuse grandeur du commerce olympique et que la vallée est massivement occupée par des forces de police en attente, les habitants du Val de Suse, soutenus par les « No-Ponte » du Sud et les métallos romains du syndicat Fiom, se préparent à résister à la prochaine offensive. À suivre.

Chronologie : sept mois à mordre et tenir

- Juin 2005 : 30 000 personnes se rassemblent pour s’opposer aux premiers sondages de terrain qui vont être effectués en Val de Suse. Pendant tout le mois, en plusieurs points de la vallée, les techniciens et sondeurs sont bloqués et repoussés. Les autorités de la région Piémont décide un moratoire des travaux pendant 3 mois.
- 30 octobre, dernier jour du moratoire : la vallée est bloquée par plusieurs dizaines de milliers de personnes. Les voies d’accès aux zones de sondage sont barrées, ainsi que les routes, l’autoroute et les lignes de chemin de fer. Les engins de chantiers protégés par plus de mille flics n’arrivent pas à forcer les barrages. Des salariés se mettent en grève. À la tombée du jour, les maires négocient avec les représentants du gouvernement le retrait des forces de police en échange du déblocage des voies de communication. Alors que les villages célèbrent cette victoire, à 3 heures du matin les forces de l’ordre investissent les terrains auxquels ils n’avaient pu accéder durant la journée. Plusieurs milliers de policiers s’installent dans la vallée. C’est une véritable occupation militaire, empêchant la libre circulation entre les villages, que doivent subir, la gorge serrée, les habitants.
- 16 novembre : 80 000 personnes, habitants de la vallée soutenus par des renforts venus du Piémont et de sa capitale, manifestent pour réclamer la suppression du projet et le retrait de la police. Les commerçants ont baissé le rideau. Tous les salariés de la région sont en grève, malgré la décision des centrales syndicales de ne pas soutenir le mouvement.
- 28 novembre : les flics repassent à l’attaque dans la nuit en investissant les terrains de Venaus, site d’entrée du prétendu futur tunnel. Une partie du site est reprise par les manifestants qui s’installent et occupent jour et nuit, malgré le froid.
- 6 décembre : à l’aube, policiers et carabiniers attaquent les occupants. Quelques dizaines de personnes sont blessées dont deux gravement. Les tocsins sonnent l’alerte, les habitants de la vallée et des Turinois se regroupent, la grève sauvage se généralise. Usines, bureaux, écoles, mairies, cheminots cessent le travail. L’autoroute est bloquée, ainsi que la voie de chemin de fer. La consigne est d’encercler les flics et de les empêcher de rejoindre Turin. Dans la capitale du Piémont, les trains sont paralysés en gare, la présidente pro-TAV de la Région Piémont est prise à partie dans la rue, quelques vitrines de banques reçoivent leur volée de pierres.
- 8 décembre : 30 000 personnes se dirigent vers Venaus, puis se scindent : une partie se détache pour affronter les forces de police. Tirs de lacrymogènes contre pierres, corps à corps. Les flics abandonnent le terrain. Le chantier est réoccupé, les engins et infrastructures endommagés.
- 12 décembre : le gouvernement décide d’une « trêve » de 6 mois. À l’approche des Jeux olympiques d’hiver de Turin, l’État italien fait le canard.
- 17 décembre : à l’appel des comités des Haute et Basse Vallées, 50 000 personnes défilent dans les rues de Turin pour manifester leur défiance à l’égard de la décision gouvernementale. Les élus de la communauté de commune préfèrent organiser une « kermesse populaire » par crainte d’éventuels incidents.
(À suivre…)

Article publié dans le n° 31 de CQFD, février 2006.

Lire également ANTHOLOGIE DE LA VÉLOCITÉ paru dans le même numéro.

[1] Coïncidence : son ministre des Transports, Pietro Lunardi, est un industriel expert de ce genre de travaux. La majorité des parts de la Rocksoil-SPA, spécialisée dans les grands travaux et les tunnels, qu’il a fondée en 1979, appartient aujourd’hui aux membres de sa famille.

[2] Sole et Baleno seront acquittés post-mortem…

[3] En 2003,les habitants de Scanzano (voir CQFD n°16) en avaient déjà fait l’expérience. En décembre les métallos romains, à leur tour, ont bloqué les accès de Rome. Et à chaque fois, cette méthode obtient le retrait des projets et l’aboutissement des revendications.

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No TAV – Première lettre de Dolcino et Margherita aux valsusains en lutte

Chers rebelles de la vallée,
C’est avec un élan du cœur que nous avons décidé de vous écrire. Depuis des siècles nous rôdons, fatigués et tortueux au-dessus des faits du monde, assistant à un spectacle avilissant et angoissant : des montagnes éventrées par l’arrogance de l’argent, des vallées noyées sous le ciment, des fleuves couleur de boue ; et surtout des gens résignés, la tête basse. Si la douleur est plus forte en voyant des zones qui nous sont chères dévastées, des terres de communautés, de refuge et résistance, comme le Val de Ledro, le Val Sabbia ou le Mont Rubello (que la toponymie asservie appelle aujourd’hui mont Saint Bernard), nous sommes toujours restés étrangers au monde des intérêts mesquins, tandis que nous nous sentons chez nous partout où la nature prospère luxuriante et sauvage et l’homme vit en harmonie avec la terre-mère, étant ainsi frère de son semblable.

Il nous est arrivé de rompre notre silence en écrivant de temps en temps à des hommes et des femmes au cœur pur et au bras ferme pour les encourager dans la bataille pour leur liberté, mais les malices de l’Histoire (des puissants) ont toujours fait perdre nos lettres. A la fin du siècle ouvert avec la mort sur le bûcher de notre frère Segalello, nous avons écrit aux lollardi anglais et aux Pâques de 1420 aux adamites, qui prêchaient en Bohème les doctrines des Frères de l’Esprit Libre et de la Libre Intelligence. Nous avons écrit à Thomas Müntzer et à Michael Gaismair pendant les révoltes durant lesquelles, dans la première moitié d 16ème siècle, le « pauvre homme commun » fit revivre l’esprit millénariste de la fraternité contre les abus de la toge, de la tunique et de l’uniforme. Révoltes dans lesquelles la liberté se mêlait avec la défense des savoirs et des usages collectifs. A notre époque, vous savez, des paroles semblables existaient pour indiquer la base des communautés humaines et pour suggérer une certaine manière d’être ensemble. En Valsesia, elles s’appelaient « vicinie », sur l’Appenin « comunaglie », sur l’Altopiano d’Asiago « fradelanze », mais elles renvoyaient toutes à une expérience partagée du monde : la pauvreté. Vous pensez qu’il y a une période –nous avions depuis longtemps abandonné ce monde qu’il faut abandonner- durant laquelle le mot république (la « chose de tous ») avait un son doux et prometteur, pas encore falsifié par un pouvoir centralisé et tyrannique. Avec quelle joie alors nous avons entendu parler et rire de la « Libre République de Venaus » ! Avec quelle joie nous avons entendu des garçons du Val Susa hurler aux gendarmes «  A Venaus nous avons aboli l’argent » ! Vous savez que notre devise, pour ceux qui encore aujourd’hui s’en souviennent, était « tout appartient à tous ».
Nous avons écrit, disions-nous, tant qu’il y a eu des conjurations d’hommes libres contre le pouvoir et l’argent, tant qu’il y a eu quelqu’un à qui écrire. Nous avons écrit au « capitaine » Jonathan Swing et au « général » Ned Ludd, confiant nos messages au brouillard des campagnes et des bourgs anglais bouleversés par les premières agressions industrielles ; nous avons écrit aux ouvriers russes en 1905, aux paysans espagnols en 1936 et aussi pendant la Résistance, durant laquelle de nombreuses personnes auraient vraiment voulu faire la guerre aux Palais.
Nous avions en plus, dans ce dernier cas, une raison personnelle, si l’on pardonne la faiblesse humaine. Ce sont les fascistes qui, en 1927, ont bombardé l’obélisque que les socialistes avaient érigé à Rubello en 1907 en mémoire de Dolcino (Margherita a été découverte par l’histoire des hommes seulement ensuite). C’était plus qu’un tribut historique : c’est précisément à Rubello que s’étaient réfugiés les subversifs, fuyant les persécutions suite aux faits de Milan en 1899.
Bref, des dizaines d’années sont passées. Depuis, « cette fourmilière d’hommes seuls » que vous appelez encore société nous a oté toute envie de parler. La passion que forcent les chaînes de l’écriture nous est revenue en voyant les chemins des partisans parcourus de nouveau par des femmes, des hommes et des enfants hostiles à un train chargé de mésaventure et défendu par des mercenaires en uniforme. Le 31 octobre à Seghino et le 8 décembre à Venaus nous étions avec vous, gens de la vallée fiers et têtus. Encore une fois, sur les montagnes.

Un certain ministre vous a traité de « désoeuvrés », un autre de « montagnini ». Le temps passe, les mensonges restent. Nous furent accusés d’avoir fondé une secte parmi les montagnards « rudes, crédules, ignorants ». Croire à ce qui se voit, s’entend, se vie au lieu des sirènes des chanteurs de l’Avenir- n’est-ce pas peut-être ce qui est, aujourd’hui comme hier, le pire crime de lèse majesté ? Nous avons été brûlés vifs parce que nous voulions la joie sur cette terre, et non dans un lointain au-delà. Pour ceci la « grande prostitué vêtue de pourpre », alliée du pouvoir temporel, nous a déclarés hérétique. Pourtant, nous comme vous savons que perdre tout rapport sensible avec ses semblables, avec son histoire et sa terre, est depuis toujours le meilleur moyen pour finir par s’abreuver à la source de toutes les balivernes. Méfiez-vous toujours des valeurs qui n’ont pas les pieds bien plantés en terre. Les montagnards que nous ont hébergés et nous ont défendus contre les persécutions déclenchées par Clément V et par les seigneurs locaux ne savaient que faire des systèmes de mesure étrangers à leur savoir. Dix sous, cent hectares, deux heures étaient des critères abstraits d’un monde abstrait et cruel. Pour eux, un pâturage se mesurait sur la base du nombre de bêtes qui pouvaient s’en nourrir, les distances sur la base des jours nécessaires pour les parcourir, les récoltes sur la base des cycles lunaires. La simplicité de leur vie, la pauvreté comme expérience non médiate du monde, nous fit accueillir comme des frères parce que notre christianisme se basait sur leurs exigences les plus profondes. Cette rencontre ne les changeât pas seulement eux mais aussi et surtout nous. Depuis 1300 nous nous sommes toujours déplacés pour fuir les intentions fâcheuses de nos inquisiteurs, en vivant pacifiquement de l’activité manuelle et des prédications. Ce sont toujours les gens humbles qui nous ont hébergés. A Cimego, dans les vallées du Chiese, c’est un forgeron, Alberto, frère apostolique lui- aussi depuis de nombreuses années, qui nous ouvrit la porte de sa maison et de sa forge. A Gattinara, en Valsesia, c’est un paysan, Milano Sola (que nos frères du Trentino remboursèrent en enseignant aux gens de là-bas comment cultiver les vignes). Dans leur communauté, nous nous sommes toujours trouvés entre pairs, pauvres entre les pauvres et puis rebelles parmi les rebelles. Les petits seigneurs locaux, qui nous firent du charme à tout va pour nous enrôler dans leurs chicanes sanguinaires, furent toujours prompts à nous vendre. Dans la montagne, au contraire, les « rudes, crédules et ignorants » ont vendu cher leur propre peau pour nous défendre nous, forestiers porteurs de soucis. Nos inspirations et leur vie collective se sont rencontrés : ce fut la foudre. Avec nous, ils étaient nombreux à s’être unis dans le voyage des vallées del Chiese à Valsesia, en passant sur les montagnes de Brescia, Bergame, Côme et Milan. Fiorino, Giacomino, Oprandino, Longino, Federico, Catarina… tant de frères et sœurs poussés par l’esprit d’une vie plus simple et plus libre, d’une communauté ouverte à tous, hommes et femmes, mariés et célibataires, vieillards et enfants. Une communauté dans laquelle la femme était libre, gardienne du rapport à la nature, la première à sauter au-dessus de précipices. Avec cette joie, alors, nous avons vu les femmes en première ligne dans votre lutte, cœur palpitant des bastions et indicatrices de tempête !

La vie en montagne nous change, disions-nous. Nous n’avions jamais pensé, avant d’arriver dans le Vercellese, à prendre les armes contre les persécutions de l’Eglise et des gros propriétaires terriens. Ce sont les montagnards, connaisseurs des roches et habiles à l’arc, qui nous ont appris à résister. Nous avions seulement mis en lumière quelques raisons d’une révolte qu’ils couvaient et pratiquaient depuis des siècles. Et comment l’Histoire (des puissants) les a payés, ces montagnards généreux et cabochards ? Par le massacre d’abord et par le mensonge ensuite. A la furie de ses mercenaires suivit la férocité très convenable de ses écrivains, de ses chroniqueurs, de ses commentateurs. Pour rompre ce lien amoureux, cette carnalità céleste qui unissait notre doctrine et les gens de la montagne, ils sont arrivés à inventer des Lois populaires valsusines contre nous. En augmentant de manière démesurée notre nombre ( plus de quatre mille où nous étions tout au plus quelques centaines), ils nous ont retiré sur le papier l’appui populaire. Mais aurions nous jamais pu résister plus de trois ans dans une zone si dure et inhospitalière , parmi « des épaisseurs de neige très hautes, des voies inexplorées et des lieux inaccessibles », sans la complicité des habitants ? Le pouvoir aurait-il vraiment envoyé un corps spécial d’arbalétriers depuis Gènes pour vaincre qui, comme nous, avec un arc n’était pas tellement un prodige ? Tout ceci ne vous rappelle pas quelque chose, chers Valsusains ? Ils n’ont certainement pas cherché, les actuels Clément V, à faire croire que derrière votre lutte il y avait seulement une poignée d’anarchistes, de subversifs, de « terroristes » ? Mais si cela avait été ainsi, ils auraient vraiment envoyé leur troupes, encore une fois, depuis Gènes ?

La fermeté avec laquelle vous avez repoussé ces odieuses et pathétiques machinations destinées à vous diviser, la chaotique harmonie avec laquelle vos exigences de lutte se sont croisées avec les idées et les rêves de tant de personnes venues de tous les côtés d’Italie- voici pour nous une joyeuse vengeance de l’histoire des opprimés contre les mensonges des oppresseurs. Comme ils bavaient de la soif de vous pousser à créer des Ligues valsusines contre les forestiers agitateurs ! Agitatrice, au contraire est devenue l’entière vallée. Ce sera encore « düra », comme vous ne cessez de le répétez (et quand un mot d’esprit, lancé une nuit froide avare de bois sec, se diffuse aussi vite, à l’abri des gazettes et des télévisions, cela signifie que le message est vraiment universel), parce que votre aventure collective est une promesse de liberté…
Jusqu’à présent ils vous ont touché par la droite. Attendez maintenant les coups de bâton de la gauche.
Nos inquisiteurs les plus acharnés, comme vous le savez, furent toujours les Mineurs, c’est-à-dire les franciscains devenus ordre institutionnel. Ils se réclamaient de François mais ils justifiaient une Eglise riche et puissante. Ils s’appelaient frères, mais ils détestaient la fraternité. Ce sont eux qui firent brûler le bon Segalello en juillet 1300, lui qui n’emportait avec lui pas même le pain qu’il ne consumait pas sur place, parce que déjà ça il considérait que c’était de l’accumulation ; lui qui avait donné tous ses biens aux voleurs et joueurs, par mépris public de la richesse ; lui qui voyait dans les marchandises un obstacle à une expérience non médiate du monde. Ce furent les franciscains à brûler la femme de frère Alberto le forgeron avec deux autres frères ; à juger et punir des dizaines de « dolcino » jusqu’à la fin du 13ème siècle ; à faire coudre sur leurs habits une marque d’infamie (cela ne vous rappelle rien ?). Encore aujourd’hui, les ennemis les plus acharnés de l’émancipation sont ceux qui s’en remplissent la bouche. Ils viennent du mouvement ouvrier, et pour cela ils sont si habiles à asservir les travailleurs. Ils s’appellent entre eux « compagnons », comme nos inquisiteurs s’appelaient « frères ». Mais combien de ces « compagnons », dans le court laps d’action d’un siècle, ont vendu et réprimé qui voulait se libérer ensemble aux opprimés ? Au point que le mot même de « compagnon » -qui un temps indiquait l’autre avec qui rompre le pain ou avec qui faire un bout de chemin – est aujourd’hui source de méfiance et d’amertume, lié comme il est à une série de tristes désillusions…
Parmi ces « compagnons », les plus proches du pouvoir (comme à l’époque nos dominicains), marchands dans un monde de marchands, ont déjà dit de quelle partie ils sont : contre vous. Soyez-en certain : les « compagnons » Mineurs auront le rôle plus subtil de vous pousser à traiter et à abandonner démocratiquement. Ils exerceront une répression louangeuse.
Pendant que planaient sur votre vallée les vautours de la politique, avec leurs spécialistes en « démocratie participative », les vendeurs de palliatifs face à un système qui porte au collapsus écologique et social, habiles extenseurs de programmes destinés à vous faire participer à votre bridage, il est nécessaire –permettez-nous un conseil fraternel- que vous compreniez à fond ce que vous avez déjà fait.
Vous avez chassé des poignées de techniciens et des troupes d’agents, vous avez créé un village entre une barricade et l’autre, vous avez porté plus de nourriture que ce que vous ne pouvez manger et plus de grappa qu’il n’est nécessaire pour vous réchauffer le cœur. Vous avez abasourdi non seulement les administrateurs, mais aussi les comités de lutte. Vous avez ravivé ce mouvement historique qui a toujours poussé la conscience pratique au-delà des discours et de la théorie. Vous avez dit « NON » à l’ennemi, déversant vos « OUI » dans les rapports sociaux, dans les désirs, dans l’art de la menuiserie et du barrage routier. Comme dans toutes les expériences collectives qui mettent en morceau l’ordre de la passivité, vos formes d’organisation sont en constantes progression. D’ailleurs, quels modèles vous proposez ? La démocratie directe, les Conseils ouvriers, la Commune ? Ce sera la lutte qui vous le suggérera, comme elle a suggéré aux travailleurs du Vingtième Siècle la conscience que la délégation irresponsable (aux dirigeants, aux experts, aux porte-voix) devait être substituée par le mandat impératif et révocable à chaque instant de la part des assemblées ; en bref, que les délégués ne devaient être ni permanents, ni rétribués. Ce n’est pas par hasard que la pratique de l’auto-organisation est née avant la théorie sur elle. La raison est simple. La participation de tous aux décisions communes est étroitement reliée à la capacité de dire « NON ». Sans lutte, en fait, il n’existe pas de participation d’aucune sorte, mais seulement la possibilité d’accepter des décisions prises ailleurs. De plus, comme vous l’avez essayé directement, décider en personne n’est pas seulement plus efficace mais aussi plus passionnant. Vous y prenez goût, cela se voit : des assemblées pleines de monde, des débats enflammés et francs, des retraités en déplacement pour les manifestations, une socialité retrouvée, après des années et des années passées dans l’isolement, chacun à perdre sa vie pour la gagner. Vous n’avez pas besoin, croyez-vous, de formuler qui sait quelles « propositions politiques » : l’élévation du plaisir de vivre est depuis toujours le critère plus fiable, la seule proposition qui reste inacceptable dans ce monde à l’envers.
De Parete Calva au Mont Rubello, des petits villages aux sommets enneigés, nous avons résisté aussi longtemps parce que ce qui nous liait étaient un rêve et un grand sentiment : la complicité qui se révèle aux humains quand ils se mettent en jeu, eux et leurs futurs. En ces moments, la communauté avec ses semblables rompt les cages du Temps ( cette « invention des hommes qui ne savent pas aimer », comme nous avons lu récemment dans un de vos gracieux livres insignifiants) fait dialoguer les hommes d’aujourd’hui avec les morts, les vivants et les enfants à naître, pousse les passions à travers les époques, avec des bonds de tigre. Un petit exemple. Faire sonner une alarme collective pour signaler un danger est une pratique montagnarde qui se perd dans la nuit des temps. Ainsi, après les charges brutales et ignobles des gendarmes, le 6 décembre à Venaus – le soleil ne s’était pas encore levé- qu’ont sonné les cloches et une sirène : la mémoire souterraine renouait à l’improviste les fils séculaires…
La complicité, chers habitants de la vallée, est un sentiment sublime. Si nous tournions en arrière, nous referions ce que nous avons fait, par-dessus un camion ou un torrent, de nouveau prêts à nous enflammer. L’affection de tant de frères et de tant sœurs est encore à nos côtés, sept cents ans après. Mais la complicité authentique est rare. Méfiez-vous de qui ne dissout pas dans les batailles communes ses appartenances de boutique ou de paroisse, prompt à revendiquer les mérites et habiles à vendre ses saints. Méfiez-vous de qui, accourut parmi vous, prétend détester le détestable Train mais ne dit, ou ne fait, rien contre un monde de machines et de baiocchi : lisser le poil et être solidaire sont des choses vraiment différentes, comme la suite ne manquera de le montrer.
Un goriziano d’autres temps, qui dans l’âme comme dans les vallées cherchait toujours les sentiers escarpés, a écrit : « Mieux vaut ne pas voir où l’on va qu’aller seulement jusqu’où l’on voit ». N’ayez pas peur. Si les initiatives de l’ennemi marquent vos occasions, ce sera la liberté à vous suggérer le chemin.
Fiez-vous seulement d’elle et tout ira pour le mieux.

De nulle part, février 2006

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Avec la lutte contre le TGV Lyon-Turin, c’est toute la lutte qui prend une « autre tournure »

Coût du TGV Lyon-Turin : 13 milliards d’euros minimum, avec des emprunts jusqu’en 2071, alors que les banlieues fument encore et que les Assedic vont rayer plusieurs milliers de chômeurs pour faire des … économies !

À mon sens, la mani­fes­ta­tion du 7 Janvier à Chambéry qui a réuni quel­ques 5 000 mani­fes­tants est un tour­nant dans ce que l’on peut appe­ler « la lutte contre le TGV Lyon-Turin ». Cette lutte ne com­mence pas, elle se pour­suit, mais il est évident quelle prend une autre tour­nure. À ma connais­sance, rares ont été les mobi­li­sa­tions qui ont vu défer­ler plu­sieurs mil­liers de mili­tants d’un autre pays.

Alors que Cohn-Bendit pro­pose de cons­truire un TGV de Brest à Moscou pour relan­cer la cons­truc­tion euro­péenne (La croix du 10 jan­vier 2006), je pense que cette jour­née du 7 jan­vier est autre­ment plus impor­tante dans la cons­truc­tion euro­péenne. C’est en lut­tant ensem­ble pour une autre Europe qu’une iden­tité com­mune s’élabore, et non en créant des pro­jets tech­no­cra­ti­ques dictés par Bruxelles et impo­sés aux peu­ples pour répon­dre à des régles économiques qui ont déjà fait les preu­ves de leurs consé­quen­ces graves sur les popu­la­tions et leurs envi­ron­ne­ments. Mais ne nous trom­pons pas, la cons­truc­tion d’un Autre monde qui pré­serve celui qui nous a été légué, sera dure et dif­fi­cile.

Aujourd’hui, la majo­rité des habi­tants de la Savoie et du futur « grand sillon alpin » sont favo­ra­bles à un déve­lo­pe­ment économique de la région. Pouvons-nous rep­pro­cher à Mr Besson d’aller dans le sens de ses électeurs, alors que Chambéry accueille la plus grosse cen­trale pho­to­vol­taï­que de France, uti­li­sant l’énergie solaire pour pro­duire de l’électricité ? Malgré toute la sym­pa­thie de nom­breu­ses per­son­nes, la décrois­sance est une notion loin d’être par­ta­gée par la majo­rité des habi­tants de la région. Pourtant la décrois­sance de notre économie est indis­pen­sa­ble si nous vou­lons cons­truire un monde égalitaire. Sans chan­ge­ment de nos modes de vies, nous allons dans le mur. Et ce mur se cons­truit autour d’Israël, à la fron­tière entre les États-Unis et le Mexique, et autour de l’Europe. Il sera bien­tôt aussi techno-bio­mé­tri­que et cultu­rel et risque un jour d’être infran­chis­sa­ble.

Aussi bizarre que cela puisse paraî­tre, le TGV , qui est censé rap­pro­cher les villes et leurs habi­tants, nous éloigne au contraire les uns des autres. Pour les spé­cia­lis­tes tech­no­cra­ti­ques, cons­truire le TGV s’appelle « mailler le ter­ri­toire » ; pour­tant, plus nous cons­trui­sons ce maillage, plus nous en sommes pri­son­niers et plus nous rédui­sons l’espace qui a ten­dance à dis­pa­raî­tre.

Les alter­mon­dia­lis­tes ont appelé à la créa­tion « d’espace » – ainsi les forums sociaux dans leurs défi­ni­tions, ce n’est pas un mou­ve­ment mais « un espace ». L’espace s’oppose désor­mais au ter­ri­toire. Le ter­ri­toire réduit le temps en cher­chant à réduire l’espace. C’est notam­ment pour cela que nous avons une per­cep­tion de fuite en avant du temps. N’avons-nous pas l’habi­tude de dire « le temps s’accé­lère » ou « je ne vois pas passer le temps » ? Mais deman­dez au berger des mon­ta­gnes si sa per­cep­tion du temps a changé. Il vous répon­dra que non ! Car il a le temps devant lui, et l’espace à perte de vue. Il ne connait même pas « le ter­ri­toire ». Alors pour­quoi conti­nuer à détruire les ber­ge­ries et cons­truire à la place des « mailla­ges » pour des « flux humains » et « des flux de mar­chan­di­ses ». Ca y est ? Dans la tête de ces gens là, les mar­chan­di­ses ont-elles plus de valeurs que l’humain ? Apparement oui…

Mais la touche d’espoir existe : la popu­la­tion du Val de Susa a créé un espace, elle s’est levée contre ce projet comme beau­coup de peu­ples dans le monde entier. Nous le savons désor­mais, la logi­que « du ter­ri­toire » qui est celle « du capi­tal » est mon­dia­li­sée. Les peu­ples qui habi­tent les mon­ta­gnes ont tou­jours été par­ti­cu­liè­re­ment résis­tants, d’abord au froid mais aussi aux atta­ques exté­rieu­res. Au Mexique, c’est dans les mon­ta­gnes que les zapa­tis­tes lut­tent contre la mon­dia­li­sa­tion néo­li­bé­rale et la perte de leurs cultu­res au profit d’une économie qui uni­for­mise tout.

Alors les Italiens qui sont venus à Chambéry ont bien eu raison de le faire, car le 7 Janvier, la lutte a pris « une autre tour­nure ».

Fakir, La Rage du Peuple contact : larage_dupeu­ple(aro­base)yahoo.fr

P.-S.

Pour ceux et celles qui le veulent, venez participez à l’Espace Zapatiste de Marseille du 18 au 22 Janvier, où il y a la possibilité de créer un atelier et/ou un débat sur la lutte du Lyon-Turin…

texte publié le 12 janvier 2006 sur Rebellyon.

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À Chambéry, 5 000 manifestants contre le Lyon-Turin et la logique du profit

Le samedi 7 janvier, à Chambéry où se tient le siège du projet pharaonique aberrant de la ligne TGV Lyon-Turin, la ville était envahie par une foule venue à majorité d’Italie.

Le samedi 7 jan­vier 2006 une mani­fes­ta­tion bilin­gue de 5 000 per­son­nes a par­couru dans tous les sens la ville de Chambéry et envahi le centre de celle-ci. La ban­de­role de tête, « Non au Lyon-Turin, logi­que de profit, logi­que de mort », était portée par le Collectif Rhônalpin contre le Lyon-Turin, et ouvrait un bal d’autres slo­gans et de dra­peaux « No TAV » (non au TGV en ita­lien) rouges et blancs. Rappelons que c’est à Chambéry que siège la société d’exploi­ta­tion « Lyon-Turin Ferroviaire » et que le maire de la capi­tale savoyarde, Louis Besson, est co-pré­si­dent de la com­mis­sion inter-gou­ver­ne­men­tale sur le Lyon-Turin.

Près de 80 cars de mani­fes­tant-e-s sont venus du Val Susa (Piémont), une vallée déjà cou­verte de via­ducs et mena­cée par les nui­san­ces de 15 ans de chan­tier : l’oppo­si­tion mas­sive à ce projet de ligne TGV y bouillonne depuis une dizaine d’années. Elle a empê­ché ces der­niers mois le début des tra­vaux à coups d’occu­pa­tions, de blo­ca­ges, de grèves sau­va­ges et de cor­tè­ges inter­mi­na­bles. Elle a obligé le gou­ver­ne­ment ita­lien à refaire une évaluation d’impact envi­ron­ne­men­tal pour pou­voir répon­dre aux oppo­si­tions des popu­la­tions loca­les qui crai­gnent entre autres la pré­sence d’amiante et d’ura­nium dans les roches de la mon­ta­gne où doit être creusé un tunnel de… 53 km de long.

Les pre­miers cars, partis tôt le matin, ont fait halte dans les dif­fé­ren­tes com­mu­nes de la Maurienne. Les habi­tant-e-s du Val Susa ont pu dif­fu­ser des tracts expri­mant les rai­sons de leur colère afin de casser le consen­sus mou pro-TGV qui règne de ce côté-ci des Alpes et de tisser des liens avec les popu­la­tions fran­çai­ses, encore mal infor­mées, qui pâti­ront des mêmes nui­san­ces.

La dis­tri­bu­tion d’infor­ma­tions (ainsi que de panet­tone ou encore de mous­seux) a abon­dam­ment conti­nué dans les rues de Chambéry, alors que les pas­sant-e-s décou­vraient l’ampleur et l’enthou­siasme de la révolte de leurs voisin-e-s, aux sons des chants alpins ou par­ti­sans, des fan­fa­res et des batoo­ka­das.

A 18h, un long débat a démarré dans la salle Pierre Cot. Le Collectif Rhônalpin Contre le Lyon-Turin com­men­çait par s’y pré­sen­ter : ouvert à tout-e indi­vidu-e mais dis­so­cié de toute orga­ni­sa­tion poli­ti­que, il est né en décem­bre 2005 à l’ini­tia­tive de celles et ceux qui, à Valence, Grenoble ou Chambéry, avaient com­mencé à faire de l’infor­ma­tion sur le sujet par des débats ou des ras­sem­ble­ments.

Il a pré­senté ensuite les motifs de son oppo­si­tion au projet, suivi d’inter­ve­nants ita­liens (parmi les­quels Luca Mercalli, pré­sen­ta­teur météo sur Rai Tre, avec son noeud papillon) qui ont trans­mis en fran­çais leurs argu­ments tech­ni­ques, pré­sen­ta­tions Powerpoint et mots d’humour. De nom­breu­ses prises de parole, fran­çai­ses ou ita­lien­nes, ont évoqué entre autres les prin­ci­pes de décrois­sance, les coûts écologiques gigan­tes­ques du chan­tier, les sures­ti­ma­tions de l’aug­men­ta­tion du trafic France-Italie, les liens entre le projet de TGV et celui de Sillon Alpin, la répres­sion en Italie contre le mou­ve­ment No Tav, la tra­di­tion du mou­ve­ment ouvrier dans le val Susa et l’expé­rience acquise par cette lutte en termes d’auto-orga­ni­sa­tion.

La dis­cus­sion s’est ter­mi­née à 22h avec des pers­pec­ti­ves de lutte ensem­ble des deux côtés de la fron­tière, et l’espoir côté fran­çais que cette jour­née puisse donner de la force aux dis­si­den­ces face au faux dis­cours écologique du Lyon-Turin.

Des Lyonnais et des Lyonnaises qui ont par­ti­cipé à cette mani­fes­ta­tion met­tent en place un groupe au sein du « Collectif Rhônalpin Non au Lyon-Turin » pour faire une infor­ma­tion bien néces­saire sur la région lyon­naise. Il est ouvert à toutes et à tous, dans le même esprit que le col­lec­tif et dans l’indé­pen­dance vis à vis des orga­ni­sa­tions poli­ti­ques.

quelques photos

texte publié le 11 janvier 2006 sur Rebellyon.

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Contre le ferroutage, ou comment les Verts s’enferrent dans le développement duraille

Val de Suse, Italie, 16 novembre 2005 : 80 000 personnes manifestent contre le TGV Lyon-Turin. Les habitants de cette vallée, rejoints tardivement par les Verts Italiens, se battent contre ce projet depuis des années. La première semaine de décembre verra des dizaines de milliers de personnes occuper le site des travaux, se faire expulser en pleine nuit par des milliers de flics, puis réoccuper le terrain deux jours plus tard.

Grenoble, 9 décembre 2005 : une poignée de manifestants rassemblés devant le local des Verts-Isère dénonce le soutien des élus écologistes français au TGV Lyon-Turin. Étonnés, les militants Verts : “Comment pouvez-vous être contre le train ? Cette ligne TGV permettra le ferroutage ! C’est un projet écologique, non ? »

Le Lyon-Turin est un cheval de bataille des Verts depuis 20 ans. Au départ ce projet devait être une ligne TGV reliant les deux grandes villes en deux heures et achevant la liaison Lisbonne-Kiev. Face à l’enfer du trafic de camions dans les Alpes, les Verts ont milité pour en faire aussi une ligne de ferroutage. Ils considèrent le Lyon-Turin, « chantier du siècle » (15 milliards d’euros ; percement d’un tunnel de 53 kilomètres ; 15 ans de travaux) comme une victoire. Une récompense pour leur participation au système. Une carotte justifiant leur existence politique. « Après une année de mandat (NDR : au Conseil régional de Rhône-Alpes), les Verts ne sont pas mécontents de l’audience qu’ils ont acquise au sein de l’exécutif de Jean-Jack Queyranne, notamment sur la question des transports en Rhône-Alpes, et plus particulièrement du fret. A la tête de la commission Transports, Gérard Leras, chef de file des Verts, travaille en étroite collaboration avec le socialiste Bernard Soulage (NDR : ex-directeur de cabinet de M. Destot à la Ville de Grenoble), premier vice-président en charge de ce dossier, ce qui n’écarte pas la nécessaire confrontation des points de vue. »1

Pour les non avertis, Gérard Leras a gagné son collier d’opposant raisonné dans la lutte contre l’autoroute A51 (Grenoble-Sisteron) dans les années 1990, qu’avec ses compères des Verts et de la FRAPNA il a contribué à anesthésier. Aujourd’hui toute l’étendue de leur contestation consiste à réclamer un « aménagement » des routes nationales 75 et 85 en deux fois deux voies, soit une autoroute par un autre nom. Réclamation qui s’accompagne précisément d’un développement du ferroutage, notamment du Lyon-Turin.

Sourds aux arguments des opposants et des Verts italiens, les écotechs français ignorent les risques environnementaux du projet (présence d’amiante et d’uranium dans les montagnes qui doivent être percées) et ne craignent par d’infliger aux habitants de l’étroit Val de Suse (300 à 800 m de large) une autoroute ferroviaire de 300 trains par jour. « Nous, les gens de la vallée, nous avons déjà donné. Chez nous passent deux routes nationales, une autoroute, une ligne électrique à haute tension et une ligne ferroviaire.« 2 Selon Gérard Leras, une bonne com’ aurait résolu le problème : « L’Etat italien a généré le refus des populations en présentant un dossier sans transparence, sans information sur le chantier et son impact environnemental, faisant uniquement apparaître le Lyon-Turin comme un train voyageurs à grande vitesse et pas comme un moyen de transférer le trafic marchandise de la route vers le rail. »3 Berlusconi, prends-en de la graine, chez les Verts isérois on sait comment manœuvrer les « populations ».

Le ferroutage est l’avenir de la marchandise

Eternels gestionnaires des nuisances, les Verts français ont la solution pour absorber les flux croissants de marchandises : le ferroutage, soit le transport des camions de marchandises ou des conteneurs par des trains. « Initialement le Lyon-Turin était un projet voyageurs, ce sont les Verts qui lui ont fait prendre le virage du transport des marchandises »4, se flatte Gérard Leras. Le président de la communauté de montagne de la basse vallée de Suse, Antonio Ferrentino, raconte une autre histoire : « Au départ, la TAV (NDR : le TGV) Lyon-Turin est née comme un projet pour les passagers. Puis les promoteurs se sont rendu compte que les perspectives n’étaient pas suffisamment importantes. Ils ont donc ajouté le projet de transport ferroviaire pour les marchandises et les camions. »5

Qu’importe. Pour Leras, « il est désormais indispensable de faire des études sur les flux de marchandises existants et à venir pour prouver à la population l’utilité de cette nouvelle liaison ferroviaire à grande vitesse. »6 Notons qu’il s’agit d’abord de lancer le « chantier du siècle », et ensuite de réaliser les études qui prouveront son bien-fondé. Décidément les socialistes rhônalpins peuvent se féliciter de l’audience qu’ils ont acquise auprès des Verts, qui ont adopté jusqu’à leurs process inversés. Sans doute prévoient-ils ensemble pour 2020 un débat citoyen sur l’opportunité du Lyon-Turin.

En train ou en camion, le trafic de marchandises alimente cette croissance que les Verts comme leurs alliés socialistes vénèrent à genoux. Leras : « Je crois qu’il faut réaffirmer aujourd’hui que l’unique priorité, dans une vision prospective et responsable d’aménagement du territoire, c’est de traiter le problème des marchandises par le rail. Et ce même si l’essentiel est d’œuvrer à long terme pour des économies de proximité et contre les déplacements inutiles. » 7

Le long terme attendra, aujourd’hui les Verts œuvrent pour que les citadins consomment des tomates en plein hiver, pour que Carrefour vende en France du riz « bio » cultivé dans le sud de l’Italie et conditionné en Belgique, pour que nos yaourts n’arrivent pas sur nos tables avant d’avoir tourné 3000 kilomètres autour de l’Europe.

« Il ne faut pas oublier que le trafic entre la France et l’Italie doublera dans les 20 prochaines années. (…) Réfléchissez seulement au fait que la région Rhône-Alpes est l’un des 4 grands moteurs économiques européens, avec la Bade-Wurtemberg, la Catalogne et la Lombardie (…) Vous comprenez, le Lyon-Turin a une grande importance stratégique en Europe : c’est le chaînon manquant de l’axe ouest-est qui permettra de relier Lisbonne à Kiev. Et Lyon sera justement un carrefour fondamental avec l’axe nord-sud, celui qui va de Londres à Naples. » Au moins Bernard Soulage parle-t-il franc : l’objectif du Lyon-Turin, c’est le maintien de Rhône-Alpes en tête des régions les plus riches d’Europe, la croissance de son activité donc les flux de toutes sortes.

Comme de règle pour toute nouvelle infrastructure, le ferroutage contribuera à la hausse du trafic des marchandises, facilité par la nouvelle ligne. Le Lyon-Turin ne réduira pas le trafic mais l’augmentera, il est conçu dans ce dessein.

Le ferroutage par le Lyon-Turin sert beaucoup d’intérêts particuliers. Celui des tenants du « développement durable », qui prétendent défendre l’environnement des vallées asphyxiées par les camions (Mont Blanc, Maurienne). Celui des industriels, transportant toujours plus de marchandises d’un bout à l’autre de l’Europe, qui multiplient délocalisations et sous-traitance de la production. Celui enfin des élus de Rhône-Alpes et du Piémont, qui clament la création de « milliers d’emplois » sur le chantier et promettent le « rayonnement international » de leur région.

Quant à nous, contre le ferroutage, contre le TGV et contre le « développement durable », nous réclamons la relocalisation de la production. Aucune vallée au monde ne mérite d’être sacrifiée au trafic de marchandises et au passage de TGV. Nous demandons l’abandon de ce projet de développement techno-industriel et la démission de ses promoteurs, écotechs verts compris.

Nous appelons Dauphinois et Savoyards à se joindre à la lutte des Piémontais, en manifestant à Chambéry le samedi 7 janvier 2006 à 14h, place du Palais de Justice.

Les escargots, 21 décembre 2005
publié sur Rebellyon.

 

1 Le Daubé 4/07/05
2 Le Monde 20/12/05
3 Le Daubé, 16/12/05
4 Le Daubé 20/12/05
5 Libération, 15/12/05
6 20 Minutes, 20 décembre 2005
7 Le Daubé, 4/07/05

 

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TGV Lyon-Turin : les Italiens se mobilisent contre l’intox

Le 31 décembre au soir, dans la salle municipale de Venaus, devant plus de milliers personnes, la mère de Carlo Giuliani est venue parler de son combat pour l’information de sa lutte contre les médias et de l’image qu’ils donnent des résistants.

Ce fut un moment d’émotion immense lorsqu’elle a parlé de la façon dont avait été caché le meur­tre de Edo et la mort de Soledad [1] ; ce fut inté­res­sant au pos­si­ble d’enten­dre cette femme expli­quer que les luttes devaient elles mêmes faire leur propre infor­ma­tion. La lutte du Val Susa à ce moment là était proche de ces jour­nées de juillet 2001 où le pou­voir et les jour­na­lis­tes avaient dési­gné les mani­fes­tants comme des bri­gands. Si un immense tra­vail n’avait pas été fait contre cette image, pour une infor­ma­tion véri­ta­ble, jamais la popu­la­tion n’aurait com­pris.

Pour la grande lutte du Val Susa contre le TGV, c’est la même chose. Elle ren­contre les busi­ness poli­ti­que, économique, média­ti­que et ceux ci ne pren­nent pas de demi mesure. Seule leur infor­ma­tion compte et tous les coups bas sont permis.

À une très petite échelle, mais c’est parce que le col­lec­tif com­mence son tra­vail pour la manif de Chambéry, l’asso­cia­tion « Nord Isère », proche des col­lec­tifs d’asso­cia­tions de madame Le Page, n’a rien trouvé de mieux que d’envoyer des infos men­son­gè­res et calom­nieu­ses au pré­si­dent de la Communauté Montana [2]sur la manif de Chambéry et sur les orga­ni­sa­teurs. La Stampa les a repri­ses dans son édition du ven­dredi 30 décem­bre.

Les habi­tants du Val Susa subis­sent eux depuis des mois ces cam­pa­gnes d’intox. Ils vien­dront nom­breux samedi à Chambéry pour ren­contrer la popu­la­tion et expli­quer leur point de vue.

La manifestation de Chambéry

démarrera à 14h, place du Palais de justice.

Voir aussi sur Indymedia Grenoble l’article : « Val Susa : La loi du plus fort – Le bâton et la carotte » qui amène encore plus d’éléments au débat.

Notes

[1Edo est retrouvé pendu dans sa cellule de la prison de Turin le 28 mars 1998 ; il avait été incarcéré parce que soupçonné de faire partie d’un groupe, « Les loups gris », ayant revendiqué des actes de sabotage entre 1996 et 1998 contre les travaux du TGV et des attentats contre des entreprises chargées de préparer le chantier.
Brièvement incarcérée pour le même motif, Soledad fut retrouvée morte en juillet 98 dans la communauté où elle était assignée à résidence.

[2Communauté Montana : communauté de montagne regroupant plusieurs villes et villages du Val Susa.

texte publié le 4 janvier 2006 sur Rebellyon.

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Appel du Collectif Rhône-Alpin Contre le Lyon-Turin à manifester à Chambéry le 7 janvier

Non au TGV Lyon-Turin – No TAV

Le Lyon-Turin est un projet pha­rao­ni­que désas­treux pour l’envi­ron­ne­ment et la vie dans des val­lées déjà sur­char­gées d’infra­struc­tu­res. Le chan­tier durera 20 ans avec son cor­tège de camions sup­plé­men­tai­res et l’extrac­tion de matiè­res pol­luan­tes (ura­nium et amiante conte­nus dans la roche) Une fois la ligne réa­li­sée, ce sont des cen­tai­nes de trains par jour qui défi­le­ront à grande vitesse sous le nez des popu­la­tions. Le coût de ce projet s’élève au bas mot à 13 mil­liards d’euros.

La créa­tion d’une véri­ta­ble auto­route fer­ro­viaire signi­fie avant tout la mul­ti­pli­ca­tion des voies de trans­port et l’aug­men­ta­tion du trafic de mar­chan­di­ses, avec les pol­lu­tions qui y sont liées. Les études réa­li­sées, dont les résul­tats sont varia­bles, mon­trent toutes que le trans­fert de trafic de mar­chan­di­ses de la route au rail sera négli­gea­ble dans un contexte d’expan­sion géné­ra­li­sée du trans­port par tous les moyens. Les val­lées de mon­ta­gne en par­ti­cu­lier subis­sent aujourd’hui le trans­port rou­tier. Vont-elles accep­ter une nou­velle voie de trans­port avec son cor­tège de nui­san­ces sup­plé­men­tai­res ? Les habi­tant-es du Val de Suse répon­dent NON, cons­cients qu’ils n’ont aucun inté­rêt à voir leur vallée deve­nir un véri­ta­ble cor­ri­dor pour les flux de mar­chan­di­ses.

Depuis des années, ils s’oppo­sent mas­si­ve­ment au projet de nou­velle ligne TGV Lyon-Turin qui inclut un tunnel de 52 km entre Saint-Jean-de-Maurienne et Suse. La mobi­li­sa­tion s’est ampli­fiée ces der­niers mois pour empê­cher le démar­rage du chan­tier de la pre­mière gale­rie de reconnais­sance côté ita­lien. Plus de 80 000 mani­fes­tant-es le 16 novem­bre ! Depuis le 30 novem­bre, le vil­lage de Venaus, où doit com­men­cer le chan­tier, a été investi par des mil­liers de per­son­nes pour empê­cher le début des tra­vaux. La police est alors inter­ve­nue avec sa bru­ta­lité habi­tuelle pour détruire le camp de résis­tance et tenter de les délo­ger. Face à ceux qui ne voient l’Europe qu’à tra­vers l’aug­men­ta­tion de leur marge de profit et face aux pou­voirs poli­ti­ques prêts à tout pour les satis­faire au détri­ment des popu­la­tions, chaque jour de lutte est un pas de plus vers l¹aban­don de la nou­velle ligne Lyon-Turin.

C’est en favo­ri­sant les lignes fer­ro­viai­res exis­tan­tes qui tra­ver­sent les Alpes, en les déve­lop­pant et les adap­tant, que le fer­rou­tage tant annoncé peut se déve­lop­per dès aujourd’hui pour sauver des val­lées asphyxiées par les camions. L’urgence d’un trans­fert de la route sur le rail, c¹est aujourd’hui et pas dans 15-20 ans ! Encore faut-il qu’il y ait une réelle volonté poli­ti­que, alors que le fret SNCF est en cons­tante dimi­nu­tion et que le lobby rou­tier est tout puis­sant !

Pour empê­cher les pro­duc­tions et les trans­ports inu­ti­les, réé­va­luons nos besoins réels. Favorisons également la pro­duc­tion locale et sa consom­ma­tion sur place, qui limi­tera les trans­ports. Réapproprions-nous les déci­sions qui nous concer­nent !

Affirmons notre opposition au Lyon-Turin !

En Rhône-Alpes, la mobi­li­sa­tion contre le Lyon-Turin a décidé de se faire enten­dre, avec le sou­tien de la popu­la­tion du Piémont.

MANIFESTATION

Samedi 7 Janvier à 14h à Chambéry

aaaaaaaaaaaaaaa

    • Rendez-vous à 14h, place du Palais de justice
    • Débat public à 18h, espace Pierre Cot, quai des Allobroges : « Pourquoi et comment lutter contre le Lyon-Turin ? » avec la participation d¹italiens du Val Susa.

Collectif Rhône-Alpin Contre le Lyon-Turin
Contact : nonau­lyon­tu­rin@no-log.org

texte publié le 31 décembre 2005 sur Rebellyon.

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TGV Lyon-Turin : on s’organise à Venaus … et à Valence

Après la manifestation du 17 décembre, la mobilisation n’est pas retombée et les initiatives collectives se succédent. Initiative après initiative, la lutte ne doit pas s’arréter.

- Les comi­tés « No TAV » cons­trui­sent à Venaus sur les lieux de l’affron­te­ment un cha­pi­teau pour passer la nuit du 31 décem­bre ensem­ble dans la fête. Ils invi­tent tous ceux qui le veu­lent à les rejoin­dre. Une autre opé­ra­tion fes­tive est prévue ce jour-là !

- À Valence, la soirée de sou­tien et dis­cus­sion au Laboratoire du 21 décem­bre a permis de déga­ger des « axes » de sou­tien et de luttes sur le Lyon-Turin, ici, à partir de nos pro­pres réa­li­tés.

Des réa­li­tés qui pas­sent ici par exem­ple par les luttes pour la « décrois­sance », luttes quo­ti­dien­nes ou plus glo­ba­les, et qui ne peu­vent rester muet­tes face à cet énorme projet de TGV Lyon-Turin qui va pour des années blin­der, béton­ner, détruire, nucléa­ri­ser notre envi­ron­ne­ment immé­diat ; jusqu’à des réa­li­tés émotionnelles, affec­ti­ves ou his­to­ri­ques qui ont permis par exem­ple aux comi­tés Battisti d’évoluer.

Pour la manif du 7 jan­vier à Chambéry, on orga­nise un départ groupé à la gare de Valence avec ban­de­ro­les. Pour ceux qui dési­rent partir avec nous, il faut pren­dre contact avec le Labo avant le 5 jan­vier. Plus on est de fous, plus c’est mar­rant…

Le Laboratoire est par ailleurs heu­reux d’annon­cer avec sa réou­ver­ture qu’il emmerde ceux qui ont voulu le détruire et qu’il fera en sorte qu’ils com­pren­nent.

texte publié le 23 décembre 2005 sur Rebellyon.

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