L’ennemi intérieur au Val di Susa (avec une réponse…)

1) « L’ennemi intérieur au Val di Susa »
Texte critique sur l’organisation au sein du mouvement No Tav publié sur Le Jura Libertaire.

Il ne s’agit pas ici de faire le procès d’un mouvement dans son ensemble mais simplement de témoigner sur ce que nous avons vu et vécu.

Cela fait maintenant plus de 20 ans que les habitants du Val di Susa se battent contre le projet de ligne TGV, ou TAV en italien, devant relier Turin à Lyon.

On ne reviendra pas sur l’inutilité d’une telle liaison au cout pharaonique, désastreux pour l’environnement (présence d’uranium et d’amiante dans les montagnes), qui défigurerait un peu plus des vallées déjà bien abimées par l’autoroute et par une autre ligne de chemin de fer.

Le propos est ici de savoir comment et par quels moyens lutter contre ce monstre moderne.

Certaines personnes de notre collectif sont restées plusieurs semaines au camp No Tav, d’autres n’ont fait que passer.

Nous étions venus une première fois durant l’été 2011 avant et après l’expulsion par la police du « presidio » [Difficilement traduisible en français, un presidio est un rassemblement ou une occupation active et illégale avec souvent casques, barres de fer et compagnie au cas où la police viendrait créer des problèmes] de la Maddalena le 27 juin. Nous avions trouvé des collectifs anti-autoritaires de toute l’Italie. Plusieurs cuisines vendaient de la bouffe à prix libre pour financer les luttes anti-carcérales ou anti-répression, d’autres étaient venus avec des infokiosques, les grands-mères de la vallée cuisinaient végétarien parce que « on commence à vous connaître, vous les militants », les assemblées étaient prévues à l’avance et étaient bien suivies par rapport au nombre de personnes sur le camp, des ateliers « fabrication de boucliers » se succédaient aux échanges de savoir. Et si pas mal de gens appelaient à la non-violence active, personne ne se permettait de faire la morale à ceux qui avaient choisi une autre stratégie de lutte. En cet été 2011, une vraie hargne, une réelle envie de se battre contre le TAV était perceptible sur le camp.

Selon certains témoignages, le mois de juillet 2012 fut pareillement combatif.

Mais la donne était toute différente en ce mois d’août 2012.

À part quelques individuEs isoléEs, il n’y avait pas de groupe se revendiquant comme anarchiste ou anti-autoritaire. Le camp était tenu par les membres de l’Askatasuna, un « centro sociale » de Turin occupé par des autonomes marxistes-léninistes.

Plus aucune trace des cantines autogérées, la viande et le poisson sont réapparus au menu de la cuisine à prix libre « minimum un euro ». Il n’y avait aucune rotation des tâches, si l’on était accueilli à bras ouvert pour nettoyer les chiottes, il fallait presque insister pour participer au bar.

Les assemblées étaient animées par l’Askatasuna et leurs amiEs, elles se faisaient chaque jour à des horaires différents, parfois à une heure autre que celle annoncée. Il n’y avait aucun appel au mégaphone, c’est par hasard ou en tournant continuellement dans le camp que l’on pouvait avoir l’occasion d’y assister. Hasard ou pas, ces assemblées avaient une importance capitale aux yeux des organisateurs du camp. Sans oublier qu’elles se déroulaient uniquement en italien et sans traduction. Si les groupes étrangers n’avaient pas la chance de compter parmi eux des individus parlant italien, ils étaient automatiquement exclus du débat. Ce qui, de fait, assurait aux tenants de l’assemblée le monopole des actions et donc de la lutte.

Ainsi la veille du 15 août 2012, l’assemblée avait décidé de faire plusieurs grands feux festifs autour du camp de flics qui protège les travaux. Cette action devait être pacifique. Nous avons donc quitté le camp No Tav sans aucun masque à gaz ni équipement particulier. La seule action consistait à taper sur les grilles en fer du mur d’enceinte du camp de flics. Quelques incontrôlables ont tout de même fait un joli trou dans le mur et lancé des caillasses sur les véhicules de police. Les flics n’ont pas eu à intervenir, des léninistes du camp ont fait la police eux/elles-mêmes, à coup de « arrêtez, nous n’avons pas de masque à gaz », « le 31 août oui mais pas aujourd’hui, ça n’était pas prévu », « le 31, nous attaquerons massivement les flics mais pas maintenant ». À croire que la rage et la révolte doivent s’organiser selon un agenda ordonné et prévu des semaines à l’avance.

De retour au camp No Tav, et après quelques nouvelles provocations, les flics ont sorti le canon à eau. Des pierres ont volé et rebelote, les léninistes expertEs en révolution sont venuEs calmer les ardeurs, de manière plus agressive cette fois-ci. Le rapport de force n’étant pas en faveur de ceux qui voulaient en découdre, les actions contre le camp de flics se sont arrêtées là. Par le passé les communistes autoritaires n’ont pas hésité à frapper et mettre à terre ceux qui ne respectaient pas leurs consignes.

Les insultes « schiavi, servi » (esclave, serf) jusque là réservées aux flics ont aussi fusé vers les communistes. Et pour le plus grand plaisir des flics et des stals (c’est en tout cas comme ça que nous les appelions), le reste de la nuit fut calme.

Rendez-vous était donc donné pour le 31 août pour attaquer le camp du Tav.

Environ 200 personnes équipées ont quitté le village No Tav vers 21H30, pour une interminable marche à travers les sentiers de montagne qui ne s’est terminée que vers 3H du matin.

De fait, vers 22H une dizaine de flics bloquaient les sentiers qui mènent à leur camp. Une « assemblée » spontanée s’est réunie pour décider de la marche à suivre. Celle-ci consistait à venir prendre les consignes auprès des chefs plus qu’à décider de manière collective ce qu’il fallait faire. On a donc fait marche arrière pour se faire balader encore 2H dans les montagnes dans d’inutiles détours et allers-retours pour finalement revenir au point de départ.

Une attaque du camp de flics s’est enfin mise en place et a permis de faire tomber une quinzaine de mètres de barrières, de caillasser et de mettre le feu à deux blindés canons à eau. Au bout de 20 minutes, alors que les flics reculaient, on ne sait trop qui a déclaré que l’action était finie et qu’il fallait repartir. Le chant de retrait (« on vient ensemble, on repart ensemble ») a été entonné, tout le monde a alors quitté la zone de front pour reprendre la randonnée nocturne.

Pourquoi être parti au bout de seulement 20 minutes ? D’habitude les affrontements pouvaient durer plusieurs heures. Tout porte à croire que les communistes ont eu peur de ce qu’ils/elles n’avaient pas prévu, de ce qu’ils/elles ne contrôlaient pas et ont de ce fait précipité le retrait du cortège.

Un goût amer nous restait en travers de la gorge en revenant au camp. D’autant que l’on apprendra plus tard qu’il y avait parmi nous, sans que personne ne le fasse savoir, un ou une journaliste professionnel(le) travaillant pour le compte de Il fatto quotidiano un journal de centre-gauche italien. Celui/celle-ci a pu filmer une partie de l’action et la publier sur le site du journal sans que cela ne soit discuté.

Finalement cette attaque s’apparentait aux méthodes des « tutte bianche » des années 90 ou des « disobeddienti » italiens pour qui la lutte consiste à se frotter aux forces de l’ordre, le temps de prendre quelques photos et quelques vidéos afin de montrer aux médias que l’on se bouge mais repartir aussitôt que les choses dégénèrent pour de vrai, comme ce fut le cas ici après l’incendie des deux canons à eau.

À l’assemblée du lendemain de l’action, qui devait se tenir à 18H mais qui eut lieu à 15H pour des raisons inconnues, les chefs des communistes autoritaires se sont félicités de la balade en forêt : « c’est très positif, nous avons exploré de nouveaux sentiers » (sic), par contre, tous se sont indignés de voir les blindés de la police en feu. Comme cela n’avait pas été décidé en assemblée, cela n’aurait pas dû avoir lieu. Il ne leur est pas venu à l’idée que personne ne peut pas parler en public d’actions qui peuvent mener à plusieurs années de prison. D’autres communistes sont allés jusqu’à condamner les actions de la même nuit à Turin où plusieurs banques impliquées dans la construction du TAV se sont fait défoncés. Selon eux, toute action signée No Tav réalisée en Italie ou ailleurs devrait être discutée et décidée en assemblée au camp No Tav et nulle part ailleurs.

À noter que le « gourou stal » (c’est ainsi que nous l’appelions) a ajouté que s’il avait été là pendant l’action, « ça ne se serait pas passé comme ça », sous-entendant qu’il aurait repris les choses en main. Au milieu des affrontements, grande gueule ou pas, il se serait vite fait remettre à sa place.

Évidemment tout ne fut pas négatif. Mais les rencontres intéressantes et les bons moments ne doivent pas faire oublier la réalité politique du camp.

Les leçons de cette histoire ? Rien que l’on n’ignorait jusque là. À savoir qu’il ne faut jamais croire les autoritaires, ne jamais leur faire confiance, s’ils n’ont plus le contrôle ils feront tout pour le retrouver, au détriment du mouvement, au détriment de toute initiative individuelle. Au Val di Susa comme ailleurs, plus que par la lutte, les communistes autoritaires sont d’abord intéressés par le contrôle de la lutte.

Quelques anarchistes francophones

publié sur Le Jura Libertaire le 26 octobre 2012.

2) « L’ennemi intérieur au Val Suse ?« 
Réponse au texte critique sur l’organisation au sein du mouvement No Tav publié sur Comité No TAV Paris.

J’ai lu un article intitulé L’Ennemi intérieur en Val Suse, publié le 26 octobre en France, sur “Le Jura Libertaire”. Je suis un No Tav convaincu et je suis aussi convaincu, comme tous les No Tav, que l’extension de la lutte en France soit de grande importance pour son succès. Dans ce papier en revanche, sont énumérées une multitude de critiques au camping de Chiomonte, et surtout une série assez longue de mensonges.  J’ai passé tout l’été (de même que tout l’été précédent) à Chiomonte et j’ai participé aux initiatives de lutte et de résistance contre la militarisation. Quand je ne suis pas en vallée, j’habite au centre social Askatasuna de Turin, mentionné à plusieurs reprises dans le document et décrit comme organisateur ou  »gérant » du camping.

Sauf que L’Eté No Tav n’a pas été organisé ni géré par mon centre social (avec lequel les signataires du texte identifient probablement, de manière imprécise, tout/e/s les camarades autonomes de Turin et de Val Suse) mais, pour la première fois, par la coordination des comités de la vallée qui se sont réunis pendant tout l’été dans les différents villages.

Dans le document il est affirmé qu’à cause des « autonomes de l’Askatasuna », la cuisine et le bar n’étaient pas autogérés, qu’on y mangeait de la viande et qu’un prix minimum à 1 euro avait été fixé. Toutefois, il n’en a pas été ainsi : la cuisine a été autogérée par les comités (animés par la population de la vallée) et ce par décision du comité de coordination, tandis que le bar a été géré dans un premier temps par le Komitato Giovani No Tav (Komité Jeunes No Tav) de la vallée et par la suite par tous les participants au camping, sur la base d’un planning autogéré et de référents choisis pendant les assemblées.

Toutes ces choix, y compris celui de ne pas bannir la viande des repas et de demander la contribution d’un euro, ont été faits par le mouvement et non par une de ses composantes.

Je ne comprends pas pourquoi diffuser des informations mensongères sur des sujets apparemment peu approfondis.

Sur certains points vous avez raison : le mouvement par exemple, devra faire davantage d’efforts pour trouver des interprètes et permettre une meilleure traduction pendant les assemblées. Il est en effet évident que vous avez peu et mal compris ce qui s’est passé. Revenons par exemple sur les faits du 15 août dernier : pendant la nuit des feux, bien que l’assemblée du camping ait choisi une modalité de lutte tranquille pour la soirée, certains camarades ont commencé à endommager le mur du chantier en Val Clarea. Il n’y a alors eu aucune dramatisation de cette initiative, mais une confrontation très tranquille à l’issue de laquelle a été convenu que ce n’était pas la peine de lancer un affrontement avec la police ce soir-là afin de respecter la décision de l’assemblée. C’est pour cela qu’il a été expliqué à ceux qui voulaient réagir aux canons à eau, que dans cette situation-là, il était préférable d’avoir tous le même comportement.

Le mouvement No Tav s’est toujours approprié les modalités d’actions collectives, ce n’est pas une grande nouvelle; mais il ne faut pas juste en avoir conscience lorsque ces modalités sont satisfaisantes, amusantes ou encore individuellement partagées. Chacun est libre de ne pas reconnaître le contexte collectif comme lieu décisionnel, sur la base de ses propres idées, mais il ne peut imposer cette attitude et ses idées à un mouvement populaire qui, pendant des années, a choisi l’assemblée comme forme la plus judicieuse pour permettre à toutes les instances de se confronter et produire une initiative collective. Les idéologies n’ont rien à voir, c’est une question de respect et de méthode. Le mouvement a fait ce choix de façon autodéterminée et ne peut se soumettre à aucune autorité extérieure, et à la vôtre non plus; il ne suffit pas de se définir  »anti-autoritaire » pour être considéré respectueux de l’autonomie et de la liberté des parcours de lutte … il est nécessaire de le démontrer dans les faits.

Je trouve pathétique que vous insultiez les No Tav qui vous ont invité à respecter les décisions de l’assemblée, en les appelants « policiers ». Bien loin d’illustrer votre « anti-autoritarisme », vous ne donnez la preuve que de votre incapacité à respecter les autres, je ne dis pas dans la discussion, mais ne serait-ce que dans l’offense. Au lieu de désigner certains No Tav comme « policiers», il aurait été plus pertinent de votre part d’éviter de fournir aux vrais policiers (italiens et français) des informations détaillées sur des présumées décisions que les camarades (rendus identifiables grâce à vos indications sur le nom de notre endroit occupé) auraient pris en matière de pratiques illégales à propos de la journée du 31 août et de son « organisation » présumée.  Cela, surtout dans un contexte comme celui de la Val Suse, caractérisé par le recours à outrance à la répression carcérale et à la militarisation du territoire. La résistance n’est pas un jeu et il faut se rendre compte de ce que l’on écrit, où et comment on le fait.

Le paradoxe réside dans le fait que ce que vous publiez sur internet à ce sujet est complètement faux. Vous nous « accusez » d’avoir déplacé l’initiative du 15 au 31 août … mais vous ne savez pas de quoi vous parlez. Je me contenterais de préciser (le reste est inadapté à ce moyen de communication) qu’une initiative en Clarea pour le 31 août a été proposée par le mouvement universitaire, puis reprise par la coordination, mais ce divers jours après le 15 août. Je n’arrive pas à comprendre la raison de ces inventions grossières. De même, les polémiques sur les horaires des assemblées me semblent stériles. Que faisiez-vous donc lorsque les assemblées étaient organisées et annoncées? Dormiez-vous (agités) en rêvant à Lénine entrant dans votre tente? Peut-être pensez-vous que le mouvement No Tav, ou les autonomes italiens qui vous préoccupent tant, ont eu peur de la puissance de rupture qu’auraient eu vos positions, si vous aviez participé aux assemblées? Je vous assure, en toute honnêteté, que vous êtes en train de vous surévaluer.

Vous faites de même quant à vos actions : je trouve embarrassant que vous vous soyez auto-décrits comme l’avant-garde militaire prête à pourvoir aux déficiences des militants No Tav italiens. Je ne rentre pas dans les détails pour d’évidentes raisons, mais ceux qui connaissent les faits sauront se forger leur propre avis. Les révolutionnaires dans tous les cas, ne nécessitent pas l’utilisation de ces tons, ni de se vanter d’actions vraies ou romancées, car il est du devoir de tout/e/s militant/e/s d’agir contre l’oppresseur. Ici nous sommes tous camarades et il n’y a pas de héros. La/e militant/e n’agit pas par narcissisme ou pour des problèmes d’estime de soi et a appris de la rue qu’il faut se méfier de ceux qui font un usage emphatique des mots.

En effet, j’ai bien peur que vous préfériez l’image des choses à leur réalité. Car la réalité, et surtout celle du conflit, n’est possible que grâce à l’organisation, comme le reconnaissent même les anarchistes qui luttent dans l’objectif d’ébranler concrètement le système. Etiez-vous vraiment là le 31 août? On dirait plutôt que vous avez vu un film, c’est peut-être pour cela que vous vous êtes souvenus des Tute Bianche. Cette nuit-là aucun canon à eau n’a été incendié, alors que vous déclarez en avoir vu brûler deux; j’espère que vous n’en êtes pas réduits au point de confondre un  canon à eau avec quelques tessons de bouteilles. C’est ce dernier point qui a été discuté en assemblée (sans faire de noms et sans mettre en danger qui que ce soit) : si les choses se font bien et de manière organisée, c’est utile ; sinon cela risque seulement de devenir ridicule ou pire de causer des dégâts (surtout dans un bois). Mais visiblement cette fois encore vous n’avez pas compris, la faute aux traductions sans doute, ou peut-être étiez-vous trop fatigués après une marche trop longue pour vous ? (N’aviez-vous donc pas compris que la résistance NoTav n’est pas un dîner de gala ?).

Parmi toutes ces imprécisions et ces malentendus (puisque je ne veux pas pré-supposer de votre mauvais fois) apparaît de manière flagrante l’incompréhension la plus grave, qui concerne la nature même de la lutte en Val Suse. Vous vous êtes convaincus qu’en son sein se joue une lutte entre courants et factions, en particulier entre deux idéologies, celle “anarchiste” dont vous vous revendiquez, et celle “marxiste-léniniste” et “stalinienne” comme vous la définissez. En réalité, il s’agit d’un mouvement populaire tellement riche qu’en son sein évoluent des personnes dont l’appartenance politique, religieuse et culturelle est des plus variée. Les moments de confrontation ne manquent certes pas, mais toujours dans le respect d’un même principe : la vallée n’a besoin  ni d’idéologie, ni de petits professeurs pour la lui enseigner, qu’ils soient français ou italiens, “marxistes-léninistes” ou “antiautoritaires”. Pour comprendre ces dynamiques – il est bon que vous le sachiez – être présent durant l’été au camping de Chiomonte ne suffit pas, car le mouvement est bien plus étendu et complexe que ce que vous avez eu l’occasion de voir durant ces quelques journées ; mais qui sait dans quel état vous vous retrouveriez après avoir vu tout le reste!

En effet, à la lecture de votre document il semblerait qu’un mouvement populaire vous demande trop d’efforts. Peut-être la variété riche et multiforme des sujets sociaux, qui seuls peuvent remettre en cause – dans la pratique et non seulement en théorie – l’ordre établi, ne vous intéresse-t-elle pas. Vous semblez quelque peu coincés dans l’imaginaire du juste libertaire au cœur pur mortifié par le féroce communiste, ou du dangereux subversif français “contrôlé” et “géré” en Val Suse par le perfide autonome piémontais. Cette représentation des mouvements, ou de ce mouvement, peut éventuellement vous permettre de trouver votre place dans l’univers; mais nous ne pouvons pas vous aider, car ces schémas-là nous les avons abandonnés depuis longtemps. Pour le reste, outre les vacances en Val Suse, offrez-vous également des vacances à l’intérieur du monde dans lequel nous vivons, France comprise. Vous ferez sans doute beaucoup plus peur à vos ennemis, et surtout vous apprendrez à dépasser vos métaphysiques identitaires. Car tel que l’écrivirent ceux qui ont réellement réussi à vaincre quelques autoritaires : « Die Mauer [ist] im Kopf[1] » …

Un autonome turinois


[1]               « Le mur [est] dans la tête ».

 

publié sur Comité No TAV Paris le 4 novembre 2012.

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LGV Lyon-Turin: Le sommet franco-Italien se tiendra le 3 Décembre

Le Parlement italien a ratifié mi-octobre le protocole Transports de la Convention alpine. Les partisans de la liaison ferroviaire à grande vitesse y voient une victoire. Rome a inscrit dans sa loi de finances triennale une somme de 790 millions d’euros pour le Lyon-Turin.

Jean-Jack Queyranne, le président de la région Rhône-Alpes,déclare dans un article de nos confrères de LibéLyon: « c’est un signe fort donné par le Parlement italien, à quelques semaines du sommet franco-italien qui se déroulera à Lyon le 3 décembre, et qui, nous le souhaitons tous, pourrait voir le projet franchir une nouvelle étape décisive ».
Plus d’un million de poids lourds transitent chaque année par les tunnels routiers du Mont-Blanc et du Fréjus. La réalisation du Lyon-Turin fait partie du contrat de mandature conclut en 2010 entre les élus écologistes et le président socialiste de la région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne.
Un tunnel et une ligne à grande vitesse qui ne font pas l’unanimité de part et d’autre de la frontière.
Leur Presse (France 3 Rhône-Alpes, 2/11/2012)
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[Pays Basque] Entre 2 500 et 10 000 manifestants anti-LGV

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30/10/2012

La bataille des chiffres, emblématique du dossier LGV, se poursuit jusque dans les rues de Bayonne. Samedi, lors de la manifestation contre la construction d’une nouvelle ligne à grande vitesse, le Collectif des associations de défense de l’environnement (Cade) a recensé 10 000 personnes, soit le seuil de réussite qu’il s’était fixé. La police n’en a dénombré que 2500. L’AFP évoque pour sa part “environ 8000 personnes”.
Comme lors du précédent rassemblement de décembre 2010, qui avait réuni entre 5 300 (police) et 15 500 personnes (organisateurs), le défilé a été ouvert par un cortège de tracteurs (104), suivi d’une quinzaine d’élus locaux portant une banderole “Non à la nouvelle ligne ferroviaire. Pour la modernisation des voies actuelles”.
“La mobilisation reste très forte”, s’est réjoui le porte-parole du Cade Victor Pachon, martelant que “la lucidité dicte de faire moins, mieux et moins cher, avec les voies ferrées existantes” entre Bordeaux et Hendaye. Pointant du doigt les promoteurs du projet, il a assené cette charge : “Lorsqu’ils ont pointé leur nez (…) nous avons bien flairé les estimations bidons, le projet falsifié, le débat confisqué et le passage en force. Intuition vérifiée et transformée en certitude par les études indépendantes”.
Au nom des élus, le maire et conseiller général abertzale de Saint-Pierre d’Irube Alain Iriart a de son côté dénoncé : “l’absence de pilotage politique du projet, porté surtout par les opérateurs (ferroviaires) qui tentent d’imposer un projet inutile alors que d’autres solutions existent”.
La manifestation, soutenue par le secrétaire national d’Europe Ecologie/Les Verts Pascal Durand, s’est tenue au lendemain d’une réunion de comité de pilotage du projet ferroviaire Grand  projets du sud-ouest (GPSO) à Bordeaux. Le préfet d’Aquitaine coordonnateur, Michel Delpuech, y a souligné sa volonté de “veiller au respect du calendrier”. L’enquête publique est prévue été 2013 et la déclaration d’utilité publique fin 2014.

Leur presse (Le Journal – 30 octobre 2012)

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[No TGV Lyon] Le TGV Lyon-Turin ne passera pas.

Le 3 décembre 2012, les chefs d’état français et italien François HOLLANDE et Mario MONTI se réuniront en sommet à Lyon pour parler austérité et conclure le plan de financement de la ligne à grande vitesse reliant Lyon à Turin (le TAV), présenté pour l’occasion comme un remède à la crise. Nous ferons de ce sommet l’occasion de montrer notre rejet du TAV (TGV) et de la structuration des territoires en Machine Économique compétitive et rentable au service du Capital. Pour cela, nous invitons le 3 Décembre 2012 à Lyon les mouvements NO-TAV italiens et français ainsi que toutes les personnes en lutte chez elles contre des grands projets d’infrastructure et d’aménagement de leur vie à se mobiliser. Nous invitons aussi dès à présent à participer à l’organisation de cet événement à nos côtés le 27 octobre.

UNE VALLÉE QUI NE VEUT PAS SE LAISSER AMÉNAGER.

Vingt-deux ans que la vallée la plus affec­tée par ces tra­vaux, la vallée de Susa, est secouée de mani­fes­ta­tions mas­si­ves, de blo­ca­ges rou­tiers, de sabo­ta­ges, de mar­ches paci­fi­ques et d’affron­te­ments avec la police. Vingt-deux ans aussi que se suc­cè­dent expro­pria­tions, expul­sions des occu­pants du chan­tier, arres­ta­tions, procès et incar­cé­ra­tions jusqu’au récent “acci­dent” d’un habi­tant de la vallée, électrocuté en grim­pant à un pylône pour conti­nuer l’occu­pa­tion du chan­tier. Une vallée habi­tée qui ne veut pas être relé­guée au simple rôle de voie de pas­sage pour l’inter­connexion des métro­po­les trans­al­pi­nes ; des vies qu’on ne peut pas plier indé­fi­ni­ment aux amé­na­ge­ments néces­sai­res à la bonne marche du Progrès. Cette oppo­si­tion sans com­pro­mis est aujourd’hui portée par un mou­ve­ment dans toute l’Italie, le mou­ve­ment NO-TAV. Au quo­ti­dien, le mou­ve­ment NO-TAV mène une lutte créa­tive, offen­sive et tenace. Elle s’invente, au cours des manifs, sur les points de blo­ca­ges ou à l’occa­sion de moment de par­tage, dans les pre­sidi occu­pés (lieux de siège d’où s’orga­nise la lutte) ou dans une can­tine impro­vi­sée sur l’auto­route. Le mou­ve­ment est main­te­nant sorti de la vallée. Force consé­quente à laquelle les syn­di­cats ita­liens s’allient ponc­tuel­le­ment, il est devenu un des sym­bo­les de l’oppo­si­tion à la ges­tion tech­nico-économique du gou­ver­ne­ment. Pour faire face sur le ter­rain, ce sont aujourd’hui des esca­drons de cara­bi­niers et des chas­seurs-alpins reve­nus d’Afghanistan qui pro­tè­gent tous les jours un chan­tier retran­ché der­rière des bar­be­lés. Nous ne pou­vons pas lais­ser Monti et Hollande fêter leur crédit euro­péen sans invi­ter les No-TAV !

DE CE CÔTÉ-CI DES ALPES.

Avec 800 mil­lions d’euros déjà inves­tis, des tra­vaux pré­li­mi­nai­res enta­més et des négo­cia­tions euro­péen­nes bien avan­cées, la conclu­sion de la consul­ta­tion publi­que orga­ni­sée par la région Rhône-Alpes cette année était courue d’avance. Il ne fal­lait pas atten­dre de ce coup de vernis démo­cra­ti­que autre chose qu’un avis favo­ra­ble au TAV, évidemment mis en avant par le comité de consul­ta­tion. Depuis un an, des comi­tés de rive­rains se cons­ti­tuent donc sur le tracé du TAV pour s’y oppo­ser. Les dis­cours s’accor­dent dif­fi­ci­le­ment, l’enjeu pour eux ne pourra décem­ment pas être de dépla­cer ce tracé au vil­lage voisin mais d’oppo­ser suf­fi­sam­ment de résis­tance pour empê­cher les tra­vaux. Il n’est pas pos­si­ble d’amen­der ni d’amé­lio­rer ce projet. Pour les pro­mo­teurs du Lyon-Turin, il n’y a pas de Plan B, il y a un seul projet, face auquel il ne peut y avoir qu’un seul mou­ve­ment d’oppo­si­tion. Des deux côtés de la fron­tière c’est la néces­sité même de refu­ser un modèle de déve­lop­pe­ment promu par le Lyon-Turin.

DES « MÉTROPOLES MULTIPOLAIRES, ATTRACTIVES ET ACCESSIBLES ».

Ce tracé s’ins­crit dans le méga-projet de ligne à grande vitesse reliant Kiev à Lisbonne. Ce n’est que l’un des 40 pro­jets des cor­ri­dors pan-euro­péens qui par­ti­ci­pent au ren­for­ce­ment de l’Union Européenne dans la guerre économique mon­diale. Il s’agit de flui­di­fier la mobi­lité des per­son­nes et des mar­chan­di­ses en reliant les gran­des villes entre elles. Par l’inter­connexion des métro­po­les il s’agit d’abolir les dis­tan­ces, de flui­di­fier le dépla­ce­ment des mar­chan­di­ses et des capi­taux humains. Un monde lisse, sans entra­ves. En trois coups de crayon sur la carte, des lignes sont tra­cées pour reliées des « métro­po­les mul­ti­po­lai­res, attrac­ti­ves, et acces­si­bles » (Gérard Collomb), pour créer des villes uni­for­mes, ou à quel­ques détails près on pour­rait retrou­ver les mêmes quar­tiers, les même maga­sins, les mêmes moyens de trans­ports. Dans cette ville mul­ti­po­laire ce sont les Universités et entre­pri­ses de pointe regrou­pés en « clus­ter », qui por­tent en eux l’espé­rance de la crois­sance économique.

Pour assu­rer leur attrac­ti­vité, les villes doi­vent séduire cette nou­velle masse de tra­vailleurs avide de rapi­dité, d’effi­cience et de com­mo­di­tés par leur offres cultu­rels, leur spec­ta­cle, (et leur lumiè­res en l’occur­rence pour Lyon.) « Car (la culture) contri­bue à donner un nou­veau profil à la ville. Elle déter­mine à mes yeux le pro­ces­sus d’inves­tis­se­ment des grands tra­vaux, des ser­vi­ces et de la moder­ni­sa­tion. » (Piero Fassino, Maire de Turin dans Lyon citoyen). Des trains « pan-euro­péens » donc, comme moyen de trans­port de la classe à haute valeur ajou­tée. Faites place ! Cette attrac­ti­vité orga­ni­sée génère une explo­sion des loyers fai­sant dis­pa­raî­tre les der­niers quar­tiers popu­lai­res des cen­tres urbains, relé­guant ses anciens habi­tants à la marge sociale et géo­gra­phi­que. Tout deviens une ques­tion de moyens ; dans le même cré­neau horaire, cer­tains arri­vent en gare de Marseille pen­dant que d’autres ont tout juste tra­versé l’agglo­mé­ra­tion lyon­naise. A Lyon aussi, il s’agit à tra­vers cette lutte de réaf­fir­mer l’arrêt du déve­lop­pe­ment indus­triel, celui-ci n’a fait qu’assié­ger nos villes, gri­gno­tant tou­jours plus de terre et de marge d’auto­no­mie. L’ habillage écologique du pro­grès ne fait que ren­for­cer le déve­lop­pe­ment indus­triel et le mythe de la crois­sance infi­nie. Quand aux men­son­ges sur la « per­for­mance énergétique » du Lyon-Turin, il faut rap­pe­ler que ce train, comme toutes les infra­struc­tu­res qui s’y rap­por­tent, fonc­tionne au nucléaire. Et que cette seule condi­tion est deve­nue inac­cep­ta­ble d’un bout à l’autre de la pla­nète. Non, le TAV n’est pas éco-com­pa­ti­ble. Des mon­ta­gnard.es seront asphixié.es sous diver­ses pol­lu­tions visuel­les et sono­res, mais aussi par des pous­siè­res d’ura­nium et d’amiante déga­gées par ce chan­tier.

ET UN PARI.

Ce qu’il y aurait à gagner c’est une pro­pa­ga­tion des mou­ve­ments NO-TAV parce que l’on sent bien que ce qui se tente en Val de Susa dépasse les fron­tiè­res de la vallée et de l’Italie. Les luttes, pas plus que les infra­struc­tu­res qu’elles met­tent à mal, ne sont jamais que loca­les. Elles dés­ta­bi­li­sent la ges­tion glo­bale de l’économie en ins­cri­vant déjà que quel­que chose y échappe, reste ingé­ra­ble. Et la force qui se gagne là, rentre en réso­nance et cir­cule vers d’autres points, d’autres foyers de lutte : contre l’aéro­port du grand-ouest, contre un OL-Land, contre le gaz de schiste, en Grèce, par­tout, etc… Partout où l’on se sou­lève contre les amé­na­ge­ments et le pro­grès, une géo­gra­phie des luttes se tisse face à celle des grands pro­jets de déve­lop­pe­ments inter­na­tio­naux. No-tav 69.

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RDV LE 27 OCTOBRE, pour s’orga­ni­ser contre le sommet franco-ita­lien du 3 décem­bre.

Pour connaî­tre le lieu et l’heure de réu­nion, nous contac­ter sur : notav69 @ rebel­lyon.info

Rebellyon

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[Italie – Ravenne] Des millers de No Tav contre la Coopérative Maçons et Constructeurs (CMC)

Des millers de No Tav ont manifesté le 13 octobre 2012 à Ravenne (Émilie-Romagne, Italie) contre la Coopérative Maçons et Constructeurs (CMC), entreprise qui participe à la réalisation de la LGV Lyon-Turin au Val de Suse.

tract de la manif

Plus d’informations sur Coordinamento No CMC

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Du nucléaire au Lyon-Turin : stoppons la machine

Voici un tract du collectif No Tav 73, diffusé samedi 13 octobre 2012 à Lyon, lors d’un rassemblement antinucléaire, qui propose une lecture et une opposition croisées des politiques énergétiques et des projets d’infrastructures ferroviaires telles que la LGV Lyon-Turin. … Continuer la lecture

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Grenoble – Compte rendu du débat sur le Lyon-Turin du 8 octobre à la Maison des Assos

Lundi 8 octobre à la maison des associations, avait lieu un débat sur la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin (« TAV » en italien). Intitulé « le Lyon-Turin – preuves en main », il était organisé par l’association d’italophones grenoblois « onda italia ». Une soixantaine de … Continuer la lecture

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Contribution d’un militant français qui a participé à la lutte No TAV durant le mois de juillet

No Tav, la lutte continue… Cette contribution est le résultat de la participation d’un militant français à la lutte No Tav durant le mois de juillet 2012. Les analyses et les sentiments qui en découlent viennent d’une présence sur le … Continuer la lecture

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[No TAV/Répression] – Massimo Passamani a été assigné à résidence, Daniela Battisti a été liberée

En ce qui concerne les mesures de précaution qui ont accompagné l’opération « Tiques » (op. Ixodidae), nous apprenons avec joie que depuis ce matin, Daniela est libre, tandis que Massimo a été assigné à résidence avec toutes les restrictions possibles. traduit … Continuer la lecture

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Lettre du prisonnier Massimo Passamani à Radio Blackout de Turin

Alessandria, 18 septembre 2012 Chers compagnons et compagnes, Avec cette lettre, je veux vous raconter quelque chose qui me tient à cœur et vous mettre au courant d’une intention. Quand j’ai été conduit, le 27 août dernier, dans la section … Continuer la lecture

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[Euskal Herria] Solidarité avec Massimo Passamani et Daniela Battisti

Aux nouvelles stratégies du capital, nouvelles formes de lutte

Camp anti-TAV, Val de Susa, 6 août 2012. Nous sommes parmi les deux cents personnes qui écoutent l’intervention d’un économiste, opposé au projet de la ligne à grande vitesse. Ensuite, le récemment arrêté Massimo Passamani expose une proposition d’action pour le débat. Les deux compagnons dénoncent ce qui est de plus en plus évident : en Europe, le Capital se situe au-dessus du système politique représentatif et se moque complètement d’une quelconque nécessité de légitimer ses décisions. Il veut s’attaquer sans aucun scrupule à ce qui reste du moribond ‟bien public” et s’en emparer pour toujours. Aujourd’hui, nous pouvons vérifier que ceux qui s’opposent à une telle stratégie seront mis à l’écart, qu’ils vont essayer de neutraliser les personnes et de criminaliser les idées dissidentes.


Certains pensaient qu’ils pourraient arrêter la construction des projets européens de grandes infrastructures à cause du manque d’argent provoqué par la crise ? Ils avaient tort. Ainsi le démontre la
Sintesi Della nuova architectura del TAV”, explication exhaustive et concrète des mécanismes italiens de financement des infrastructures approuvés depuis 2011. L’intelligence au service du Capital, réunie dans un gouvernement appelé ‟technocratique” n’a pas tardé à mettre à jour tout un arsenal juridico-financier qui lui permettra de continuer à investir … même sans argent. Ni nécessité de viabilité économique. Encore moins de la rentabilité des travaux projetés. Ainsi aujourd’hui, la dernière offensive du Capital consiste à étancher sa soif de profits en utilisant comme garantie les derniers fonds publics. En Italie, précise l’exposé alors que la nuit alpine rafraichit, la loi autorise l’investissement privé avec des garanties publiques telles que les fonds de pension et la banque postale. De même que de nombreuses compensations économiques et financières, l’allongement de la durée des concessions de gestion, la participation publique aux risques liés à la gestion des ouvrages construits, des avances de TVA sur 10 ans par l’administration publique à des entreprises privées, l’imposition des infrastructures à un taux maximal de 12,5% pour l’ensemble de leurs éléments, etc. Le document complet est disponible sur la page www.notavbrenno.eu.

« Una proposta » est la contribution de Massimo Passamani, que nous résumons ci-dessous. Elle commence en contextualisant le fait que «le mouvement anti-TAV [dans l’Etat italien] est soumis maintenant à de fortes pressions politiques, médiatiques, policières et judiciaires. Non seulement en raison des grands intérêts auxquels il se heurte, mais aussi en raison de la solidarité qu’il recueille. Au-delà du train à grande vitesse, le drapeau anti-TAV est pour beaucoup aujourd’hui, un drapeau de la révolte.» En outre, le document appelle à démontrer l’«hostilité» envers les projets et l’«inhospitalité envers ceux qui les font fonctionner.» Il suggère l’idée d’une campagne de dénigrement contre la colossale entreprise de construction CMC. Entreprise de travaux publics coopérative qui n’est ‟rouge” que du ‟sang” qu’elle fait couler en contribuant à construire les bases et les infrastructures militaires de l’armée américaine en Italie. Mais, plus important encore, la proposition ose examiner les collusions économico-politico- financiario-spéculative entre la CMC, les banques Banca Infrastrutture Investimento e Sviluppo (BIIS) et Intesa San Paolo et une série de ministres et hauts fonctionnaires du gouvernement Monti. Les uns se chargeant de construire, les autres de spéculer, les derniers de légiférer. En appelant les choses par leur nom, la proposition dénonce que «l’entente entre la CMC et Intesa San Paolo révèle bien les véritables raisons du Front-Si-TAV et illustre, en particulier, la combinaison d’intérêts entre le PD [Parti Démocrate] et le gouvernement Monti.». Il n’est pas étonnant qu’après l’arrestation de Massimo, le député du Piémont pour le Parti démocrate (alliance stalino-mafieuse entre le Parti communiste italien, le Parti socialiste et la démocratie chrétienne), Stefano Esposito, lors d’une conférence de presse, s’est élevé comme un toutou en défense de la répression ouverte. Il a qualifié Massimo de «chef» d’une structure « militaire » [«l’aile militaire et violente du mouvement No-TAV»] et a appelé les habitants de Val de Susa à «prendre leurs distances avec un inculpé pour subversion.» En Euskal Herria, nous connaissons les conséquences de l’appel à l’isolement des violents.


Les nuits alpines sont fraîches et les levers du soleil dangereux. Massimo Passamani et Daniela Battisti, ainsi que la dizaine de personnes qui ont subi les perquisitions de leurs maisons le 27 août peuvent en témoigner. Quelle coïncidence que cette opération de police ait été effectuée trois jours avant le début du camp du second front ouvert contre la grande vitesse ferroviaire dans l’Etat italien : celui situé dans la vallée de Trente.


Nous devons avoir présent à l’esprit que le capital et ses défenseurs ont désormais renoncé à la propagande et/ou à la légitimation de leurs actions. De plus en plus, ils vont recourir à la criminalisation des personnes et des idées dissidentes. Hier en Euskal Herria, aujourd’hui en Italie. La lutte contre les grands travaux en Europe – et le TAV est le plus important d’entre eux – en est arrivé au-delà des motivations contre l’irrationalité des projets et est devenu le paradigme de la nécessité de se défendre face aux attaques violentes contre les niveaux minimaux d’une existence digne. Les mouvements contre les TAV-LGV, nous devons dénoncer cette nouvelle stratégie du Capital, en l’analysant comme l’un des nombreux mécanismes d’appauvrissement collectif et nous y opposer. C’est la raison pour laquelle nous devons adapter notre stratégie et notre tactique à ces temps nouveaux.

 

 

 publié sur Indymedia Euskal Herria, 28/8/2012.

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[No TAV / Val Susa-Trentin] Solidarité avec Massimo Passamani et Daniela Battisti

Communiqué commun du Mouvement No-Tav Valsusa et de la Coordination No-Tav Trentino : « A quelques jours du camping No-Tav qui doit commencer jeudi à Rovereto, l’arrestation de Massimo Passamani, les arrêts domiciliaires pour Daniela Battisti et les perquisitions chez une dizaines … Continuer la lecture

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Val Suse – Les No TAV brisent des barrières du chantier de la Lyon-Turin (vidéo)

Pendant la nuit du 31 août les  No TAV ont brisé des barrières du chantier de la LGV Lyon-Turin et ont commencé des affrontement avec la police.

Leur Presse (1/9/2012)

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[No-TAV Sud Piémont-Ligurie] Marche populaire samedi 6 octobre 2012

Arrêtons les expropriations, arrêtons la construction du Terzo Valico [LGV – Troisième passage ferroviaire entre Gênes et Milan, N.D.T.]

Du 10 Juillet au 10 Août 2012 le Cociv (entreprise qui voudrait construire le Terzo Valico) a essayé d’exécuter des centaines d’expropriations dans les municipalités de Serravalle Scrivia, Arquata Scrivia, Gavi, Carrosio, Voltaggio, Fraconalto, Borgo Fornari, Gênes, Campomorone et Ceranesi [sud Piémont et Ligurie, N.D.T.] en fonction de la réalisation de la première partie des travaux du Troisième passage ferroviaire Gênes-Milan.

Un acte d’arrogance avec lequel ils ont essayé de s’emparer des terres, des jardins, des cours, des maisons, des magasins et des crèches, sans jamais avoir demandé aux populations concernées un moment de confrontation.

Ils espéraient que les habitants auraient accepté les propositions d’indemnisations ridicules et qu’ils n’aurait pas osé empêcher l’exécution des expropriations des terrains.

Ils espéraient que les populations locales n’aurait pas été à connaissance de la dévastation et de la destruction que le Troisième passage ferroviaire comporte pour au moins une décennie en Ligurie et dans le sud du Piémont.

Ils espéraient que les préoccupations au sujet de l’amiante, de la destruction des sources d’eau et des puits aquifères n’auraiet pas pu être suffisantes pour provoquer une réaction.

Ils croyaient que, au moment de la crise économique, dépenser 6,2 milliards d’euros pour une œuvre inutile dont il n’y a même pas une étude sur le rapport coût-bénéfice n’aurait pas provoqué les protestations d’une population de plus en plus confrontée avec une crise sociale intenable.

Ils ont mal fait leurs comptes. Chaque fois qu’ils ont essayé de faire des expropriations ils ont toujours trouvé des centaines d’habitants qui défendaient pacifiquement leur terre.

Ça a été un mois extraordinaire de mobilisations dans lequel des centaines de personnes, jeunes et vieux, hommes et femmes, Piémontaises et Ligures, ont tissé beaucoup de liens, démontrant que lorsque les gens recommencent à se réapproprier des décisions qui regardent leurs territoires, personne peut leur imposer une volonté destructrice.

Un mois au cours duquel le mouvement No Tav – Terzo Valico est encore grandi, avec la constitution des comités de Serravalle et Borgo Fornari, et il a prouvé une fois de plus qu’il bénéficie d’un large consensus parmi la population locale.

Nous sommes convaincus que dans le mois de Septembre-Octobre le Cociv retournera à l’attaque et il réessaiera d’exécuter les expropriations.

Nous pensons qu’il n’est plus temps d’attendre leures démarches et qu’il est nécessaire de commencer à imposer notre agenda de mobilisations.

Pour cette raison, à nouveau nous pensons qu’il est temps de descendre dans la rue, en milliers, pour demander l’arrêt des expropriations et de la construction du Terzo Valico. Pour démontrer encore une fois que nous sommes plus nombreux qu’eux, et que nous croyons être en mesure de les arrêter.

Samedi 6 octobre 2012, Marche Populaire de Serravalle Scrivia à Arquata Scrivia. Départ à 14h depuis Piazza Coppi, Serravalle Scrivia (Alexandrie, Piémont, Italie).

No TAV – Terzo Valico      Comitati Scrivia      No Terzo Valico      NoTAVGênes

traduit de l’italien depuis No TAV – No Terzo Valico

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28 août 2012 – Ça chauffe au Val de Suse

Les No Tav assiègent Equitalia. Un hangar d’une entreprise a été brûlée.

L’attentat dans une carrière de Italcoge, entreprise en faillite engagée dans les travaux de la LGV à Chiomonte. Au même endroit l’année dernière ont été enflammés quatre véhicules de la même entreprise.

Le siège de Equitalia [agence qui prélève les impôts, n.d.t.] à Suse à été objet d’un attaque rapide par les No TAV. Les manifestants, une trentaine, ont empêché l’entrée des clients dans les bureaux de Equitalia et ils ont exposé des banderoles avec écrit « Equitalia et Tav: argent et dévastation » « . Equitalia assassine».

La nuit dernière, peu après minuit, un

hangar pour les outils a été incendié dans une carrière de propriété de Italcoge, société (aujourd’hui en faillite) impliqué dans les travaux de la Lyon-Turin. La carrière est située dans la localité de Colfacero, dans la commune de Gravere, une ville à quelques kilomètres du chantier. Au même endroit l’année dernière avait été mis le feu à quatre véhicules de la même société détenue par les frères Lazzaro.

Leur Presse (La Repubblica, 28/8/2012)

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