Val di Susa 1: un écrivain très recherché (par la police), quelques beaux lieux et beaucoup de belles personnes

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Hier, avant l’événement inaugural de « Una montagna di libri contro il TAV », la présentation de Saturno, l’édition italienne du premier volume de la saga de l’ex-commissaire Tavianello, un individu non identifié a lu, dos au public et  capuche sur la tête, une lettre de Davide Grasso, écrivain recherché par la police pour sa participation à la brève occupation d’une société se délectant du gros gâteau appelé « TAV ». J’ai raconté ailleurs la grotesque attitude coliqueuse de son éditeur et du stand de la foire de Turin où était présenté son livre…
Sa lettre se termine ainsi:
« … et pourtant l’écriture exerce un rôle, depuis toujours, d’exceptionnelle stimulation à l’action, surtout à celle qui transgresse les normes déjà écrites de la vie. (…)et ce n’est pas un hasard s’il n’est pas un grand mouvement social qui ne s’accompagne de la production et de la diffusion d’écrits sous des formes multiples. Les montagnes de livres contre le TAV permettent  nous tous d’être informés, d’avoir une conscience, et ce même rôle l’ont les mille petits journaux, communiqués, tracts, et les innombrables textes que nous publions sur le web; et la lecture aide aussi ceux qui, parmi nous, traversent des moments difficiles. Les camarades qui ont été en prison, aux arrêts domiciliaires,  l’hôpital, ont lu et quelquefois écrit, et leurs lettres sont parmi les choses les plus belles que nous ayons eu sous les yeux ces dernières années. Moi même, qui ne puis pourtant supporter ni blessures ni restrictions, je profite de chaque bout de temps pour lire, et je me rends compte que je lis beaucoup plus en ce moment. Si un jour mes récits devaient s’ajouter aux lectures qui accompagneront vos moments de lutte, ou qui allègeront les moments difficiles de ceux qui parmi nous devront encore payer le prix de leur cohérence, je me considèrerai – là oui – comme un privilégié au Royaume des Lettres; et cela, d’une certaine manière fatalement, sans avoir jamais été ce que ceux d’en face définissent comme un « écrivain »  »
Il faudra bien que je prenne le temps de la lire en entier, cette lettre.
Sinon, revenir ici, c’est désormais retrouver ma famille. A la question de l’appartenance que j’ai abordée dans un autre post, j’ajouterai volontiers que je me sens chaque jour davantage de cette terre…

…je me sens habitant de ses villages que le TGV veut anéantir…

 

…ses tables d’hôtes où l’on complote contre les Grands Projets du capitalisme tardif…

 

…ces lieux où l’on retrouve Lucà, qui fut foudroyé sur un pylône à haute tension lors d’une intervention policière: il a encore du mal à marcher mais ça ne l’empêche pas de cultiver son jardin solidaire…

 

…et puis la librairie de Rita où l’on aperçoit d’autres auteurs français que Quadruppani…

 

…et la gare de Bussoleno, où continuent d’arriver tant de Calabrais (ici Gioacchino Criaco)…

 

…et sa Credenza, excellent restaurant où l’on est aussi et toujours en terrain ami…

texte publié sur Les Contrées Magnifiques, 8 juin 2013.

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