Dans le cadre des activités du Camp d’Été de lutte contre le projet de construction de la LGV Turin-Lyon [TAV, treno a alta velocità en italien] dans le Val Susa, le mouvement No TAV avait annoncé l’organisation d’une « passeggiata » nocturne à l’intérieur du chantier pour le samedi soir 21 juillet.
Ils et elles ont tenus parole…
Le mouvement NoTav avait annoncé que ce serait un été de lutte et c’est bien le cas. Des milliers de NoTav sont sortis des campements de Giaglione et de Chiomonte et ont convergé vers le site du chantier pour l’assiéger. Ce fut un moment important s’ajoutant à une séquence de lutte qui a commencé avec le campement des étudiants NoTav.
La ‟promenade” dans le chantier se fraie plusieurs passages en force…
Deux mille manifestants NoTav ont assiégé le chantier de Chiomonte ce samedi soir. Quand ils sont arrivés au site, ils se sont approchés soudainement de la clôture et la police a commencé à utiliser les canons à eau et les gaz lacrymogènes. La réponse de la manifestation a été déterminée : des barrières ‟new jersey” (fameuses pour leur solidité) ont été arrachées et plusieurs mètres de la clôture en béton ont été abattus avec des masses, des phares utilisés pour éclairer les travaux comme en plein jour ont été cassés, des morceaux importants de la seconde clôture métalliques ont été découpés et arrachés, permettant aux NoTav d’entrer dans le chantier.
Les tirs continus de gaz lacrymogènes par les militaires ont provoqué un incendie qui a été contrôlé par les NoTAV, et ont fermé l’autoroute dans la direction de Bardenecchia – Torino.
« La vallée ne veut pas de vous ! » a été le slogan le plus crié au moment de l’attaque du chantier. Un an après l’expulsion de la ‟République libre de la Maddalena”, le mouvement NoTAV est toujours présent dans son territoire, sans crainte de poursuites judiciaires.
Environ 2000 personnes ont participé à cette « promenade nocturne », 1500 au départ du camp de Chiomonte et 500 de celui de Giaglione, afin de rappeler aux forces de police qu’elles ne sont pas les bienvenues dans la vallée. « Dehors les forces d’occupation ! » a été crié par les deux cortèges partis en direction de la clôture du chantier.
Grosse participation des personnes présentes, comme la veille (vendredi) lors de l’action de blocage des grilles des entreprises Italcoge et Martina qui font partie intégrante du système politico-maffieux du TAV Turin-Lyon.
L’assaut du chantier s’est fait en deux endroits, du côté de Val Clarea et du côté de la zone archéologique. De grands morceaux de la clôture en fil de fer barbelé ont été arrachés ainsi que de nombreuses barrières de ciments entourées de plastic appelées ‟new jersey”. Des dizaines de personnes ont pu pénétrer dans le chantier. Cette occupation des lieux a duré environ 30 minutes, puis les manifestants ont décidé d’arrêter, se sont attendus, regroupés et sont repartis ensemble, en cortège, en direction de Chiomonte.
Un policier a été blessé aux jambes, sans doute par un pétard assourdissant qui l’aurait fait chuter.
Le jour venu, il apparaît que les dégâts sont assez importants, la clôture a été totalement arrachée sur des dizaines de mètres, ainsi que le mur d’enceinte en béton rajouté pour renforcer la protection du chantier. D’autres ouvertures ont pu être faites dans d’autres endroits. Plusieurs tourelles supportant des phares d’éclairage du chantier ont été abattues.
Comme d’habitude, le gouvernement veut criminaliser et diviser
Le ministre de l’Intérieur a réagi en disant que ce qui s’était passé dans le Val Susa n’était pas « une manifestation de dissensus » mais de « la violence à l’état pur qui n’a rien à voir avec les problèmes de la construction de la ligne de chemin de fer Lyon-Turin », ajoutant qu’il fallait « condamner sans hésitation et isoler les groupes violents qui ont l’intention d’utiliser le Val di Susa pour leurs objectifs de guérilla ».
Pour renforcer ces propos, la police parle d’une action militairement organisée et préparée, et maintenant de 11 blessés dans ces rangs, dont 1 plus sérieusement touché, c’est-à-dire 10 très légèrement atteints.
Une chose est sûre, la police doit enrager devant cette action relativement bien préparée, sans arrestation, et qui l’a prise totalement au dépourvu.
Le mouvement NoTAV revendique et assume cette action directe collective
A cela, le mouvement NoTAV a répondu dans un communiqué que « cela s’appelle résistance, ministre, résistance. », en ajoutant, « on va vous aider : elle se pratique en groupe et se décide même en assemblée ouverte ».
« Cela s’appelle lutte en défense du territoire et passe nécessairement par le conflit actif avec ce qui est un chantier complètement militarisé. Cela s’appelle lutte populaire parce tout un peuple s’oppose aux trains à grande vitesse, et selon sa capacité, chacun cherche à contrer ce qui apparaît maintenant comme le plus grand vol des contribuables de l’histoire. »
Le communiqué se poursuit ainsi : « Nous croyons qu’il est important d’appeler les choses par leur nom et par conséquent cet exercice s’adresse à ceux qui aiment faire les distinguos lorsqu’ils regardent la Vallée et ne font pas de traités de sociologie à deux balles ou ne lancent pas de mandats d’arrêt comme ceux auxquels nous avons assisté.
Cela nous fait sourire de lire les chroniques des supporters qui spéculent sur combien de mètres de clôture ont été coupés, ou de lire Bersani [secrétaire du Parti Démocrate, centre-gauche, ex-PCI] quand il nous parle de Démocratie.
Cela nous fait sourire et un peu pleurer aussi, mais pas de tristesse ou de rage, seulement par la faute des centaines de lacrymogènes qu’on nous tire dessus à chaque fois, démocratiquement s’entend.
Pour cela, nous revendiquons le droit à la Résistance et l’usage de masques à gaz pour se protéger du cyanure contenu dans les lacrymogènes qui pleuvent en masse, ainsi que, pour les mêmes raisons, la protection de la tête et du corps pour ne pas devenir la cible facile de ceux qui jouent au tir au pigeon dans le chantier.
Hier soir, nous avons ouvert plusieurs passages dans le chantier et nous avons montré qu’il n’est pas aussi inviolable qu’on le pense : nous avons fait ce que nous disons, comme toujours.
La lutte populaire est longue et est faite de moments différents entre eux, mais qui concourent tous à un unique objectif, celui d’arrêter le TAV et comme nous y croyons intensément, nous mettons tout en œuvre pour réussir. »
La lutte continue. Le camp estival se poursuit, avec des activités, débats, actions quotidiennes.
Le 23 juillet, XYZ pour OCLibertaire
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Source : http://www.notav.info/
Plus d’infos (en italien) et une vidéo de la « promenade » sur le même site.