No-TAV – Une grande manifestation et des blocages à Rome

Aujourd’hui à Rome une grande manifestation No-TAV a bloqué la circulation. Dans la matinée la rédaction du journal des patrons « La Repubblica » avait été occupée. Pendant le cortège le siège de l’entreprise de transports ATAC a été attaqué.

L’un des périphériques principaux et l’autoroute Rome-L’Aquila ont été bloqués.

« Quelques dizaines de manifestants », selon la presse bourgeoise.

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Trois textes italiens sur les récents événements en Val Susa

Lucioles et lanternes

« Démocratie ! Désormais on a compris ce que signifie tout cela. La démocratie c’est le peuple qui gouverne le peuple à coup de bâtons par amour du peuple »
Oscar Wilde.

De Montecitorio [1] à la salle des tribunaux de Milan, des trottoirs de la gare de Turin aux salles de sécurité de la préfecture de police de Florence, des métropoles hyper-surveillées aux vallées dévastées, pour ne pas parler des rafles policières dans toute l’Italie, il ne se passe pas un jour sans que les esprits ne soient agités par quelque vicissitude politique particulière ou par les faits divers. Et immanquablement quelqu’un sort, donnant l’alarme sur « l’urgence démocratique aujourd’hui dans notre pays », qu’on peut résoudre, évidemment, par un respect scrupuleux des normes et des lois. Même ce qui s’est passé hier matin dans la Vallée de Susa, la chute non-accidentelle d’un anarchiste du pylône sur lequel il était monté pour protester contre le TAV et l’expropriation des terrains (les siens ou non ça n’a pas d’importance), a tout de suite été ramené à ce discours aussi dominant que déprimant. Et si l’aboiement réactionnaire souligne l’illégalité du geste de protestation, une bonne partie du mouvement dresse aussi la liste interminable de l’ illégalité des travaux et de leur poursuite (afin de démontrer la légitimité de l’opposition).

Si l’esprit ne brûlait pas de rage partout ailleurs, il faudrait s’interroger sur la façon dont l’horizon démocratique -malgré son évidente aberration- a pu tellement coloniser l’imaginaire individuel et collectif. Quelle est la démocratie vers laquelle on devrait revenir, celle sortie de la résistance qui a gracié les fascistes et arrêté les partisans les plus insoumis ? Celle qui a été gérée durant des longues décennies dans les sacristies et dans les secrétariats de la Démocratie Chrétienne ? Celle des massacres d’État et des lois spéciales ? Celle des accords pas même cachés avec la Mafia ? Celle des dessous-de-table et des spéculations ? Celle des « italiani brava gente » qui dans leurs missions militaires à l’étranger violent, torturent et massacrent ? C’est donc à cela que nous sommes arrivés, devant nains et danseuses [2], à regretter de gris bureaucrates politiques ou à préférer de rigides fonctionnaires techniques ? Des comptables, voilà ce qu’on finit par devenir, de prudents comptables qui soupèsent les conséquences, pensent aux stratégies et aux tactiques les plus adaptées pour ne pas se découvrir inconséquents, pour se sentir toujours dans le vent, pour surfer sur la vague du mécontentement social… parce que quand on arrête de mesurer et calculer, on risque de tomber.

Mais si, à bien y réfléchir, il y a toujours eu une « urgence démocratique », c’est précisément parce que la « normalité démocratique » capable de garantir la liberté et le bien-être pour tous ne peut pas exister. C’est un mythe, un pur mensonge qu’il faudrait démystifier, mais qui ne risque pas de s’écrouler, tant que les étincelles de sédition seront arrangées sous les habits les plus présentables des laboratoires de la démocratie. Non, ce n’est pas un régime politique qui a été foudroyé sur le pylône qui donne l’énergie à ce monde misérable. Ce n’est pas sa vie qui aujourd’hui est en danger. Au contraire, c’est la possibilité d’entrevoir quelque chose d’absolument différent et de se battre pour cela- avec élan, sans une miette de calcul, comme le fait celui qui défie la haute tension.

Une possibilité qui aujourd’hui est, elle aussi, plongée dans le coma, et qu’il faut réanimer, soigner, protéger, défendre, renforcer, élargir, répandre. Aimer. Une possibilité qui ne réclame pas justice, mais qui veut vengeance. Qui n’a pas seulement un train à arrêter, mais un monde entier à abattre.

Notes

[1] Ndt : Le Palais Montecitorio (Palazzo Montecitorio en italien) est le siège de la Chambre des députés italienne

[2] Ndt : expression qui désigne non seulement un spectacle de cirque qu’est la politique, mais plus particulièrement Berlusconi

[28/2/12]

Traduit de l’italien par Non-fides de Finimondo.


Haute-tension partout

Comme cela arrive (malheureusement) souvent, ce sont les événements les plus dramatiques qui sont capables de secouer les individus et de leur faire perdre patience. On a beau jeu de réfléchir à ce qui arrive partout dans le monde, de montrer les causes institutionnelles des nuisances qui infestent la vie de chacun d’entre nous, de suggérer de possibles points de fracture. Tout semble absorbé et métabolisé. Et pourtant… voilà qu’un policier grec tue un jeune, qu’un marchand ambulant tunisien s’immole pour protester, qu’un rebelle du Val Susa tombe d’un pylône. Et tout change. L’imprévu met le feu au panorama, ce qui n’était l’instant précédent qu’une hypothèse-fantôme devient réalité.

Nous avons toujours pensé et défendu que la lutte contre le Tav n’était pas la question spécifique d’une petite vallée piémontaise. Que les temps et les instruments de cette lutte n’étaient pas ceux décrétés par des assemblées locales où les différents rackets politiques -de toute couleur, y compris le noir de l’anarchie- se disputent plus ou moins la représentativité du mouvement. Que tout racket collectiviste qui vise à unir ce qui doit rester diversifié devait être repoussé. Que le centralisme est une tare, non pas une opportunité. Reprenant une intuition déjà développée dans les années 80 au cours des luttes anti-nucléaires, nous persistons à penser qu’il est nécessaire de décentraliser la lutte et de la pulvériser à travers tout le territoire. Que si le Tav est partout, il n’est du coup pas nécessaire d’accourir en Val Susa pour se montrer adéquats à la situation qui a été créée (et peu importe si au jour d’aujourd’hui ce n’est que dans cette petite vallée que les ennemis de ce monde peuvent trouver quelque satisfaction). Que la façon de donner de l’air à cette lutte est de la faire sortir de cette vallée. De la porter ailleurs. De ne pas battre le rappel pour serrer un noeud, mais de l’inciter à se disséminer pour tisser un réseau informel.

Eh bien, depuis 48 heures, ce ne sont plus les sentiers de la Maddalena qui sont envahis par les opposants à la dévastation d’Etat, mais un peu toute l’Italie. Et il n’y a plus d’objectifs univoques, ni de méthodes uniformes. Ce n’est plus l’adhésion (râleuse) collective aux directives d’un groupe de politiciens qui se met à présent en mouvement, mais l’ébullition des consciences individuelles face au corps en souffrance d’un compagnon sur un lit d’hôpital. Il y a ceux qui se rassemblent devant un commissariat et ceux qui bloquent les voies de train, ceux qui occupent une faculté et ceux qui neutralisent des péages d’autoroute, ceux qui suspendent le boulot et ceux qui mettent le feu à une machine. Le déploiement d’une myriade de nuances, même opposées, mais aucune synthèse. Et les possibilités d’intervention à découvrir, inventer et expérimenter sont encore nombreuses.

Seuls ou en compagnie, de jour ou de nuit, aujourd’hui ou demain. Pour être à la hauteur de soi-même, pas de ce qui est établi par d’autres.

Cela aussi, c’est de la haute-tension.

Traduit de l’italien par Non-fides de finimondo.


Contre la normalité

Le Tav, c’est clair depuis longtemps, n’est pas qu’un train à grande vitesse, c’est aussi l’emblème de ce monde de marchandises, du toujours plus vite, du profit à tout prix, de l’exploitation des individus et de la nature. C’est peut-être pour cela que la protestation contre lui est une protestation qui parle autant. Parce qu’elle pousse à voir la totalité des choses, le fil qui lie toutes les questions. Une ligne de train qu’ils veulent réaliser malgré ceux qui vivent sur les lieux où elle sera construite, leur ruinant l’existence pendant des décennies, occupant ces lieux pour en faire un chantier protégé de fils barbelés et de check points militaires. Une sorte de minimonde reproductible partout, passant sur les personnes, les corps, les rêves, en deux mots sur la vie de chacun. Mais si ce qui se reproduit et se multiplie est aussi la protestation, alors tout peut changer. Et c’est ce qui est en train de se passer à travers toute l’Italie, avec aussi des échos en Europe. Il existe la conscience, claire ou d’intuition, que ce qui est en jeu est beaucoup plus que la réalisation du Tav en Val Susa. Parce qu’en luttant, ont a bien à l’esprit que la solidarité est quasi absente parmi ceux qui vivent leurs rapports dans le monde actuel. Que la dévastation de l’environnement est en train d’atteindre un point de non-retour (ou peut-être est-il déjà atteint) à travers toute la planète. Que la militarisation des endroits où nous vivons, des villes aux vallées, est en train de nous étouffer. Que le régime démocratique, même lorsqu’il se présente sous son visage le plus propre et le plus technique, est un chien de garde féroce et assassin.

Ce qu’on a à l’esprit est cet ordre des choses, inique et insupportable.

Après la chute d’un anarchiste d’un pylône en Val Susa, la solidarité et la complicité se sont élargies. Peu importe où : ce qui bout dans les veines est spontané et plus immédiat que toute réflexion ou analyse. Une pression et une agitation diffuses sont le sel pour la lutte contre la grande vitesse, mais également pour tout ce qui est en jeu. Les schémas ne représentent pas une boussole valable à suivre. Agir en individus est au fond faire ce qu’on se sent de faire, en Val Susa comme ailleurs, seuls ou avec les autres.

La discussion peut toujours aider, même lorsqu’il est opportun d’être prompts. La polémique, parfois un peu pesée, n’anime pas les esprits, au contraire elle les alourdit.

Traduit de l’italien par Non-fides de finimondo.

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29 février 2012 – L’expulsion de l’autoroute A32 et les charges de la police à Chianocco

 

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[Lyon No-TAV] – La lutte contre le Lyon-Turin bloque les trains à la Part-Dieu

Vers 13h30, ce jeudi, une trentaine de personnes, le visage dissimulé, a fait irruption sur les rails entre les gares de Jean-Macé et Perrache et jeté des projectiles sur les caténaires. Si la circulation des trains reprend progressivement, le trafic a subi d’importantes perturbations.
Ils étaient une trentaine, encagoulés, courant sur les voies entre les gares de Jean-Macé et de Perrache. A l’aide de sacs ou ballons lestés, ils ont visé les caténaires avant de disparaître.
Les trains en provenance de la gare de la Part-Dieu et en direction du sud se sont retrouvés bloqués dans l’agglomération lyonnaise. De même que ceux au départ de Perrache et en direction du nord. Des agents de la SNCF se sont aussitôt rendus sur place et tentaient de réparer les dégâts au plus vite.
Si vers 14h30 le trafic redémarrait peu à peu, d’importantes perturbations dans la circulation ferroviaire demeuraient.
Des forces de l’ordre ont été dépêchées sur les lieux mais on ignore à cette heure le sens de cette manifestation coup de poing.

Leur Presse : Le Progrès

Les médias, qui reprennent tous à peu près cette dépêche, semblent tout ignorer de la lutte actuelle contre le Lyon-Turin, alors qu’elle a pris une tournure dramatique dimanche, quand un opposant italien est tombé d’un pylone sur lequel il avait grimpé pour échapper aux flics, lors d’une énième action. Les actions d’opposition à la ligne à grande vitesse Lyon-Turin durent du côté italien depuis des années, principalement menées par les habitant-e-s du Val Susa, sans qu’ils ne soient jamais entendu-e-s par le gouvernement italien.

Une banderole en soutien à la lutte du Val Susa, et en opposition au Lyon-Turin, aurait ainsi été déployée lors de l’action, depuis un pont SNCF près de la route de Vienne (info reçue via la privacybox de Rebellyon).

ps : Ça permis aussi de retarder l’arrivée de Pécresse et Wauquiez et inquiéter Hollande (gros meeting ce soir à Lyon). C’est toujours ça de gagné.

Hier déjà une action a eu lieu à Lyon.

source: Rebellyon

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1-3-2012 Appel – BLOQUONS TOUT ET PARTOUT!!!

Pour Titti, grand-mère qui a maintenant une jambe cassée.
Pour Nicoletta, battue et humiliée.
Pour Alberto, arraché par la force.
Pour Marco, criminalisé parce qu’il traite un flic de « mouton», en le saluant d’un « A la fin je t’aime ».
Pour Ermelinda, à l’hôpital avec la tête ouverte par les matraques de Manganelli (chef de la police).
Pour les travailleurs du bar qui a ses vitrines éclatées par les flics et que personne ne va réparer.
Pour tousceux et toutes celles qui cette nuit ont été tapé(e)s et blessé(e)s.
Pour Luca, toujours coincé dans un lit d’hôpital.
Pour nos camarades en prison, pour ceux qui sont encore enfermés à la maison ou dans leur ville.
Pour nos pères et mères, pour nos enfants et petits-enfants.

 BLOQUONS TOUT ET PARTOUT !!!

À partir de 18h

traduit de l’italien de NoTav.info

 

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No TAV – Occupation du siège du Parti Démocratique à Rome

«Profits démocratiques»

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La bataille de Chianocco

1 mars 2012 - Chianocco (ValSusa - Turin)
-Charge des flics pour virer le blocage de l'autoroute
-Vidéo des émeutes à Chianocco pendant le blocage de l'autoroute
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[No-TAV] Occupation d’autoroute et répression

À l’annonce de l’ « accident » de Luca Abba et de l’élargissement de la future zone de chantier (voir brèves précédentes), l’autoroute traversant le Val de Suse a été occupée nuit et jour, à proximité du village de Bussoleno, et bloquée à l’aide de barricades faites de matériaux de toutes sortes (bottes de paille, barrières d’autoroute déboulonnées, bois, etc). Mardi, les flics ont tenté de mettre fin au blocage et sont intervenus pour chasser les occupants et balayer les barricades, ce qui n’a pas empêché les No-Tav de réinvestir l’autoroute directement après leur départ.

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Mercredi en fin d’après-midi, plusieurs dizaines de fourgons de flics se sont amassés sur l’autoroute et ont mis plusieurs heures à déblayer et éteindre les barricades en flammes, tandis que plus de mille personnes se rassemblaient autour d’eux, au rythme des « Giu le mani della val di Susa ! » et « Luca ! Luca ! Luca ! », ou encore frappant les barrières de l’autoroute avec des cailloux pour faire un maximum de bruit. Les no-tav refusant de se disperser, les flics ont fini par les matraquer, les arroser au canon à eau et balancer des grenades lacrymogènes comme s’il en pleuvait. S’en est suivie une course-poursuite entre la foule tentant de repartir en direction du village de Bussoleno et les carabinieri gazant et arrosant à tout va. À l’heure actuelle, l’autoroute est malheureusement aux mains des flics, la situation est calme et tout le monde est tout mouillé. Une assemblée du mouvement No-tav a lieu actuellement dans la salle des fêtes de Bussoleno. La lutte continue.

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Le Réveil, 29 février 2012.


Répression des No Tav au val de Suse

Interview de Luca de Radio Blackout, à propos de la répression de la manifestation No Tav (contre le TGV) de fin février dans le Val de Suse, au cours de laquelle un militant a été grièvement blessé. Voir aussi www.notav.info (en italien). Diffusé sur Radio Galère (88.4 MHz).

À écouter/télécharger sur le site Sons en luttes.


Répression militaire à Chianocco

Vidéo – Après un blocage d’autoroute, la police poursuit les manifestants jusqu’à l’intérieur d’un bar.

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Action de solidarité à Paris

Aujourd’hui, mardi 28 février, comme déjà hier dans plus de 40 villes en Italie, une initiative de solidarité avec la lutte de Val de Suse a eu lieu à Paris. Une banderole avec l’inscription « Solidarité avec la Val Susa. NO TAV » a été déployée Gare de Lyon pendant que des tracts ont été distribués aux voyageurs. Ici le texte du tract et quelques photos :

NO TAV Solidarité avec la lutte de Val de Susa
LIBERTÉ POUR TOU(TE)S

En Italie, depuis plus de 20 ans, un mouvement s’oppose à la construction d’une nouvelle ligne de train à haute vitesse (TAV) Turin-Lyon qui devrait passer, tout en détruisant le territoire, par la Val de Susa, une région montagneuse à côté de Turin.

Le mois dernier il y a eu une imposante opération judiciaire contre ce mouvement, avec plus de 30 arrestations pour essayer d’affaiblir la résistance et la diviser entre « bons » et « mauvais » manifestants.

Samedi 25 février une manif de 70.000 personnes a voulu exprimer sa solidarité avec les arrêtés et sa ferme volonté de continuer la lutte. Hier a eu lieu un énième acte de répression : les forces de l’ordre, dans le but de permettre l’élargissement du chantier, ont essayé de détruire la Baita Clarea, une petite maison construite par les No TAV sur le terrain qui doit être traversé par le tunnel de la ligne Tav.

Un nombre impressionnant de flics et de militaires a été utilisé pour l’opération d’expulsion. Alors qu’un groupe de militants était encerclé dans la Baita Clarea, l’un d’entre eux est monté sur un pylône électrique pour essayer de ralentir l’opération. Un flic a alors tenté de le faire descendre, sans filet ni outil de protection, manœuvre totalement assassine. Luca, après avoir annoncé qu’il ne se rendrait pas, a grimpé un peu plus haut et a pris une forte décharge électrique, faisant une chute de plusieurs mètres. Depuis il est hospitalisé en état de coma pharmacologique à l’hôpital de Turin et sa vie est en danger.

Dans certaines usines et écoles de la Vallée des grèves spontanées ont immédiatement été déclenchées, l’autoroute et les deux nationales restent aujourd’hui encore bloquées. Des mobilisations de solidarité ont eu lieu dans plus de 40 villes italiennes, et même à l’étranger, avec plusieurs manif’ sauvages et blocages de trains.

La résistance de Val de Susa, loin d’être l’expression d’un malaise local, est plutôt l’expression d’un refus radical des logiques économiques et politiques imposées par un système qui exploite et détruit territoires et populations.

Solidarité avec Luca et les inculpés de la lutte NOTAV !

Organisons-nous et faisons exploser notre rage face à la militarisation des territoires et la destruction de notre existence.

Paris, le 28 février 2012.

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Lyon : soutien à Luca et au mouvement No Tav

Une trentaine de personnes s’est retrouvée ce matin pour tagger le consulat général d’Italie à Lyon en soutien à la lutte contre le TAV et à Luca, activiste dans le coma suite à une altercation avec la police italienne. Retour en photos de l’action.

Rebellyon

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Seconde journée de résistance en Val Susa (dernières mises à jour à 16h30)

No Tav – Seconde journée de résistance (28 février)

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Lors de cette seconde journée de résistance, après une nuit sur les barricades sur tous les accès routiers vers la « zone d’intérêt nationale », les forces répressives reprennent du terrain. Vers deux heures du matin les barricades enflammées de Salbertrand ont été démantelées, et vers midi aujourd’hui celles à la hauteur de Chianocco (A32, nationales 24 et 25) l’ont été également à l’aide de canons à eau et de pelleteuses, après avoir été enflammées elles aussi à l’arrivée de la flicaille. Ils ont repris position, mais ils sont toujours là comme forces d’occupation et seront donc toujours confrontés à une opposition sans peur.

Vers 12h30, au cours de l’opération de Chianocco les Valsusains ont avancé avec les mains levées vers les troupes, qui les ont dispersés à coups de matraques — écouter l’audio sur Radio Blackout.

Le rassemblement est prévu à Bussoleno sur la place du Marché à 18h00.

Entre-temps les blocus de Chianocco se sont reconstitués sur les nationales 24 et 25 et sur la bretelle d’autoroute. L’autoroute est bloquée entre Avigliana et Susa dans les deux sens.

IL Y A DONC UN APPEL À VENIR GROSSIR LES RANGS

Pour des mises à jour en temps réel (en italien) : notav.info et Radio Blackout

Traduit depuis Informa-Azione.

Quant à Luca, il est maintenu dans le coma au moins jusqu’à la fin de la semaine, son état de santé s’est à peu près stabilisé.

Des blocages, cortèges, rassemblements ont lieu dans toute l’Italie.

Les Anonymous ont attaqué les sites des Carabinieri et de la Polizia.

28 février 2012.

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Expulsion de la Clarea, un camarade gravement blessé [en direct]

[dernière mise à jour 18h44]

L’expulsion et la destruction de la Clarea (le camp de résistance au chantier) ont commencé ce matin. Luca Abbà, résistant No-Tav, est monté sur un pylône électrique pour essayer de ralentir l’opération industrialo-militaire. Un flic a tenté de le faire descendre, manœuvre totalement assassine, sans filet ni outil de protection. Luca, après avoir annoncé qu’il ne se rendrait pas, aurait grimpé un peu plus haut et a pris une forte décharge électrique, faisant une chute de plusieurs mètres. La responsabilité des forces de l’ordre est irréfutable. Flics assassins.

De retour de la manif, samedi 25, les flics ont chargé très violemment les manifestants turinois dans la gare de Porta Nuova. Vidéo.

Radio Blackout suit en direct les événements en cours (en italien).

Luca, en direct sur Radio Blackout peu avant sa chute (vers 8h ce matin)
L’interview en italien sur Radio Blackout

[…] Je viens d’arriver à l’instant. Il y a un déploiement de flics énorme. Une vingtaine de personnes se sont fait arrêtés. J’ai grimpé sur un pylône électrique. Maintenant les flics essaient de monter pour venir me chercher. J’ai réussi à m’enfuir et à grimper. Ils sont en train de s’organiser pour monter avec des cordes. On cherche à les ralentir.
Aux flics : « Je suis prêt à m’accrocher aux câbles électriques si vous n’arrêtez pas !
La situation est tranquille, il n’y a pas trop de tension, mais beaucoup de flics. Je suis là, j’ai réussi à les berner, devant leurs yeux.
_ Radio Blackout : Des camarades nous ont dit que, d’après les flics, ils veulent prendre possession et mettre des barbelés non seulement autour de la Baïta, mais aussi des terrains aux alentours. Jusqu’à hiern, on ne connaissait pas les limites qu’ils avaient décidé.
_ Luca : Je ne peux pas répondre, je viens d’arriver. Je suis à 10m de haut, juste sous les fils électriques. Il y a des carabiniers alpins qui préparent des cordes. On va voir combien de temps je pourrais résister. J’essaierai de rester ici aussi longtemps que je pourrais. J’invite tout le monde à venir faire pression ici. La situation est encore gérable. S’il y avait des dizaines de personnes en plus, ce serait pas mal.
_ Radio Blackout : Mais il est où le pylône ?
_ Luca : En face de la Baïta, sur le sentier qui va à Vasche, à 30m de la Baïta.
_ Et quel sentier doit-on prendre pour arriver là ?
_ J’ai pris mon propre sentier, mais la montagne est grande, l’espace est sans limite. Je vous laisse, y a un carabinier alpin qui essaie de monter. Je dois me défendre.
_ Fais gaffe à toi !

 

En direct :

11h. Appel à une grève générale de 24h de la part du CUB Turin (Confédération Unitaire de Base) et de la Confédération des Travailleurs de Base COBAS de la basse vallée de Suse.

11h. Les lycéens de Oulx interrompent les cours et bloquent la station ferroviaire.

11h30. Les No-Tav rassemblés à Bussoleno ont bloqué l’autoroute et la route nationale SS25

12h. D’après les médecins et les camarades à l’hôpital, Luca risque de mourir. Il est actuellement en coma artificiel.

12h15. Les camarades ont également bloqué la deuxième route nationale de la vallée, la SS24. Les flics sont en train de passer par Sestrières.

12h30. Confirmation de la présence d’une quinzaine de No-Tav qui résistent encore à la Clarea.

14h35. Plusieurs témoins ont vu des convois militaires et des blindés partir de Turin.

15h37. Les quinze camarades arrêtés ont été relaĉhés par la police et ont rejoint Giaglione. Ils confirment que la Baïta n’a pas encore été détruite : elle est encerclée de barbelés.
Un camarade raconte sur Radio Blackout cette journée très difficile. Les policiers se foutaient de leur gueule pendant que le camarade gisait au sol. L’ambulance a mis 50 minutes à arriver.
Ils se sont également moqués d’un camarade en fauteuil roulant qu’on a dû transporter dans nos bras.
Sur la route des gorges, il y a trois nouveaux barrages.
Les troupes bivouaquent en Val Clarea.

18h. La gare centrale de Rome, Termini, est bloquée.

Rendez-vous :

11.30 Bussoleno – Concentramento alla rotonda Vernetto prima dell’ingresso a Bussoleno

13.00 Torino – Presidio davanti alla prefettura in piazza Castello

15.30 Torino – Presidio davanti al municipio in piazza Palazzo di Città

14.30 Milano – Appuntamento presso l’università Statale

15.00 Roma – Concentramento all’università La Sapienza (facoltà di fisica)

16.30 Napoli – Presidio in piazza Trento e Trieste

17.00 Torino – Presidio davanti alla sede RAI di via Verdi

17.00 Roma – Presidio in piazzale Tiburtino

17.00 Viareggio – Presidio alla stazione ferroviaria

17.00 Rho – Concentramento al Centro Sociale Fornace

17.00 Monza – Concentramento al FOA Boccaccio

17.30 Parma – Presidio davanti alla Prefettura

17.30 Firenze – Presidio davanti alla Prefettura

17.30 La Spezia – Presidio in corso Cavour angolo via Rattazzi

17.30 Saronno – Presidio davanti alla stazione ferroviaria

18.00 Bussoleno – Fiaccolata con concentramento in piazza del Mercato

18.00 Chivasso – Presidio in via Torino

18.00 Milano – Presidio in piazza San Babila

18.00 Vicenza – Presidio in piazza Castello

18.00 Asti – Presidio davanti alla Prefettura

18.00 Bologna – Presidio in piazza Nettuno

18.00 Brescia – Presidio in piazza della Loggia

18.00 Campobasso – Presidio davanti alla Prefettura

18.00 Lodi – Presidio alla stazione ferroviaria

18.00 Reggio Emilia – Presidio davanti alla Prefettura

18.00 L’Aquila – Presidio in piazza Regina Margherita

18.00 Palermo – Presidio davanti alla Prefettura

18.00 Cosenza – Presidio in piazza XI Settembre

18.00 Cagliari – Presidio in piazza Costituzione

18.00 Savona – Presidio volante con concentramento in Piazza Sisto IV

18.00 Genova – Presidio davanti alla Prefettura

18.00 Trieste – Presidio in via Valdrivio n° 30

18.00 Novara – Presidio in piazza Cavour

18.00 Padova – Presidio alla stazione ferroviaria

18.00 Benevento – Presidio davanti alla Prefettura

18.00 Cremona – Presidio in piazza Roma

18.00 Treviso – Presidio in piazza Aldo Moro

18.00 Crema – Presidio in piazza Duomo

18.00 Pisa – Presidio in piazza Logge dei Banchi

18.00 Mantova – Presidio davanti alla prefettura

18.00 Modena – Presidio in piazza Torre

18.00 Nuoro – Presidio in piazza Sardegna (Quadrivio)

18.30 Latina – Presidio ai giardini pubblici

18.30 Reggio Calabria – Presidio davanti alla Prefettura

18.30 Alba – Presidio in piazza del Duomo

18.30 Imperia – Presidio in piazza San Giovanni

19.00 Napoli – Presidio in stazione Centrale

19.00 Perugia – Presidio in piazza IV Novembre

19.00 Trento – Concentramento solidale in piazza del Duomo

19.00 Bergamo – Presidio davanti al municipio

19:00 Salerno – Stazione Centrale

 

Sources : Annares-info, Radio Blackout, Inform-azione,

 

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Grande manifestation internationale NoTav le 25 février 2012

samedi 25 février 2012 13h à Bussoleno (ValSusa, Turin)

On part et on rentre ensemble. Derrière ces barricades-là, dans ces bois-là, devant ces barbelés-là, on y était tous. Liberté pour les arretés en ValSusa. Maintenant et pour toujours: NO TAV !

Venez nombreux donner votre solidarité internationale à la population de la vallée!

Publié dans En Italie - Val de Suse & Turin | Marqué avec , , | Commentaires fermés sur Grande manifestation internationale NoTav le 25 février 2012

Les arrêtés des NO TAV protestent dans leur prison. Traduction de leur lettre

Les cama­ra­des Non Tav déte­nus près de la prison delle Vallette nous ont fait par­ve­nir une lettre dans laquelle ils dénon­cent les condi­tions lour­des de déten­tions. Dans la jour­née d’hier, en même temps que le ras­sem­ble­ment musi­cale, orga­nisé en sou­tien des arrê­tés du 26 jan­vier, ils ont donné cours à une pro­tes­ta­tion. Suite à cette contes­ta­tion de l’auto­rité de la prison et à la lettre, Tobia a été trans­féré pour les sépa­rer. Traduction de la lettre :

A tous les cama­ra­des

Nous vou­lons vous faire savoir qu’hier pen­dant que se dérou­lait le concert de sou­tien devant la prison, nous avons pro­testé contre les lour­des condi­tions de déten­tions.

Les déte­nus ont droit, selon une dis­po­si­tion minis­té­rielle, à 4 heures d’air libre par jour. En fait ce sont 2 heures, au mieux, qui nous sont accor­dés ; temps pen­dant lequel, selon eux, les déte­nus devraient pou­voir se ren­contrer.
Il y a encore peu, durant ce temps, ils venaient ouvrir les cel­lu­les et il était auto­risé de cir­cu­ler dans le cou­loir ou dans d’autres cel­lu­les. En der­nier recours, ils nous font sortir de force et, après un quart d’heure, nous font retour­ner dans les cel­lu­les que nous ne vou­lions pas quit­ter.
Dans ces ces jours d’appa­ri­tion du grand froid, il nous est impos­si­ble de sortir à l’air libre parce que la cour est enva­hie par la neige et nous ne sommes pas équipés des chaus­su­res adap­tés. Si tu ne sors pas dehors, ils t’obli­gent à rester enfermé dans ta cel­lule.

Hier soir, dans notre sec­tion, les condi­tions se sont aggra­vées. Au lieu d’ouvrir toutes les cel­lu­les en même temps, ils nous emme­naient un à un dans la cel­lule que nous choi­sis­sions et nous y ren­fer­maient.
Lorsqu’ils nous ont rou­vert (nous Tobia et Giorgio) nous avons refusé de retour­ner dans nos cel­lu­les et sommes restés dans le cou­loir. Alors ils ont essayé de monter les autres pri­son­niers contre nous en leur disant que tant que nous résis­te­rions, ils n’ouvri­raient plus à per­sonne. Après avoir consulté les autres déte­nus, nous avons décidé de ne pas aban­don­ner.
Après quel­ques mena­ces, ils ont appelé la « squa­dretta » (sûre­ment des unités d’inter­ven­tion), com­po­sée d ’une demi dou­zaine d’agents mus­clées, dans le but de nous inti­mi­der. Face à notre refus de nous faire ren­fer­mer, ils ont usé de force pour nous y faire ren­trer contre notre grès, sans pour autant nous matra­quer.

Une dizaine de minu­tes plus tard, nous avons été convo­qué par le direc­teur qui, sur un ton pater­na­liste et aima­ble, se lamen­tait sur le fait que c’était la troi­sième fois qu’ils avaient à uti­li­ser ces pro­cé­dés contre nous. Après lui avoir pré­cisé que nous ne cher­chions pas à avoir un trai­te­ment de faveur ni de pri­vi­lè­ges per­son­nels, nous lui avons pré­senté une série de deman­des pour amé­lio­rer nos condi­tions de réten­tions.
Le direc­teur nous a répondu qu’il y réflé­chi­rait et qu’il nous le ferait savoir.

Comme les ban­quiers cher­chent à faire payer la crise aux tra­vailleurs, en prison on tâche de faire payer le sur­peu­ple­ment aux déte­nus. Les fonds pour l’entre­tien des déte­nus dimi­nuent pro­gres­si­ve­ment (les­sive, papier hygié­ni­que, etc… ), et, avec l’excuse des dif­fi­cultés de ges­tion impor­tan­tes, agra­vent aussi le non res­pect des normes d’hygiè­nes et de sécu­ri­tés.

La lutte conti­nue.

Les déte­nus du 26 jan­vier 2012
Giorgio et Tobia
Carcere Lorusso e Cutugno (nom de la prison)
Via Pianezza 300
10151 Torino

sour­ces :
www.notav.info : la lettre en ita­lien
www.notav.eu : arti­cle concer­nant le trans­fert.

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Le parfait manifestant…

Depuis le temps que des générations de militants cherchent un manuel de bonne conduite en manif, on ne peut que saluer le texte de cette anonyme du Val de Suse, publié très récemment dans le journal italien « Invece ». En 20 points, tous les fondamentaux sont abordés, de l’habillement (fleuri, de préférence) aux slogans (sympathiques, c’est mieux). Une Bible, pas moins…

Rédigé par une dame italienne très respectable et nullement excitée, le texte qui suit est une réaction aux délires politico-médiatiques qui accompagnent la répression du mouvement « No-Tav », en lutte contre l’entreprise politico-mafieuse qui vise à détruire un peu plus le Val de Suse (TAV est l’acronyme italien de « train à grande vitesse »). 21 personnes sont encore en prison à la suite de la rafle opérée le 26 janvier en liaison avec les bagarres du 3 juillet (une manif avait marché jusqu’aux grillages protégeant le fortin de la police édifié là où devrait commencer le chantier)1.

***

LE PARFAIT MANIFESTANT

1. Il ne DOIT pas s’habiller en noir ou en marron foncé ou en bleu marine (on ne sait jamais).

2. Il doit marcher de manière digne et/ou danser, sautiller, faire la ronde (mais il ne faut PAS que tout le monde se couche par terre… ça gênerait la progression du cortège).

3. Il doit lancer des slogans créatifs, ironiques, sympathiques. Rimés ou sous forme de sonnets, c’est encore mieux.

4. Dans les slogans, il ne doit pas faire référence à des situations antipathiques, blessantes envers les forces de l’ordre, ni faire allusion même vaguement à d’imaginaires désagréments. Les slogans agressifs sont l’antichambre du blackblockage.

5. Il vaut mieux que les manifestants défilent en costume de petit cochon, de Cendrillon, de Donald, etc., de manière à ce que tout le monde s’amuse. Si la manif ressemble à un carnaval, personne ne s’inquiètera.

6. Le bon manifestant doit aider les vieilles dames à traverser la rue.

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Banksy

7. Le bon manifestant doit veiller à ce qu’aucun de ses voisins de défilé ne se laisse aller à des gestes coléreux du genre : cracher, se curer le nez, péter, agiter les bras de manière désordonnée. En de tels cas, il doit avertir les forces de l’ordre et faire arrêter les violents.

8. Attention : il est inutile de faire tout cela si par la suite on jette un regard méchant. Pas de regards méchants… ça met les gens de mauvaise humeur.

9. Le bon manifestant ne doit utiliser aucune espèce de couvre-chef, de manière que son cuir chevelu puisse accueillir la rencontre avec la raisonnable matraque d’autodéfense. L’utilisation du casque, en plus de mettre les gens de mauvaise humeur, est un geste de provocation sans équivoque… Il s’oppose au bon travail des forces de l’ordre et peut être utilisé comme une arme terrible (je connais un casque qui à lui seul a détruit un quartier entier). Et puis pourquoi mettre un casque et se couvrir le visage si on a sa conscience pour soi ? Qui est en paix avec soi-même n’a pas besoin de paravent ; d’ailleurs, les vrais sages se promènent avec une pancarte portant leurs nom, prénom et adresse écrits en gros caractères et tendent la tête à l’ennemi. S’ils en ont une autre, ils tendent aussi l’autre tête.

10. Le bon manifestant doit être en mesure de respirer de très nocifs gaz lacrymogènes sans faire d’histoires. S’il tousse, il doit mettre sa main devant la bouche (mais sans se couvrir le visage). Mettre un masque anti-gaz est considéré comme un comportement vraiment mal élevé ! Évidemment, suite à ça, les forces de l’ordre se sentent obligées d’envoyer les gaz lacrymogènes.

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Banksy

11. Le bon manifestant doit aimer les forces de l’ordre, les respecter, les inviter à dîner, leur offrir une rose, les courtiser avec gentillesse, les écouter et les accompagner à la maison sans exercer aucune pression.

12. Une alternative : il peut considérer les forces de l’ordre comme une maman, leur obéir, ne pas les critiquer et les aider à faire le ménage.

13. Le bon manifestant doit considérer que les black blocs ne sont pas des jeunes vraiment en colère (comme quelques fous l’insinuent) mais bien l’incarnation du mal à l’état pur. Ils ne sont pas humains, ils apparaissent et disparaissent au milieu d’une mer de langues de feu, ils existent depuis des milliers d’années, s’infiltrent partout (même entre les carreaux de la salle de bain) et se souillent des crimes les plus horribles et indicibles : l’autre jour, j’ai vu un black block qui piétinait le géranium d’un jardin d’immeuble !

… Et qui nous dit qu’ils n’ont pas pris part à la crucifixion de Jésus ?

14. Donc, l’idéal serait d’apporter un lasso de cowboy… Et dès qu’on voit un black block, on le prend au lasso et on le remet aux forces de l’ordre qui lui parleront longuement et, devant une tasse de thé et des petits fours, essaieront gentiment de lui faire comprendre qu’il se trompe.

15. Il ne peut pas y avoir de confusion : le bon manifestant s’habille de couleurs vives et joyeuses, avec des images de fleurs, de petits lapins, d’arc-en-ciel, etc. Très à la mode : le style alternatif-inoffensif.

16. L’idéal serait que le bon manifestant repère les black blocks de manière préventive. Méfiez-vous des gamins et des gamines très jeunes… ce sont presque tous des black blocks en herbe envoyés directement par Satan. On dirait des mineurs mais ce sont de perfides vampires d’au moins 150 ans chacun.

17. Donc, le bon manifestant déteste les black blocks et considère les banquiers, les notaires, les financiers, les armateurs, les commerçants, les pharmaciens, les sociétés pharmaceutiques, le FMI, etc. comme ses frères, tous unis dans les malheurs de ce monde voleur… Au fond, ne sommes-nous pas tous précaires dans cette vie incertaine ? Et dans ce cas, pourquoi brûler le 4×4 d’un pauvre expert-comptable… la vitrine d’un pauvre bijoutier… la poubelle d’un pauvre poubellier ? Nous sommes tous dans le même bateau, moi et ma petite maman, toi et Briatore2. Non… heu… Briatore est dans son bateau à lui… mais c’est quand même un bateau.

18. Le bon manifestant abhorre, déteste, se dissocie, dénonce, est horrifié, frissonne d’horreur, est horripilé devant… la violence. Le bon manifestant sait que l’exploitation désormais totale par les patrons N’EST PAS de la violence : c’est un comportement répréhensible à considérer au maximum en levant le sourcil. La vraie violence qui menace les braves gens… ce sont les actions des black blocks. On ne sait pas en vertu de quelle logique mais tout le monde le dit et donc c’est comme ça.

19. Le bon manifestant exprime son point de vue de manière PACIFIQUE. Les défilés ne doivent en aucune manière inquiéter les citoyens qui, sans eux, auraient profité d’une belle journée de shopping. Ils ne doivent pas angoisser les malheureux qui ont déjà tant de difficultés à joindre les deux bouts, et encore moins attrister les pauvres commerçants du centre-ville, notoirement indigents. Et puis (horreur), vous rendez-vous compte que dans une manifestation agitée il peut se trouver aussi des personnages innocents, purs, sincères et courageux, comme les représentants de la presse et de l’information ?

20. En somme, le bon manifestant doit être présentable aux yeux des politiciens et des patrons. Si les manifestants se comportent mal, il est clair que les politiciens se sentent en devoir de ne pas les écouter et de les envoyer au lit sans dîner. Les puissants NE DOIVENT PAS penser avoir affaire à une manifestation de gens vraiment en colère, ce n’est pas bien. Eux ne sont ni des criminels ni des délinquants et ils s’indignent beaucoup en voyant des actes de terrifiante violence tels que le lancer d’une brique ou l’incendie d’une poubelle. Il ne faut pas se plaindre si ensuite (comme à Gênes) leurs subordonnés démolissent des milliers de jeunes et en tuent quelques-uns. Les forces de l’ordre en tenue anti-émeute (justement) prennent peur lorsqu’ils sont confrontés à une bande d’adolescents loup-garous. Et tout le monde sait que quand on a peur (à raison), on réagit mal.

Enfin, sur la base de tout que j’ai entendu à la télé au sujet des manifestations d’aujourd’hui, je pense qu’il n’existe qu’une solution logique : à partir d’aujourd’hui, dans les manifs, il convient de faire défiler directement et uniquement les forces de l’ordre et les militaires. Comme ça, nous aurons des cortèges tranquilles, parfaits et rassurants. Doux comme l’huile de ricin.


1 Une pensée pour Gabriela, en particulier, qui participa aux Nuits du 4 août, et qui a froid dans sa prison pour femmes de Turin, où le chauffage est cassé.

2 Briatore : manager de Formule1, exemple de nouveau riche arrogant à l’italienne, dont le yacht a été placé sous séquestre pour fraude fiscale.

texte publié sur Article 11 le 8 février 2012, traduit par Serge Quadruppani.

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