Une extraordinaire journée de lutte et mobilisation a animé l’Italie en ce samedi 22 février pour s’opposer à la criminalisation des luttes sociales et demander la libération immédiate de Chiara, Claudio, Niccolò et Mattia et des autres camarades qui subissent des mesures de restriction de liberté. Camarades du mouvement No Tav mais également des autres luttes touchées ces dernières semaines par des opérations judiciaires très « créatives », comme le Movimento di lotta per la casa (Mouvement de lutte pour la maison) de Rome et les Precari Bros (précaires) de Naples.
« Terrorisme », « vol à main armée », « extorsion » … la langue fourchue du pouvoir remanie le langage pour légitimer et poursuivre la dévastation des territoires. Les milliers de personnes descendues dans la rue aujourd’hui ont démontré qu’une part consistante du pays n’accepte pas d’être bâillonnée par une presse qui voudrait parler à sa place.
3000 personnes à Chiomonte ont assumé leurs responsabilités au cri de « Nous sommes tous des terroristes », en insistant sur la différence entre le sabotage d’un projet dévastateur et le terrorisme de ceux qui persécutent toutes les résistances et au sens propre du terme diffusent terreur au sein des populations. La voix off du journal télévisé de Rai 3 doit bien admettre que personne ni à Turin, ni à Chiomonte est disposé à prendre ces distances de ce qui est considéré par toutes et tous comme des actes de résistance légitimes..
A Turin le rassemblement le plus important : 5000 personnes ont défilé dans les rues du centre-ville escorté par un imposant dispositif d’unités anti-sommosa (équivalent des CRS) mobilisées pour protéger les objectifs dits sensibles : la gare de Porta Nuova et le siège de LTF (Lyon-Turin Ferroviaire). La presse tente de minimiser la mobilisation en parlant de 2000 personnes à Chiomonte et un millier à Turin (alors que la tête de la manifestation tournait déjà rue Madama Cristina tandis que la queue était toujours place Castello). Le problème est clairement politique et il est difficile d’admettre qu’aujourd’hui le mouvement No tav, dans la ville de Chiamparino et Agnelli, mobilise plus et mieux que tous les partis ou syndicats. L’hétérogénéité de la composition du cortège été particulièrement frappante : parents et poussettes, jeunes et moins jeunes, multiples collectifs politiques et personnes sans appartenance politique, hommes et femmes. Tou* conscients que le procès contre Chiara, Niccolò, Mattia et Claudio met en jeu les possibilités futurs de résister et se battre pour une vie qui vaut la peine d’être vécue.
Les manifestations et initiatives ont été nombreuses et participées dans toute l’Italie.
A Pozzolo, en Val Scrivia, 500 personnes du mouvement No Tav Terzo Valico ont arraché des kilomètres de grillage autour du chantier en construction, tandis qu’une centaine manifestait à Gênes.
A Rome, la journée de solidarité croisait la mémoire de l’antifasciste Valerio Verbano et de sa mère, précieuse gardienne d’une mémoire sociale antifasciste dans la ville de Rome. De milliers de personnes ont traversé le quartier de Tufello.
Ils étaient nombreux à Naples, pour crier à nouveaux leur soutien aux 10 chômeurs arrêtés la semaine dernière.
Diverses milliers de personnes aussi à Milan, une manifestation qui s’est conclu aux portes de l’Expo en s’attaquant aux banques et portails qui clôture la plus grande aire séquestré d’Italie afin d’assurer un nouveau gaspillage payé par les caisses publiques et touchant le territoire.
A Modena les comités qui luttent contre la gestion PD-ina (de centre gauche) du post-tremblement de terre sont descendus dans la rue.
A Mestre, le péage autoroutier a été levé pour dénoncer le gaspillage de ressources publiques et donner des pistes de résistance à la crise.
Plus de 300 personnes à Pise dans un rassemblement qui liait la solidarité à la Valle di Susa avec la bataille pour le droit à un revenu et à la dignité. Ils étaient tout autant à Florence.
A Caltanisetta, plus de 500 personnes se sont réunis à l’appel des No Muos.
Ils étaient aussi des centaines à Bari, à Brescia, à Livourne, et dans les autres villes du Piémont, de la Vénétie et de la Toscane.
Il n’y a pas encore d’estimations exactes de la participation à cette journée, mais les initiatives ont été très nombreuses. Sans oublier le rassemblement à Athènes en solidarité No Tav et la grande manifestation nationale à Nantes contre l’aéroport Notre -Dame-des-Landes.
Texte publié sur Comité No TAV Paris