Le projet TAV Gênes-Tortone, nommé aussi TAV – Terzo Valico (troisième tunnel), prévoit aujourd’hui 53 km de voies dont 39 de tunnel. Le creusement d’un troisième tunnel d’une montagne faisant partie des Apennins qui séparent Gênes du Bas-Piémont est planifié. En effet, deux tunnels ferroviaires, qui permettent non seulement le transport de marchandises du port de Gênes à Milan et Turin, mais aussi des passagers au départ de Gênes, sont déjà en service mais très mal entretenus et utilisés. Les coûts de réalisation du TAV Terzo Valico est estimé à 6,2 milliards d’euros de fonds publics tandis que la gestion des voies, au cas où la construction s’achève, sera entièrement privée.
La volonté de construire un Tav entre Gênes et Milan date de 1991 alors qu’un « Grand Projet » de ligne à haute vitesse (TAV) pour le transport de passagers devait s’étendre sur 120 kilomètres. Au fil du temps, les coûts ont augmenté et le projet a été revu à la baisse. Lorsque le motif du transport de passager est devenu ridicule, le projet a invoqué la nécessité de transporter des marchandises du port de Gênes (qui déborderait littéralement de conteneurs). Le train devient donc à « haute capacité ». En réalité, des 5 millions de containers prévus pour 2010, il n’en reste aujourd’hui que moins de 100 000 en transit sur les deux lignes déjà existantes.
En outre, si les chantiers devaient commencer, ils produiraient d’incroyables dommages au sein des zones concernées, répandant l’amiante présent en grande quantité dans les montagnes, asséchant les nappes phréatiques, accaparant des dizaines d’hectares de terres fertiles, augmentant la quantité des poussières de particules fines, et multipliant le trafic de poids lourds sur les routes.
La mise en œuvre du projet a été octroyée à COCIV, un consortium créé exprès par l’Etat où s’alternent depuis longtemps et sans appel d’offre des entreprises privées. Les entreprises concernées sont susceptibles d’infiltrations mafieuses. En 2003, trois chantiers illégaux entre Gênes et le Bas Piémont ont été bloqués par la police car les chefs des entreprises concernés, des politiciens et l’ancien administrateur délégué de la Société Ferroviaire d’Etat étaient accusés de grave escroquerie contre l’Etat pour un montant de 50 millions d’euros. Hélas, un des suspects coupables, un sénateur du PDL (centre droite), a bénéficié d’une loi (Loi ex-Cirielli) qui a permis la prescription du délit. Tous innocents, tous libres ! Ainsi une des entreprises de Cociv est mêlée à la construction de l’autoroute Salerno- Reggio Calabria : grand scandale d’une construction commencée dans les années 1960 et jamais achevée. De même qu’une autre entreprise gère non seulement bon nombre d’autoroutes dans le Nord de l’Italie, mais possède aussi la gare intermodale de Tortone où la ligne du Tav-Terzo Valico devrait, comme par hasard, s’arrêter.
En janvier 2012, le gouvernement a alloué de nouveau des financements (en oubliant que le projet a déjà été financé) pour redémarrer le projet. A cette date le Cociv a perçu 1 820 millions d’euros pour réaliser une première tranche de 2 lots sur les 6 prévus. A partir de janvier 2012, lorsque ces fonds ont été débloqués, les comités locaux se sont multipliés dans les différentes villes concernées par le projet « TAV Terzo Valico », redonnant un nouvel élan à un mouvement populaire né en 1991, aujourd’hui plus vivant que jamais. Actuellement on compte une vingtaine des comités qui se rencontrent et s’organisent chaque semaine entre la Ligurie et le Bas-Piémont. De début 2012 jusqu’à aujourd’hui, le mouvement a organisé une demi-dizaine de manifestations d’environ 3000 participants (un nombre important si l’on considère que le projet implique uniquement des petites villes) et une centaine d’assemblées publiques d’information et de débats.
Depuis juillet 2012, le Cociv a tenté d’effectuer les expropriations des maisons et des terrains, mais celles-ci ont été empêchées grâce à la résistance des militants qui ont parfois dus s’interposer physiquement. Bien que la répression exercée par l’Etat ait augmentée avec des amendes, des avis d’expulsions, des perquisitions et des chefs d’accusations très graves, le mouvement No Terzo Valico continue à agir et informer. Certes, les vieilles zones de chantiers des années 1990 sont à nouveau en fonction, mais le mouvement a réussi lors de ses dernières initiatives à envahir les terrains et empêcher l’ouverture de nouveaux chantiers.
Le mouvement No terzo valico continuera la lutte jusqu’à l’abandon définitif du projet. Que le Cociv cesse de s’approprier nos terres !
A SAIA’ DÜA !