Ce vendredi 19 juillet 2013 avait lieu une marche nocturne en direction du chantier militarisé du TAV en Val de Suse, qui a regroupé quelques 500 personnes. Encore une fois, habitants et personnes solidaires étaient venus affirmer l’opposition au Lyon-Turin et défendre la vallée, en face de ce fortin occupé en permanence par les carabiniers et les militaires chargés d’assurer l’avancée du creusement de la première descenderie côté italien (184 mètres en vingt ans …).
Ce soir là, les forces policières ont fait 9 arrestations et au moins 63 blessés graves chez les manifestants, outre les blessés légers et les innombrables intoxications aux gaz lacrymogènes. À peine la marche avait-elle commencé que la préfecture publiait des communiqués délirants sur l’épouvantail des « black blocs infiltrés dans les rangs des Valsusains », afin de justifier un déchaînement de violence policière bien préparée : charges sur des sentiers étroits en pleine nuit de manière à prendre en étau les NO TAV, tirs de lacrymogènes à hauteur de visage, matraquages copieux, y compris sur des personnes âgées. Lorsque des groupes plus jeunes tentent de s’interposer, plusieurs sont arrêtés. Pour ceux qui réussissent à échapper aux policiers, commence une longue traque à travers les bois et un retour périlleux jusqu’au village voisin de Giaglione.
Neuf personnes sont arrêtées dans la confusion, et traînées à l’intérieur du chantier où sont déjà présents les deux procureurs Padalino et Rinaudo, chargés de la répression du mouvement NO TAV. La présence policière à l’intérieur est massive, et ils vont se défouler sur les arrêtés : ils sont alors insultés, humiliés, tabassés lorsqu’ils passent entre les rangs des policiers. Parmi les arrêtés, Marta, une camarade de Pise, alors qu’elle était passée à tabac, a subi des actes d’agression sexuelle par les « forces de l’ordre »: « À partir du moment où ils m’ont arrêtée jusqu’à celui où ils m’ont amenée à l’intérieur du chantier, ça a été dix minutes d’horreur. J’ai reçu un coup de matraque au visage, ils m’ont attouchée sur les parties intimes et ils m’ont insultée ».
La réaction du mouvement ne s’est pas fait attendre : dès samedi, une conférence de presse a été organisée pour contrer la version policière des événements, dimanche s’est tenu un rassemblement sous la prison de Turin où étaient retenus les prisonniers, et lundi diverses actions de soutien menées à Susa. Enfin, mardi soir, une marche aux flambeaux regroupant des centaines de personnes a défilé dans les rues de Susa, passant notamment sous l’hôtel Napoléon qui héberge les troupes d’occupation, sous la mairie ou encore devant la maison du maire, rappelant lors de pauses régulières les infamies commises.
Sur les neuf, deux avaient été libérés dans la nuit de vendredi à samedi, tandis que les sept autres ont été relâchés dans la journée de mardi mais sont assignés à résidence ; tous restent sous le coup de diverses accusations qui leur vaudront certainement un procès.
Pendant ce temps, en France, la SNCF s’apprête à signer un chèque de 1 milliard d’euro à Alstom pour la construction de nouvelles rames de TGV. Ce qui, après les annonces gouvernementales de ralentissement des grands projets d’infrastructures, et après la catastrophe de Bretigny-sur-Orge, semble pour le moins contradictoire… Mais les intérêts des industriels n’attendent pas. La matraque dans une main, le chéquier dans l’autre, les États leur assurent un avenir radieux.
Comité No Tav Savoie