Un bilan du 3 décembre par le collectif No Tav Savoie

Lundi 3 décembre 2012, François Hollande et Mario Monti se réunissaient à Lyon en compagnie d’une nuée de ministres, pour entériner le projet de ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin.Quelques jours plus tôt, la Coordination des Opposants au Lyon – Turin organisait son «  avant-sommet  ». A cette occasion, les premiers bus de camarades italien.ne.s tentant de franchir la frontière pour nous rejoindre ont été stoppés net, trois jours avant toute présence présidentielle dans la capitale des Gaules, ce qui a déclenché des réactions d’indignation.

On sait pourtant, d’expérience, que les «  sommets  » entre chefs d’Etat donnent très souvent lieu à une répression aussi féroce qu’absurde.Du côté du pouvoir il n’y avait pas grand-chose à attendre de ce coup de communication du 3 décembre. En effet, une fois les huiles remontées dans leurs avions, ne restait qu’un énième accord de principe au sujet du Lyon – Turin, la promesse de la création d’une nouvelle société gestionnaire (annoncée depuis des années), et les sourires figés d’élus rassurés de faire avancer les négociations sur des contrats de BTP.

Et nous  ? Nous le mouvement NO TAV  ?

Commençons par saluer la ténacité des camarades italien.ne.s, parti.e.s en bus tôt le matin, qui ne sont arrivé.e.s à Lyon que vers 15h, après de multiples contrôles et les premiers coups de matraque au péage de St Quentin Fallavier. Comme à Chambéry en janvier 2006, où plus de 3000 personnes avaient défilé dans les rues du centre-ville, le 3 décembre 2012 a été l’occasion de marquer une nouvelle étape dans la consolidation d’un mouvement NO TAV unique de part et d’autre de la frontière. Car dans cette Europe des polices et de l’argent, les frontières existent encore. La fermeture de la porte au nez des indésirables n’est qu’une piqûre de rappel. Et ce TGV entre la France et l’Italie, s’il existe un jour, ne reliera que ceux qui déjeunent à Paris avant de faire du shopping à Milan. En appel à cette journée du 3 décembre, les NO TAV italien.ne.s clamaient «  cette fois-ci, le Turin – Lyon, c’est nous qui le faisons !  », ce qu’ils ont fait, malgré les nombreux obstacles rencontrés sur leur chemin.

L’accueil à la gare des Brotteaux, lieu du rassemblement, a été à la fois joyeux et glacial. Les italien.ne.s ont triplé le nombre des manifestant.e.s, et ont pu découvrir notre version Socialiste de la répression, celle qui traite les mouvements sociaux au moins aussi bien que sa soeur de droite. En un rien de temps la place a été bouclée et transformée pour quelques heures en une prison à ciel ouvert, froide et humide. C’est entouré.e.s de RG, de la Brigade Anti-Criminalité, de commissaires, d’infiltré.e.s, de centaines de CRS, Gardes Mobiles et du RAID que pétards, feux d’artifices, fanfare et prise de paroles se sont déroulées, peinant à couvrir le bruit des hélicoptères qui volaient bien bas ce jour là. Dans ce décor, on ne pouvait que se féliciter que la Coordination ait renoncé, au dernier moment, à envoyer une délégation discuter avec des représentants du gouvernement. Le dénouement est arrivé pour nous vers 19h, quand une des grilles anti-émeute s’est généreusement ouverte et que les bus italiens ont été évacués et gazés par les policiers montés à bord. Les dernier.e.s opposant.e.s présent.e.s ont quitté la place et ont été interpellé.e.s deux rues plus loin. Sept heures à piétiner, une cinquantaine d’arrestations  : un bilan bien mitigé.

Après cette journée difficile, il nous faut passer à autre chose, aller de l’avant. Le Collectif NO TAV Savoie réaffirme donc haut et fort la nécessité de continuer le combat contre le Lyon – Turin côté français. Comme en Italie, c’est par la multiplication, tout au long du tracé, de Comités de lutte indépendants, déterminés et organisés que nous poursuivrons la construction du mouvement NO TAV.

A sara düra  !

publié sur No TAV Savoie (15/12/12).
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