Samedi 22 février 2014 à Chambéry

Journée d’action internationale contre le déménagement du territoire

dès 10h : rendez-vous aux jardins de la Cassine (menacés par un projet de
quartier d’affaires en lien avec la nouvelle gare et le Lyon-Turin) pour faire
un inventaire des travaux de jardins pour la nouvelle saison, redéfinir les
parcelles (il y en a des nouvelles).
12h30 : repas partagé sur place
14h30 : si suffisamment de personnes, manif en ville pour informer les
habitants et les passants de l’inutilité de certains projets (NDDL, centre
d’affaires de la Cassine, pont Gambetta… et TGV Lyon-Turin !)

Rejoignez-nous ! Défendons notre futur !

Comité NO TAV Chambéry

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Lyon : une boutique SNCF attaquée en solidarité aux No TAV

Dans la nuit de dimanche 09 à Lundi 10 février 2014, notre rage contre la ligne TGV Lyon-Turin et son monde s’est exprimé par plusieurs impacts sur les vitrines de la boutique SNCF de la rue des Frères Lumières à Lyon.

Un tag « NO TAV, liberté pour toutes et tous » laissé sur le mur à coté est venu rappelé toute notre solidarité et notre soutien pour Claudio, Chiara, Mattia et Niccolo. Qu’ils-elles soient coupables ou non, cela ne nous intéresse pas. Nous les voulons libres. Tout de suite.

Lu sur : Indymedia Nantes

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Appel à mobilisation et occupation contre le barrage de Sivens, pour la sauvegarde de la zone humide du Testet

sauvegardezonehumideAppel à mobilisation, occupation, réoccupation et actions décentralisées contre le barrage de Sivens, pour la sauvegarde de la zone humide du Testet

La magnifique vallée du Tescou est menacée par un projet de barrage. En bordure de la forêt de Sivens à 10 Km de Gaillac (Tarn), c’est 35 hectares de zone humide, forêt et bouilles* qui doivent être noyées pour satisfaire les besoins de l’économie capitaliste : un gros chantier pour une grosse entreprise (la CACG) et de l’eau à profusion pour favoriser l’agriculture intensive. 18 hectares classés «zone humide» sont concernés, ainsi que de la forêt. Parmi les nombreux animaux sauvages qui y vivent, on compte une centaine d’espèces  « protégées » dont cinq menacées.

Le projet est financé intégralement par des fonds publics (dans les 10 millions d’euros) et doit servir uniquement des intérêts privés. Il a été mené en contournant les lois trop contraignantes et en jouant sur les chiffres pour fausser les dossiers. Les alternatives proposées ont été occultées par les politiques qui ont scrupuleusement suivi les consignes de leurs amis affairistes en leur apportant une caution démocratique.

Depuis le mois de novembre, nous avons déjà bloqué plusieurs tentatives de « déplacements d’espèces » et les opérations d’une équipe de géomètres. Le projet est peu connu par la population locale qui n’a presque pas été informée, mais le potentiel de soutien est grand. Un gros travail de communication reste à faire. Nous occupions depuis le 23 octobre 2013, une ancienne ferme à l’abandon, la Métairie Neuve, jusqu’à ce qu’elle soit saccagée par une vingtaine d’individus cagoulés le 23 janvier. Les 25 et 26 du même mois, une cabane et un campement étaient collectivements reconstruits sur un autre terrain, la « Bouillonnante », situé sur la « Zone à Défendre » proprement dite.

Une procédure judiciaire a abouti à une ordonnance d’expulsion pour le terrain occupé, sans qu’aucun huissier ne se soit présenté, ni que personne ne nous ait prévenu officiellement. On nous réserve donc une expulsion « surprise ». Les promoteurs du projet sont tenus par des délais très serrés (arrêtés préfectoraux et conditions des financements européens). Nous nous attendons donc à une expulsion imminente et à une accélération des opérations. Nous sommes à une période charnière du projet et les semaines à venir seront décisives.

En cas d’expulsion, nous appelons touTEs les individuEs, comités, collectifs et autres forces de résistance à organiser des actions décentralisées auprès des entreprises et institutions porteurs du projet: CACG, Adour Garonne, conseils généraux du Tarn et du Tarn et Garonne, ou auprès des représentations locales des institutions ayants pris partie dans le projet: préfectures (état), DREAL (ministère de l’écologie), communanuté européenne.

Dans tous les cas et dès maintenant, le collectif « Tant qu’il y aura des bouilles » appelle celles et ceux qui refusent ce monde à venir occuper, construire, reconstruire et habiter la zone pour bloquer ce projet jusqu’à son annulation ! Notre résistance est dynamique et créative, nous luttons contre un système, des idées et des pratiques, mais dans aucun cas contre des individus.

Copains d’ici et d’ailleurs, amiEs bâtisseuses et bâtisseurs de nouveaux mondes, rejoignez-nous au plus vite ! Les courtes visites sont appréciées autant que les longs séjours! Une victoire sur un grand projet nuisible est à notre portée!

http://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com; collectifbouilles@riseup.net

*bouilles: terres ou prairies humides sans valeur financière

télécharger l’appel en .pdf

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Appel des familles des no-tav accusés de terrorisme.

Appel des familles de Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò

Ces dernières semaines, vous avez entendu parler d’eux. Ce sont les personnes arrêtées le 9 décembre sous l’accusation, qui reste tout à démontrer, d’avoir participé à l’assaut du chantier du TAV de Chiomonte. Au cours de cette action, un compresseur a été endommagé, il n’y a pas eu un seul blessé. Mais l’accusation est de terrorisme parce que « dans ce contexte » et avec leurs actions présumées, ils « auraient pu » créer la panique dans la population et un grave dommage au pays. Lequel? Un dommage contre l’image du pays. Nous répétons: contre l’image. L’accusation s’appuie sur la potentialité de ces comportements, mais comme il n’existe pas dans notre ordre juridique le délit de terrorisme involontaire, l’imputation est celle de terrorisme véritable et volontaire. Celui, pour se comprendre, auquel court instantanément la mémoire de tout le monde: les massacres des années 70 et 80, les bombes sur les trains et dans les rues et, récemment, dans des aéroports, des métros, des gratte-ciels. Le terrorisme contre des personnes qui tuait, qui, précisément, terrorisait la population entière. Au contraire, nos enfants, nos frères, nos soeurs, ont toujours eu du respect pour la vie des autres. Ce sont des personnes généreuses, elles ont des idées, elles veulent un monde meilleur pour tous. Ils se sont battus contre toute forme de racisme en dénonçant les horreurs dans les centres de rétention avant même que les organes de presse et l’opinion publique ne les découvre. Ils ont créé des espaces et des moments de débat. Ils ont choisi de défendre la vie d’un territoire, pas d’en terroriser la population. Tous les habitants de la Vallée de Susa vous le diront, comme ils continuent à le faire à travers leurs sites.Et c’est cette population là, peut-être, qui serait terrorisée? Et un compresseur incendié peut-il créer un grave dommage au pays?
Les personnes arrêtées sont en train de payer pour un pays en crise de crédibilité. Et alors, voilà qu’ils deviennent à l’improviste des terroristes pour dommage à l’image avec les mêmes peines, très lourdes, pour qui a tué, qui voulait tuer. C’est un passage inacceptable dans une démocratie. Si ces thèses devaient l’emporter, quiconque contestera un choix fait en haut lieu pourrait être accusé des mêmes choses parce que, en théorie, il pourrait mettre la pays sous un mauvais jour, il pourrait être accusé de provoquer, potentiellement, un dommage à l’image. C’est la liberté de tous qui est en danger. Et ce n’est pas une liberté à considérer comme acquise une fois pour toutes.
Pour le délit de terrorisme, il n’est pas prévu d’arrêts domiciliaires mais la détention sous le régime de la haute sécurité qui comporte l’isolement, deux heures de promenade par jour, quatre heures de parloir par mois. Les lettres sont toutes contrôlées, envoyées au parquet, versées au dossier, elles leur arrivent et nous arrivent avec une extrême lenteur, ou bien n’arrivent pas du tout. Maintenant, ils sont tous été transférés dans une prison de Haute Sécurité, loin de leur ville d’origine. Une distance qui les sépare encore plus de l’affection de leurs familles de leurs proches, avec d’incompréhensibles vexations supplémentaires comme la suspension des parloirs, l’interdiction de rencontres et dans certains cas, l’isolement total. Tout cela avant même le procès parce qu’ils sont « dangereux » grâce à une interprétation judiciaire qui ne trouve aucun élément probant dans les faits.

Cette lettre s’adresse:
Aux journaux, aux tv, aux mass médias, pour qu’ils retrouvent leur devoir d’informer, pour qu’ils évaluent tous les aspects, pour qu’ils se découvrent le courage de s’indigner devant le paradoxe d’une personne qui risque une condamnation très dure non pour avoir tuer mais parce que, selon l’accusation, elle aurait endommagé une machine ou aurait été présente au moment des faits.
Aux intellectuels, pour qu’ils fassent entendre leur voix. Pour qu’ils agissent avant que notre pays deviennent un lieu invisible où ceux qui s’opposent, ceux qui pensent qu’un grand projet doive servir aux citoyens et non pas rafler quelques sous à l’UE, ceux-là soient considérés comme une richesse et non pas comme des terroristes. À la société toute entière et en particulier aux familles comme les nôtres qui élèvent avec beaucoup de préoccupations et de peine leurs enfants dans ce pays, en leur apprenant à ne pas détourner le regard, à rester proche de ceux qui sont dans le juste et qui ont besoin de nous.
Merci.
Les familles de Chiara, Claudio, Mattia e Niccolò

(traduction de Serge Quadruppani, Les Contrées Magnifiques)

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[No TAV] Lettre de Niccolo depuis la prison de Turin

LETTRE DE NICCOLO DEPUIS LA PRISON DE TURIN

Turin, 22 janvier 2014, prison des Vallette

J’écris à tous les compagnons de lutte, aux NoTAV des vallées et des villes, à ces jeunes voyous exalté-e-s qui en février 2012 envahissaient l’A32 et à celles et ceux, moins jeunes, qui en 2005 déjà se frayaient un chemin à coups de bâtons à l’intérieur des grilles du chantier. Je vous écris pour abattre la distance qui nous sépare aujourd’hui, pour faire que ce moment se transforme en une occasion de continuer à mieux nous connaître, pour lancer et recevoir des points de réflexions.

Quand j’habitais encore à Pesaro, avant de déménager à Turin, j’entendais les parents de mes camarades d’école parler de grande vitesse et de NoTAV. Les bien-pensants disaient qu’il ne s’agissait que de “4 montagnards”, et que ceux-ci n’allaient pas durer bien longtemps. Arrivé à dix-huit ans dans la capitale piémontaise, je compris que les comptes ne changeaient pas : en 2010, je me suis rapproché de la Val di Susa, rendu curieux par les récits qui m’en arrivaient depuis les /presidi /[endroits physiques, occupés ou non, où se retrouvent les NoTAV et autour desquels s’organise la lutte : chalets, campements, etc…, NdT] et des nuits sans sommeil à attendre l’arrivée des pelleteuses. Il était clair que ces “montagnards” étaient soit pourvus d’une résistance physique inhumaine, ou bien qu’ils étaient beaucoup plus de 4 et bien organisés !

Je ne savais même pas exactement à quoi allaient servir les sondages, mais tout ce bouillonnement m’enthousiasmait et je m’y jetai la tête la première. Maintenant, il ne m’en reste que quelques fragments qui parcourent ma mémoire : le froid incrusté dans les os et la grappa de six heures du matin pour tenir bon jusqu’au changement de tour à l’Interporto de Susa ; les charges de police au milieu des bois et les boules de neige contre les boucliers. Et puis la police, encore, mais sur la SS24 cette fois, qu’un blocage organisé par des gens énervés avait obligé à retourner à la caserne en passant par Bardonecchia. Des mois plus tard, pendant une manifestation à Turin, j’avais entendu un flic marmonner à un autre, à propos de cette soirée-là : “on a mis plus de trois heures à rentrer à la maison”. Avec un peu de recul, et en repensant aux blocages d’après la chute de Luca, j’aurais aimé leur répondre “vous vous en tirez bien, soyez contents de ne pas y être restés la journée ” !

A cette époque, il y avait beaucoup de gens. Pas énormément, mais bien réparti-e-s, chaque personne avait une responsabilité directe ou son action à réaliser pour mettre en marche ce mécanisme qui cherchait à se concentrer et à tenter de différentes façons de s’approcher et de gêner les machines. Le quotidien se transformait, parce que les journées
étaient toutes entières tournées vers cet objectif, chacun-e se sentait protagoniste à sa façon et comprenait quel réaction en chaîne aurait provoqué le fait de repartir, de faire u pas en arrière.

Cet hiver de lutte, qui n’a été pour moi qu’une mise en bouche, avait des caractéristiques que j’allais retrouver à une échelle beaucoup plus grande au cours des périodes qui suivirent, jusqu’à aboutir à l’extraordinaire mélange de pratiques de l’été 2011.

Il serait très utile de les dépoussiérer aujourd’hui pour affronter les défis qui se plantent devant nous en ce qui concerne le futur immédiat, mais le parquet ne semble pas être de cet avis. Si le mouvement a fait des pas de géant au cours de la dernière période en accueillant le sabotage en tant que pratique légitime de qui se rebelle contre les projets imposés par l’État, ce dernier a décidé, à travers cette enquête, d’attaquer un important bagage d’expériences accumulées au cours des ans, en en redéfinissant les contours et en en déformant le contenu. Ils parlent d’“organisation paramilitaire”, de “subdivisions des rôles”, de “hiérarchies” et de “groupes spécialisés”, les mêmes termes avec lesquels ils se réfèrent à la façon de conduire leurs guerres, et qui naturellement ne nous appartiennent en rien.

Contre cela, cela fait depuis 2010 que celles et ceux qui luttent ont compris que pour repérer une colonne de fourgons ou une pelleteuse, ou encore un bout d’une excavatrice, il suffit de se placer dans un bar, sur un balcon ou aux angles des rues qu’ils parcourent tous les jours et de regarder dans la bonne direction. A partir de là, le tam-tam d’appels suivra son cours, sans ordres ni commandants. Cela fait depuis 2010 que l’on se parle pour comprendre les exigences des un-e-s et les capacités des autres, entre qui peut prendre sa journée de travail et qui est disposé à sécher l’école, qui a des enfants assez grands pour ne plus avoir à s’en préoccuper et qui est là simplement parce qu’il n’y a rien d’autre à faire. Dormir à la belle étoile n’a jamais été un problème si les circonstances l’exigeaient, mais ce n’est pas vraiment pour ça que l’on peut parler de ninjas super-entraînés. Ces expériences se sont enrichies avec les années, et avec elles toutes les personnes qui y ont participé ou contribué d’une façon ou d’une autre.

Certain-e-s sont né-e-s dans la vallée et ont appris à lutter ici, et d’autres sont venu-e-s pour lutter et ont appris à marcher. Quelles que soient les personnes qui sont descendues vers le chantier cette soirée de mai, elles ne seront certainement pas plus spéciales que toutes celles qui ont grandi en s’opposant à la construction de ce train, justement parce qu’elles ne pourraient que puiser dans ce même bagage.

Non satisfaits de cette blague, les deux procureurs passent du coq à l’âne en lançant des sentences contre les NoTAV comme s’il s’agissait de torpilles, et dégainent un concept digne d’un cours de formation pour flics (mais de la première leçon) : contrôle du territoire. Un contrôle qui serait, selon leurs propres mots dans un passage fumeux de leur dossier, pratiqué par les franges violentes du mouvement.

Peut-être auraient-ils oublié le fait que n’importe qui luttant en Val Susa, plutôt que de contrôler, refuse d’être contrôlé-e ? De telle façon que les seules franges violentes qui poursuivent cet objectif sont ces messieurs et ces mesdames en uniforme ou en casque bleu, qui foncent dans leurs bolides de haut en bas et de bas en haut à travers la vallée. Depuis 2011 et jusqu’à aujourd’hui, des milliers de personnes ont rôdé sur les sentiers autour du chantier. Je me rappelle d’un tir à la corde constant pour arracher des bouts de bois qui puissent être parcourus librement, sans que de sales types en cagoule et en tenue de camouflage ne te barrent la route, en te pointant éventuellement le pistolet en pleine tête sans aucune raison, comme quelques NoTAV pourraient le raconter.

Août 2011 a été sué jour après jour : il fallait construire le /presidio/de Clarea. Mais les check-points sous l’autoroute, à l’entrée du chemin de terre, étaient asphyxiants. Malgré ça, quelqu’un a eu la brillante idée de proposer une rencontre quotidienne à Chiomonte pour regrouper une cinquantaine de personne et faire la traversée tous et toutes ensemble, pour que les arrestations et les identifications soient beaucoup plus difficiles à réaliser. Ce qui fonctionna, et permit que le matériel arrive jusqu’à la Baita, tandis que les personne soumises à des interdictions de territoire pouvaient se déplacer de façon plus légère. Dans les moments de bonne humeur se montaient des banquets, qui s’achevaient souvent en véritables fêtes et qui se rendaient sous cette autoroute pour démolir de façon toujours plus improbable ces monstres de fer et de ciment que l’on appelle jerseys.

Leur concept de “contrôle” se voit démenti par une réelle connaissance diffuse du territoire que possèdent celles et ceux qui s’opposent. Celle-ci, ajoutée à l’inventivité et à la nécessaire détermination, a toujours été insaisissable pour les flics et les enquêteurs.

Ces gens tentent d’établir une présence massive et un œil indiscret sur les routes de toute la vallée, se déplaçant selon leur bon plaisir. Il y a quelques mois, un jeune me parlait du niveau de militarisation de Susa et, tandis qu’il le décrivait, cela me rappelait les histoires d’un ami tunisien à propos de l’assaut militaire de Gafsa lors des révoltes de 2005. A cette époque, lui et d’autres plus jeunes s’étaient retirés dans les montagnes, tandis que d’autres étaient restés résister en ville. Je ne connais pas bien l’histoire, mais dans ses souvenirs, quelques-uns avaient pris des coups de fusil tirés par les hommes en camouflage. Nous savons tous qu’à ce difficile “hiver” tunisien allait suivre un fleurissant printemps de révolte qui allait faire trembler le bassin méditerranéen dans son ensemble.

Bien sûr, nous autres n’avons pas ces prétentions, et nous nous contenterons de ne pas avoir nos montagnes percées et d’inutiles stations pharaoniques à Susa. Les outils pour continuer à lutter sont là. La créativité aussi.

Nous, entre-temps, nous résistons avec la tête de mule que ce mouvement nous a toujours inspiré. Nous espérons seulement que vous n’irez pas trop vite et que nous pourrons être dehors quand il sera temps de boucher ce trou à Clarea avec les ruines du chantier….et tant qu’à faire, avec un peu d’autoroute aussi.

Liberté !

Chaleureusement, //Niccolò

Pour lui écrire :

*Niccolò Blasi
Casa di Reclusione
Via Casale San Michele, 50
15100 Alessandria*

traduit de l’italien depuis Informa-azione.

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[Lyon] Journée de soutien à la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et contre tous les projets inutiles le 22 février

NDDL : Toutes et tous ensembles le 22 février – Appel à mobilisation. A Notre Dame des Landes, les pro-aéroports, préfecture, Vinci et consorts reprennent du poil de la bête. Nous ne les laisserons pas faire !

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Ils pré­ten­dent débu­ter, dans les mois qui vien­nent, la des­truc­tion et/ou le dépla­ce­ment des espè­ces pro­té­gées avec ou sans mesu­res de com­pen­sa­tion. Empêchons la des­truc­tion des espè­ces pro­té­gées et la com­pen­sa­tion.

Ils pré­ten­dent débu­ter, dans les mois qui vien­nent, la cons­truc­tion du bar­reau rou­tier censé relier des 4 voies et des­ser­vir l’aéro­port. Barrons le bar­reau rou­tier.

Une nou­velle vague d’expul­sions pour­rait sur­ve­nir. En cas d’offen­sive poli­cière, mul­ti­plier les fronts.

Les tra­vaux ne com­men­ce­ront pas ! Sur place, le mou­ve­ment est plus vivant encore qu’à l’automne 2012, les liens plus denses, les champs plus culti­vés et les habi­tats plus nom­breux… Au delà, plus de 200 comi­tés locaux se sont créés, en soli­da­rité avec la lutte et pour la faire essai­mer vers chez eux.

Et chez nous ? La région Rhône-Alpes subit aussi de nom­breux pro­jets d’infra­struc­tu­res inu­ti­les, des­truc­teurs et coû­teux, géants ou minus­cu­les : TGV Lyon Turin, A45, OL LAND, gaz de schiste, nucléaire, OGM, Destruction des Jardins d’Utopie… Partout des luttes exis­tent qui n’atten­dent que leur ren­contre pour ouvrir d’autres pos­si­bi­li­tés pour notre monde.

Le 22 février, mon­trons leur qu’il n’est pas ques­tion de tou­cher au bocage. Rassemblons nous pour dire STOP à tous les pro­jets inu­ti­les et impo­sés.

texte publié sur Rebellyon (9/2/2014).

 

 

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Transfert des 4 No tav arrêtés pour terrorisme

notav-accusati-di-terrDans la matinée du 30 janvier, Chiara, Claudio, Alberto et Niccolò, les 4 NoTav arrêté(e)s le 9 décembre 2013 avec l’accusation de terrorisme, ont été transféré de la prison de Turin des Vallette, où illes étaient enfermé(e)s jusqu’à maintenant.

Chiara a été transférée à la prison Rebibbia à Rome, Claudio à Ferrara et Mattia et Niccolò à Alessandria. Ce choix géographique n’a rien d’un hasard : les 3 prisons en question ont toutes une section de haute sécurité.

Après l’interdiction des visites de la part des juges du parquet Paladino et Rinaudi il y a une semaine sans aucun motif, les 4 No Tav avaient également récemment dénoncés les problèmes de réception du courrier (déjà soumis à la censure). Les lettres arrivaient toujours plus en retard, voire n’arrivaient pas du tout. Afin de protester contre cette ultérieure privation, Claudio, Alberto et Niccolò avait refusé il y a quelques jours de retourner dans leur cellule après l’heure de la promenade.

Aux yeux de l’infatigable parquet Sitav, cela a sans doute été suffisant pour justifier le transfert. Ceci n’est autre qu’une ultérieure étape dans l’acharnement judicaire contre les No Tav. L’habitude de transférer les détenus afin de les séparer et de les placer en section de haute sécurité n’est pas nouvelle et contribue à la construction de l’image des NoTav comme de dangereux terroristes et ennemis publiques que la justice d’Etat s’efforce tant de répandre.

Encore une fois, il faut que la force et la solidarité du mouvement ne les laissent pas seuls, même et surtout après ce transfert.

Les nouvelles adresses afin de leur écrire sont les suivantes :

Chiara Zenobi

Casa Circondariale Rebibbia
via Bartolo Longo, 92
00156 Roma

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Claudio Alberto

Casa Circondariale
Via Arginone, 327
44122 Ferrara

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Mattia Zanotti et Niccolò Blasi

Casa di Reclusione
Via Casale San Michele, 50
15100 Alessandria

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Traduit de l’italien depuis NoTAVParis.

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[Notre-Dame-des-Landes] Appel à la manifestation du 22 février

http://notavfrance.noblogs.org/files/2014/02/tract22fev3.pdf

TÉLÉCHARGER LE TRACT

ZAD

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[Sicile – Italie] Le MUOS est complété mais….

safe_imageDe Vendredi 24 à Dimanche 26 janvier 2014, des techniciens, des ouvriers italiens et américains ont complété, avec une grue géante, l’installation des 3 paraboles géantes sur leur piédestal. Le MUOS est désormais complété, mais la lutte, plus que jamais, continue, avec :

– le 15 et 16 février, un chantier collectif pour continuer à ce que le campement permanent (presidio) soit accueillant et fonctionnel.
– le 22 février, une manif à Caltanissetta (chef-lieu de province dans laquelle se trouve Niscemi), pour protester contre les arrestations et des poursuites auxquels sont confrontés de nombreux et nomreuses activies No MUOS.
– le 1er mars, manif à Niscemi, pour reprendre l’action directe et la lutte contre le MUOS et les 46 antennes NRTF

« L’armée et sa technologie, c’est l’horreur en toile de fond de nos vies. En Sicile, comme ici, NO MUOS, NO CAPITALISM » (GARAP)

No M.U.O.S.

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[Dijon, samedi 8 mars] Manifestation de soutien au quartier des Lentillères !

Manifestation pour la défense du quartier libre des Lentillères !
Pour l’accès à la terre – Contre la marchandisation de la ville !

http://juralib.noblogs.org/files/2014/02/03.png

Invitation depuis le quartier des Lentillères :

Nous, habitant-e-s et jardinier-ère-s du quartier des Lentillères, avons redonné vie à 6 hectares de terres fertiles, précieuses rescapées de la ceinture maraîchère de Dijon laissées depuis plus de 10 ans à l’abandon. Aujourd’hui la mairie a d’autres projets ; il en a été décidé ainsi, sans nous. Elle rêve d’un nouveau quartier – estampillé éco bien sûr – sur 21 Ha,  et ne réserve qu’un pauvre hectare aux jardins sur les rares terres incultes de la friche… Nous avons tenté de discuter avec ceux qui entendent nous expulser, mais ils sont restés muets. Pourtant, aujourd’hui, les Lentillères, c’est 3 fermes restaurées autour desquelles s’organisent des cultures maraîchères et un marché hebdomadaire à prix libre, un jardin collectif, des ruchers et plusieurs dizaines de parcelles jardinées seul-e, en famille ou entre ami-e-s. À ceci s’ajoutent des habitats légers, des ateliers et espaces de convivialité. De tout ça naît une véritable vie de quartier habitée par le goût de l’aventure collective, l’auto-organisation et l’entraide.

Le mot passe, de bouche à oreille, dans les alentours et de nouveaux-elles venu-e-s de tous horizons ne cessent d’arriver, en quête d’un bout de jardin. On arrive ici pour faire sortir de terres quelques belles tomates émancipées de l’agro-industrie, se ballader ou jouer, pour apprendre ou s’évader. On y reste parce qu’on y a trouvé des complices. Ici  « la solidarité » et les « liens de quartiers » ne sont pas que des concepts marketings.

Cependant, pour les urbanistes, la priorité est à la rentabilité et à l’attractivité : le béton doit toujours repousser les légumes un peu plus loin, et seules les grues fleurissent. Le seul signe d’intérêt montré par la Mairie jusqu’ici a été d’expulser une maisons occupée et de faire creuser de profondes tranchées sur certaines parcelles afin qu’elles ne soient pas cultivées. Qu’à cela ne tienne, nous les avons rebouchées. Mais elle continue aujourd’hui sans bouger d’un pouce, à planifier son projet d’aménagement aseptisé.

Si nous souhaitons empêcher qu’elle tente bientôt d’enterrer ce qui se vit ici à coup de tractopelles, il nous faut nous battre maintenant pour lui faire accepter bon gré mal gré notre présence, tant que le projet est encore dans les cartons. Tout au long de la campagne municipale, nous voulons mettre notre grain de sable dans les stratégies de communication bien huilée des candidat-e-s. Nous appelons aussi tout ceux et celles qui soutiennent notre démarche, à Dijon et au-delà à nous rejoindre le 8 mars 2014 pour une grande manifestation pour l’accès à la terre et contre la marchandisation de la ville, avec des outils agricoles et une grosse patate !

L’assemblée du quartier des Lentillères
Contact

[1] Pour plus d’informations, voir notre « Lettre ouverte aux Dijonnais et Dijonnais-e-s »

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[No TAV] Lettre de Niccolò, Claudio et Mattia depuis la prison de Turin

Lettre de Niccolò, Claudio et Mattia depuis la prison de Turin ( reçue le 23 janvier 2014)

Le texte suivant a été écrit par Niccolò, Mattia et Claudio, arrêtés le 9 décembre dernier en même temps que Chiara. Les trois compagnons, bien qu’isolés du reste des détenus, ont la possibilité de se voir quotidiennement (Claudio et Niccolò partagent la même cellule et voient Mattia pendant les heures de promenade et de socialité). Par contre, Chiara est dans un isolement presque absolu depuis maintenant plus d’un mois, puisque dans la section où elle se trouve il n’y a pas d’autres prisonnières en régime de Haute Surveillance. La censure à laquelle est soumise toute leur correspondance provoque de considérables retards du courrier entrant comme sortant, c’est pourquoi il n’a été possible de rendre public ce texte écrit il y a presque un mois que maintenant.

Hier, le Tribunal du Riesame [chargé de décider des mesures préventives, NdT] a rejeté toutes les demandes de la défense, y compris celle de supprimer les délits et circonstances aggravantes de terrorisme. Dans la salle, les procureurs Padalino et Rinaudo ont répété que la nature terroriste des faits dont sont accusés les compagnons n’était pas déterminée par les modalités plus ou moins violentes de l’action contre le chantier en mai dernier, mais par le contexte global dans lequel elle s’insère : l’opposition à la réalisation de la ligne Turin-Lyon. Ce qui préoccupe réellement le parquet de Turin et tout le Parti du TAV, c’est la lutte désormais vicennale contre le train à grande vitesse, la tentative de concrétiser ce Non autour duquel le mouvement s’est développé.

Lettre de Niccolò, Claudio et Mattia :

 » Il est seulement 16h et le soleil est en train de se coucher derrière l’imposant incinérateur métallique, tandis qu’au loin on entrevoit les premières montagnes de la vallée, et l’imagination complète les contours dessinés du Mont Musiné. Nous sommes enfermés ici depuis dix jours mais nos pensées voyagent encore loin…

Que le parquet de Turin était en train de préparer quelque chose de gros, même les rochers le savaient. Cela se voyait à l’augmentation des plaintes contre le mouvement, mais surtout à l’intense travail de propagande par lequel les enquêteurs, mass medias et politiciens ont cherché à faire passer la résistance No TAV dans l’ombre de ce mot magique et qui permet tout : « terrorisme ». Pendant des mois entiers ils n’ont parlé que de ça, dans un mantra répété de manière obsessionnelle et destiné à justifier une répression féroce.

Au final, ils ont pris quelques uns des nombreux épisodes de lutte de cet été sur lesquels cette imagination suggestive pouvait prendre, et ils les ont déformés et pliés à leur vision du monde faite de militaires et de paramilitaires, de hiérarchie, de contrôle et de violence aveugle. C’est comme ça qu’ils ont fait pour justifier les perquisitions de fin juillet, et c’est comme ça qu’ils font maintenant pour justifier nos arrestations.

Mais il y a un gouffre entre ce qu’ils veulent voir de nous et ce que nous sommes réellement.

Cela ne nous intéresse pas de savoir qui, cette nuit-là de mai, s’est effectivement aventuré dans la forêt de la vallée Clarea pour saboter le chantier – et cela n’intéresse probablement pas non plus les enquêteurs eux-mêmes. Ce qu’ils veulent, c’est avoir aujourd’hui quelqu’un entre les mains pour faire peser la menace d’années de prison sur le mouvement et sur la résistance active, pour réussir tranquillement et sans être dérangés l’ouverture du chantier en Val Susa.

Ils veulent que les gens restent à la maison pour regarder de leur balcon le projet avancer. Pourtant, ces gens ont déjà les instruments pour s’en mêler : nous avons appris à bloquer quand tous ensemble on criait « No pasaran », et à passer à coups de masse quand le béton des jersey [clôtures en béton, NdT] nous barrait la route ; nous avons appris à regarder loin quand l’horizon se remplissait de gaz et à relever la tête quand tout semblait perdu.

Ce n’est pas la terreur qu’ils sèment à pleines mains qui ruinera les futures récoltes de cette longue lutte. Il faudra continuer à construire des lieux et des moments d’affrontement pour échanger des idées et des informations, pour lancer des propositions et être prêts à retourner dans la rue ou au milieu des bois.

C’est le soir à la Valette [prison dans laquelle les compagnons sont incarcérés, NdT], mais à part l’obscurité il n’y a pas une grande différence avec le matin, puisque le blindage de la cellule reste fermé vingt-quatre heures sur vingt-quatre : haute sécurité ! Par rapport aux quartier des arrivants, c’est beaucoup plus calme et propre, mais l’absence de contact humain nous affaiblit.

La pagaille des blocs B, C ou F (à part l’isolement auquel est contrainte Chiara) grouille d’histoires et d’expériences de vie avec lesquelles se mélanger, dans lesquelles trouver de la complicité et de la solidarité. Déjà le mois dernier, Niccolò, déjà arrêté fin octobre pour une autre affaire, a pu constater que le retentissement de la lutte contre le TAV parvient jusqu’à l’intérieur des prisons, et que pour beaucoup il représente le courage de ceux qui ont cessé de subir les décisions d’un État oppresseur.

Pour nous, contraints à l’isolement dans une section aseptisée, il est d’une importance vitale de refuser la ségrégation et la séparation entre détenus : nous sommes tous « communs ». C’est aussi pour ces raisons que ce serait beau qu’un raisonnement et un parcours sur et contre la prison se développent à l’intérieur du mouvement.

La majorité des gardiens des Valette vit là, dans des grands immeubles à l’intérieur des murs, eux ne seront jamais libérés de la prison. Bien que dans cette section ils nous traitent poliment, ils n’hésiteront pas à faire des rapports sur ordre d’un supérieur quand nous déciderons de lutter pour un motif ou un autre.

Alors, avec les souvenirs qui nous rapprochent, nous tourmenterons ces « porte-clés » par la petitesse de leurs horizons. « Vous n’avez jamais vu la mer se frayer un chemin dans les bois lors d’un bel après-midi de juillet, s’élancer et avancer contre les grillages d’un chantier ? » « Vous n’avez jamais senti la chaleur humaine de tous les âges se souder côte à côte pendant que les boucliers avancent, l’asphalte de l’autoroute devenir liquide et l’arrière se remplir de fumée ? » « Vous n’avez jamais vu un serpent sans queue ni tête ou une pluie d’étoiles au cœur d’une nuit de milieu d’été ? » Nous si, et nous n’en sommes pas rassasiés.

La route est longue, il y aura des moments exaltants et des raclées retentissantes, il y aura des pas en avant et d’autres en arrière, nous apprendrons de nos erreurs. Pour le moment, nous regardons notre prison dans les yeux et ce n’est pas facile, mais si « le Val Susa n’a pas peur », nous, nous ne pouvons certainement pas en faire moins.

Niccolò, Claudio, Mattia « 

Texte traduit de l’italien.

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[No TAV] Lettre de Chiara Zenobi de la prison de Turin

LETTRE DE CHIARA ZENOBI

/Prison des Vallette (Turin), 20 janvier 2014/

« Si je pouvais choisir, je resterai exactement là où je suis.

Sur les sentiers de la Vallée, dans les rues de Turin, avec mes compagnons, ou me reflétant dans les yeux de femmes et d’hommes qui me sont inconnu-e-s, à apprendre à écouter, à choisir d’attendre, à courir plus vite.

Je me trouverai là où l’on découvre la saveur douce et intense de la lutte, de quelqu’un qui te tient la main lorsqu’elle tremble et se jette de tout coeur contre les obstacles. Là où la solidarité embrasse, chaude, permanente et tenace, et permet à qui est isolé-e de ne pas se sentir seul-e, de libérer la passion de qui est enfermé-e et de remplir la pièce de présences amies.

Je me suis quelques fois demandée si je ne devrais pas me contenter du privilège de la citoyenneté, de pouvoir avoir de façon presque sûre une maison, éventuellement un enfant, et une façon ou une autre de mettre du pain sur la table. Mais quand j’ai découvert que la liberté et l’humanité étaient d’autres choses que ça, quand tu te rends compte que les uniques moteurs de la politiques et des groupes de pouvoir sont le privilège et le pillage, il est trop tard pour faire marche arrière. Tu es déjà entré dans un autre monde, et ce monde est celui dans lequel je me trouve maintenant.

Il n’existe pas ici d’espace pour ceux qui mesurent leur propre valeur morale sur la base de codes et de lois. Foutre à la rue qui ne peut plus payer de loyer ou dans des camps qui n’a pas de papiers, produire des déchets nucléaires, sauver le capital et distribuer la misère, militariser et détruire les territoires. Tout cela au nom de la loi, selon la démocratie. Tout, même la dissension, à condition qu’on ne se mette pas véritablement en travers de la réalisation des plans inexorables du progrès et du profit.

Mais lorsque trop de grains de sable enrayent l’engrenage, si une personne, une place ou une population deviennent imprévisibles et efficaces, il devient possible d’entendre le tintement des lames qui s’aiguisent. Pour défendre les propriétés publiques et privées, le corps des lois gonfle tous ses muscles. Si l’on descend dans la rue le mauvais jour (ou le bon ?), on peut ramasser, en plus des pavés, le rocher de la Dévastation et Pillage /[« Devastazione e Saccheggio », article issu des codes de lois fascistes et qui a servi a réprimer les manifestants de Gênes en 2001 ou encore ceux de Rome en 2011, NdT]/. Si l’on assume une pratique radicale conte le système social, le couperet de l’Association Subversive (ou parfois, avec un peu plus de fantaisie, de l’Association de Délinquants/[Associazione a Delinquere]/) est prompt à tomber. Pour tout le reste, on garde préparée la cage du Terrorisme. N’importe quelle opposition réelle qui cause des dommages et ralentisse l’avancée des projets, et finalement, n’importe quelle action ou lutte efficaces pourraient finir par être redirigées vers cette catégorie de répression. L’objectif est relativement aisé à identifier : une punition exemplaire pour quelqu’un, un avertissement lancé à tou-te-s les autres.

Bien sûr, l’idée de toutes ces années de prison évoquées par ces mots tord l’estomac de façon pire que ne le ferait un étau. Mais il est beaucoup plus douloureux de s’imaginer inertes, à contempler le monde dévasté pour les bénéfices de quelques-uns. De nous, qui avons appris la différence entre juste et légal et savouré le goût de reprendre les rues et les bois, ils n’obtiendront pas grand chose par la menace de la prison. Et ils ne réussiront pas non plus à nous tromper avec la valeur symbolique de leurs accusations, parce que nous savons d’où nait la terreur, et que nous en connaissons les matraques, les gaz, les grillages. Et les armées, les armes, les barres.

Nous ne devons pas avoir peur. La peur, laissons-la respirer à ceux qui vivent blindés dans une existence consacrée à la défense de leurs privilèges et de leurs pillages.

Moi, dans cette cage, je sens mes poumons pleins de la liberté que j’ai apprise à aimer en luttant, sur les sentiers et dans les rues.

Et comme moi, beaucoup d’autres. Vous. Solidaires, complices et inarrêtables.

Chiara »

Pour lui écrire (Chiara a été transférée à Rome fin janvier) :

*Chiara Zenobi*
Casa Circondariale Rebibbia
via Bartolo Longo, 92
00156 Roma

Traduit de l’italien, reçu par mail

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[No TAV] Lettre de Claudio de la prison de Turin

LETTRE DE CLAUDIO ALBERTO

/Prison des Vallette, Turin, 20 janvier 2014/

« Salut à tous et à toutes,

Depuis le 9 décembre, je suis enfermé dans le bloc D de la prison de Turin avec Niccolò et Mattia, tandis que Chiara est dans le bloc F /[tous les quatre ont été transféré-e-s dans d’autres prisons d’Italie fin janvier, NdT]/, privé-e-s de nos proches comme des luttes auxquelles nous participons en-dehors, de nos montagnes comme de nos quartiers.

Les juges, soumis à la volonté du Parquet, nous ont affublé-e-s de l’appellation de « terroristes », et le DAP (Département de l’Administration Pénitentiaire) nous a donc classifié-e-s AS2 /[Alta Sicurezza — Haute Sécurité, NdT]/. La Haute Sécurité est une infamie à l’intérieur de l’infamie qu’est déjà la prison, puisqu’elle t’interdit d’avoir le moindre contact avec les autres prisonniers « de droit commun », en plus d’autres limitations qui vont de la réduction des parloirs à la porte blindée de la cellule fermée en permanence, ou encore à l’impossibilité d’accéder aux activités alternatives (bibliothèque et gymnase). La censure nous pèse beaucoup, toute notre correspondance est ouverte et lue par un maton qui en envoie ensuite une copie au juge, ce qui fait que les lettres que nous recevons sont en retard d’au moins 20 jours lorsqu’elles nous parviennent. Les gardiens justifient ce retard en se lamentant du manque de personnel pour faire face aux piles de courrier que nous recevons, alors que des hommes pour nous surveiller, ils n’en manquent pas. Que les choses soient claires, si j’ai voulu décrire nos conditions de détention, ce n’est pas parce que nous nous sentons plus persécutés que d’autres prisonniers, mais bien parce que je pense qu’il est utile pour qui n’est pas habitué aux vexations de la prison de pouvoir connaître ce qu’est la Haute Sécurité. Dans tous les cas, la prison sera toujours une merde, quelle que soit sa forme.

Voir les feux d’artifice d’un rassemblement autour de la prison et écouter les cris et les slogans de tant de compagnon-ne-s avec qui nous avons lutté est une grande bouffée d’air frais.

Au cours de l’audience de réexamen des charges, le procureur s’est plaint de la réaction qui a suivi nos arrestations. Indigné, il a décliné au juge une longue série d’actions faites en notre solidarité, dont certaines dont nous n’avions jusque là aucune idée. Une scène surréaliste. Ceux-ci doivent comprendre qu’ils ne peuvent pas arrêter des gens en pensant que leur geste n’aura aucune conséquence. Pourquoi devrait-on accepter d’être privé-e d’une personne qui hier encore était à nos côtés ? Ces dernières années, les No TAV ont souvent eu maille à partir avec la justice, et aujourd’hui presque plus personne n’y croit. Du reste, la lutte et les pratiques expérimentées dans la Vallée, dans toute leur diversité, ont démontré qu’il existe un abysse entre éthique et légalité.

Notre affaire est seulement la dernière d’une longue série, mais il m’importe tout de même de m’attarder un peu sur l’article 270 sexies (finalité de terrorisme), qui se trouve être la pierre angulaire qui tient toute l’enquête du 9 décembre. Nous quatre sommes accusé-e-s du sabotage du 14 mai dernier à la Maddalena, un fait que les procureurs eux-mêmes ne qualifieraient pas d’attentat terroriste s’il n’était le contexte d’intimidation et de violence dans lequel il a eu lieu. La sabotage de mai — et une myriade d’autres actes illégaux ces deux dernières années — viendrait de la décision d’une partie du mouvement (laquelle, ce n’est pas spécifié) d’empêcher la construction du TAV.

Si l’Italie devait abandonner le projet du Lyon-Turin, elle aurait à souffrir de graves préjudices économiques et d’image en Europe, comme ils disent. Quiconque s’oppose à la construction du TAV commet donc un acte qui porte en quelque sorte préjudice au pays et, selon l’article 270 sexies, les conduites causant de graves dommages au pays doivent êtes considérées comme étant des conduites terroristes.

En suivant cette logique, si, au cours d’une manifestation, une personne occupe une base militaire où les États-Unis veulent installer leurs antennes qui propagent des ondes dangereuses pour la santé de la population qui vit aux alentours, celle-ci poursuit une finalité terroriste puisque l’Italie subirait un grave préjudice en terme d’image dans ses rapports internationaux avec les États-Unis.

Ces deux dernières années, les épisodes qui s’intègrent dans ce dessein terroriste seraient au nombre de 111 selon les procureurs, des sabotages d’engins des entreprises qui travaillent sur le chantier de Chiomonte aux inscriptions dans les toilettes à Nichelino, des affrontements avec la police à un poulet mort trouvé devant chez Esposito /[sénateur du Partito Democratico, pro-Tav, NdT]/, d’une banderole accrochée devant la maison du maire de Susa aux poubelles brûlées pendant une fête paysanne à Sant’Antonino. Ils ont oublié les cambriolages, et puis aussi les incendies dans les bois. Les magistrats oublient que les retards de la construction du TAV ne sont pas seulement dus aux actions des deux dernières années. S’il ne sont parvenus à faire qu’un « trou » à Chiomonte, c’est du fait de la force et de la détermination d’une lutte populaire qui dure depuis plus de vingt ans.

Le 8 décembre 2005, et je n’y étais malheureusement pas, des dizaines de milliers de personnes sont descendues sur le plaine de Venaüs pour détruire les engins de chantier. Bien évidemment, tous des terroristes.

Ils nous les ont toutes faites, pour détruire le mouvement. Ils ont mis en place des tables rondes, acheté des administrateurs, écrit toutes sortes de saloperies dans les journaux, avant d’en venir aux matraques et aux lacrymogènes. Ils ont essayé d’en criminaliser certain-e-s en voulant diviser les bons des méchants, et maintenant ils dépoussièrent le terrorisme. Mais quelques temps après, ils n’en sont que plus mécontents et pathétiques.

Il est curieux de noter comment certains qui nous accusent aujourd’hui de « terrorisme » sont les mêmes qui dans les années 70 ont utilisé la même arme pour annihiler l’un des mouvements révolutionnaires les plus extraordinaires et complexes d’Europe, qui avait rendu concrets les rêves et les désirs de tant de personnes. La lutte No TAV, toutes proportions gardées, a brisé cette chape de plomb sociale qui pesait sur ce pays depuis plus de trente ans, en démontrant non seulement qu’il est possible de s’opposer à qui prétend dévaster le territoire sur lequel nous vivons, mais aussi que lutter est beaucoup plus agréable que la vie qu’ils nous imposent de mener au quotidien. Je me souviens d’un retraité de Bussoleno qui racontait qu’il s’était battu toute sa vie pour ne pas faire d’heures supplémentaires et que maintenant, il lui fallait être éveillé 24 heures sur 24 pour attendre l’arrivée des pelleteuses.

Après avoir vécu la Libre République de la Maddalena ou après avoir construit une barricade au Vernetto, on ne peut plus retourner à la vie « normale » comme si rien ne s’était passé. Ces ruptures improvisées parlent à d’autres luttes et ouvrent de nouvelles possibilités. Et ce n’est certainement pas en enfermant quelqu’un à clé qu’il pourront prévenir de nouvelles occasions de se manifester et de nouvelles révoltes.

Le moment est délicat, car ils savent que s’ils veulent ouvrirent les chantiers à Susa, le mouvement doit être réduit en morceaux et redimensionné. C’est pour cette raison qu’il est important de continuer de marcher vers Clarea et de ne jamais laisser les troupes d’occupations dormir tranquilles, comme il a été fait. Le jour — ou la nuit — où ils décideront d’ouvrir un nouveau chantier dans la Vallée, ils le feront en déployant un grand nombre d’hommes et d’engins, convaincus de nous impressionner et de nous annihiler de leur force. Ils nous faudra être vigilant-e-s et garder nos chaussures toujours prêtes et graissées. Conscient-e-s que celles et ceux qui se rebellent auront par nature toujours plus d’idées de qui a décidé de vivre sous les ordres d’un supérieur.

Aucun dispositif n’est impossible à abattre, les blocages peuvent être contournés, les grillages découpés et les blocs de ciment renversés.

On a encore de quoi s’amuser.

Je vous embrasse fort, à toutes et tous les No TAV.

Saluez Giacu de ma part.

A SARA DÜRA !….pour eux, évidemment.

Claudio »

Pour lui écrire (Claudio a été tranféré à Ferrara fin janvier) :

*Claudio Alberto*
Casa Circondariale
Via Arginone, 327
44122 Ferrara

traduit de l’italien, reçu par mail.

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Appel à une journée (inter-)nationale de mobilisation et de lutte par la coordination des comités No TAV

NOTAV_ATTACKSamedi 22 février – Journée Nationale de Lutte

LA COORDINATION DE COMITÉ NO TAV

réunie le Mercredi 8 Janvier 2014 à Villar Focchiardo

a évalué attentivement la situation juridique gravissime créée suite aux dernières arrestations de Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò, pour lesquels s’est construit un château de chefs d’accusation étudié justement pour intimider toutes les sacro-saintes luttes qui, aussi grâce au mouvement NoTav, sont en train de grandir dans tout le pays.

a effectivement remarqué dans le dossier d’instruction, les enquêteurs, en insistant sur le plan strictement juridique, soutiennent une thèse clairement politique. En s’appuyant sur un bref historique des actes légaux et des sommets internationaux qui ont permis l’installation du chantier de Chiomonte en Val de Susa, les magistrats soutiennent qu’il s’agit d’une élaboration démocratique. L’action contre le chantier – en lien avec l’énumération de pratiques d’opposition dont l’épais dossier fournit une longue liste – est définie « terroriste » pas tellement pour ses caractéristiques spécifiques, mais par le fait qu’elle s’oppose au démocratisme d’une décision intergouvernementale. Toutes les décisions imposées par l’État ont un emballage légal, ce qui veut dire qu’elles sont formellement basées sur le Droit. Tout ce qui met réellement en discussion un projet étatique est donc passible de « terrorisme ». Il reste seulement le désaccord platonique et être réduit à un mouvement d’opinions. Donner un caractère concret à son propre NON, qui au fond est la caractéristique essentielle du mouvement No Tav, devient donc antidémocratique. Le totalitarisme parle aujourd’hui un langage différent  : « Nos décisions démocratiques ne te plaisent pas ? Tu es un terroriste, je t’enferme en prison et je jette la clé ».

Rappelant que d’une époque à l’autre, l’État et « les pouvoirs forts » attaquent frontalement l’ennemi sur ses points forts, non sur les plus faibles. Il devient évident que l’emploi de la catégorie de terrorisme contre le mouvement No Tav – pour ce qu’elle exprime et symbolise – est dans ce sens un avertissement pour tous, pour n’importe que mouvement de lutte. Devient donc terroriste n’importe qui conteste les décisions de l’état, et vient démantelé le pacte social pensé par la Constituante.

A suivre jusqu’au bout la logique des procureurs Rinaudo et Padalino, la nature « terroriste » de la lutte contre le Tav ne caractérise pas un soi-disant « saut qualitatif », mais bien ses fondements même : ce NON de vingt ans d’expériences, de savoirs, de confrontations et d’actions qui ne sont que son développement cohérent. Ne pas s’être résigné face aux matraques, aux gaz, aux pelles mécaniques, aux Lince (expertise économique et commerciale en Italie, ndt), aux incarcérations, au terrorisme médiatique, voilà le crime qui contient tous les autres.

Pour ces raisons le Mouvement NoTav

ANNONCE ET PROPOSE POUR LE 22 FEVRIER UNE JOURNÉE NATIONALE DE MOBILISATION ET DE LUTTE CHACUN DANS SON PROPRE TERRITOIRE

à toutes les composantes de lutte qui résistent et se battent contre le gaspillage des ressources publiques, contre la dévastation du territoire, pour le droit au logement, pour un travail digne, sûr et rémunéré justement. Une journée nationale de lutte, territoire par territoire en défense du droit naturel et constitutionnel de s’opposer aux décisions du gouvernement qui ne tiennent compte que des intérêts des puissants, des lobby, des banques et des mafias au détriment des populations. Une mobilisation commune contre l’utilisation délirante des lois de la part des procureurs et de la magistrature turinoise et en solidarité aux compagnons de lutte incarcérés, aux compagnons de lutte déjà condamnés, et aux innombrables résistants qui doivent encore affronter le jugement pour avoir défendu les biens communs, une journée de lutte à laquelle suivra à la mi-mars un rendez-vous à Rome pour la défense et la légitimité des luttes sociales.

En préparation de la journée de lutte, une invitation à effectuer des assemblées sur les territoires pour sensibiliser la population autant sur ces thèmes autant sur les projets qui s’y opposent. En Vallée de Susa sur les projets de déplacement du parking autoroutier de Susa à San Didero, de déplacement de la route de Guida Sicura de Susa à Avigliana et de la ligne ferroviaire dans le territoire de Borgone.

Proposition approuvée par la coordination des comités du Mouvement NoTav.

traduit de l’italien,  NoTAV.info

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[Italie – Sicile] Lutte NO MUOS

Muos: centinaia sfondano recinzione, militare feritoLe MUOS (Mobile User Objective System) est un projet de la Marine de l’armée des USA, visant à assurer les télécommunications entre les unités mobiles légères (par exemple, soldats sur le terrain ou drones). Le système sera composé de 5 satellites et de 4 terminaux terrestres, qui accueilleront chacun 3 antennes paraboliques géantes. Il est considéré par la Navy comme une de ses armes les plus puissantes du XXIème siècle.

Un des terminaux est prévu à Niscemi, en plein cœur de la Sicile, à l’intérieur de la base militaire américaine NRTF (Naval Radio Trasmitter Facility), dans laquelle sévissent, depuis 1991, une quarantaine d’antennes verticales qui communiquent avec les militaires évoluant dans les airs, sur terre, sur mer et dans les profondeurs sous-marines.

Les antennes NRTF, auxquelles viendront s’ajouter celles du MUOS, représentent une attaque de plus menée par la classe au pouvoir contre les populations.

D’une part, le rayonnement électromagnétique implique de grands risques sur la santé (cancers, malformations), la sécurité (perturbation de l’aviation civile et militaire, déclenchement accidentel d’armements, dérèglement des appareils dans les hôpitaux) et l’environnement (mutations génétiques des plantes et des animaux, brûlures, diminution du nombre d’abeilles).

D’autre part, ceci permettra à une armée ultra-puissante de continuer d’avancer ses pions, dans des visées géostratégiques, à quelques kilomètres du Moyen-Orient et du Nord de l’Afrique. Comme le montrent les récents bombardement en Libye, la Sicile, plus grande île de la Méditerranée, se transforme progressivement, avec ses bases militaires US (dont les antennes NRTF de Niscemi) et OTAN, en porte-avion en position avancée de l’impérialisme occidental, aux portes d’une Union Européenne se présentant toujours plus comme une forteresse menaçante et impénétrable, rendant l’immigration provenant des pays africains et asiatiques toujours plus difficile. Sur ce dernier point, on peut considérer que les immigréEs ditEs « clandestinEs », dont la force de travail est constamment dévalorisée en Europe, fuient leur pays en tant que victimes des guerres menées par la même bourgeoisie internationale qui se trouve à la tête de ces projets de militarisation.

Enfin, la construction du MUOS a impliqué au moins une entreprise mafieuse, mettant encore plus à risque une économie bancale et rigidifiant les structures du pouvoir.

Cette situation ne concerne pas uniquement cette région, mais l’ensemble de celles et ceux qui subissent les affronts de ce système depuis 200 ans : le prolétariat, donc TOI.

En effet, ce projet s’inscrit dans une perspective de transformation capitaliste globale du territoire. On peut relier ce chantier avec ceux prévus, par exemple, dans le Val de Suze en Italie (train à haute vitesse) ou à Notre-Dame-Des-Landes en France (aéroport), et relever la constante qui les unit : rendre toujours plus fluide la circulation des personnes et des capitaux, par exemple à travers un contrôle militaire des ressources pétrolières d’un pays ou une ligne ferroviaire rapide (TAV) entre deux zones à fort développement industriel (Lyon et Turin).

Pour toutes ces raisons, les comitésNo MUOS de plusieurs villes et villages, depuis 2011, ne luttent pas seulement contre les antennes, mais aussi contre les politiques qui criminalisent l’immigration. Ils ne se contenteront pas de démanteler les bases militaires siciliennes, mais désirent construire une société débarrassée de la logique capitaliste qui détruit nos vies et l’environnement. Ils participent donc au combat contre la mafia, aux luttes pour le logement et contre l’austérité, et se sentent solidaires d’autres mouvements comme le No TAV (Val de Suze) ou la Z.A.D (Notre-Dame-Des-Landes).

La lutte No MUOS vise la réappropriation de nos vies. Elle a besoin de continuer à s’agrandir, par-dessus les Alpes, au-delà de la mer, à travers les frontières.

CETTE LUTTE EST LA TIENNE

www.nomuos.info

comunica@nomuos.info (it) nomuosfr@inventati.org (fr/ch)

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