Réunion publique : « Lyon-Turin, et si on en débattait » organisée par le comité No Tav Maurienne (contact : notavmaurienne@gmail.com )
Vendredi 5 avril 2013 à 19 heures, à Modane, Salle polyvalente Antoine FARDEL (près de la Mairie)
Côté vitrine : pour les promoteurs du Lyon-Turin, ce projet est promis à un bel avenir.
– C’est d’abord un projet moderne. Outre qu’il sera la réalisation d’une prouesse technique, c’est l’aboutissement d’un rêve , celui de créer un grand réseau ferré
européen pour transporter toujours plus de voyageurs et de fret, toujours plus vite d’un bout à l’autre du continent.
– Ce serait un projet écologique puisqu’il permettrait le ferroutage, en réduisant le transport par camions, grand pollueur des vallées alpines.
– Ce serait un projet créateur d’emplois, et bénéfique pour le développement des régions Rhône-Alpes et du Piémont.
L’envers du décor : ils se gardent bien d’en parler.
Ce projet est néfaste pour l’environnement : destruction d’espaces naturels et de zones humides ; paysages défigurés, destruction de zones agricoles, stockage de montagnes de déblais.
Il promet des nuisances pour les riverains pendant 5 à 7 années de travaux, incompatibles avec l’activité touristique ( bruits, poussières : amiante, uranium radioactif…), et provoque des modification des réseaux d’eaux souterraines et des nappes phréatiques, suite aux drainages occasionnés par les tunnels, ainsi que des potentiels rejets dans l’écosystème montagnard des eaux polluées des par les chantiers et l’exploitation des ouvrages…..
15 ans de travaux, une quinzaine de sites de forage, des millions de tonnes de déchets, des nuisances immédiates et à long terme, des atteintes aux réseaux hydrologiques, des risques de pollutions et d’accidents : le projet Lyon-Turin n’est pas une solution, c’est un problème.
La commune de Villarodin-Bourget première victime du Lyon Turin
– La commune est promise à une pyramide de 2,5 millions de m3 de déblais, soit 180x400m sur 30m de haut sur la zone naturelle des Tierces, présentant des risques de rupture profonde du versant, sous le poids des déblais, pouvant glisser et barrer le lit de l’Arc.
– Elle verra la destruction de la zone humide dite « des Moulins » pour construire l’usine à béton du futur tunnel.
Or il s’agit de la seule zone permettant de réguler le niveau de l’Arc en cas de crue en amont de Modane pour la protection des habitants en aval.
– Autres dégâts dramatiques et irréversibles : la confiscation des sources d’eau potable suite à la construction de la descenderie du Bourget qui a asséché le versant dominant le village en drainant au passage toutes les sources qui l’approvisionnaient. Les conséquences sont très difficiles à prévoir sur le long terme : modification de la flore, éboulements, mouvements de terrain. Il y a là un véritable enjeu environnemental pour l’avenir.
– Des années de nuisances : bruits permanents, poussières des déblais balayant la vallée, noria de camions et installation d’une nouvelle centrale électrique qui tournera en continu juste sous le village.
* Mais aussi une opposition municipale déterminée
La commune a commandé une contre-expertise géologique démontrant les risques liés au dépôt de déblais pour attaquer devant le tribunal la déclaration d’utilité publique prononcée par la préfecture en 2011. Villarodin-Bourget ne veut tout simplement pas de ces déblais. La municipalité a aussi refusé toutes les «mesures de compensation» proposées par les promoteurs du projet, pour « acheter » les habitants.
Ce projet n’est pas écologique : la multiplication des trains à grande vitesse, fusse-t-elle avec l’alibi du ferroutage, ne va pas dans le sens de la sobriété énergétique. Il obéit à une logique marchande et technocratique de fuite en avant, exigeant toujours plus de trafic de marchandises. Il tourne le dos à une économie raisonnée, plus responsable de l’environnement, réduisant les transports, favorisant la production locale chaque fois que possible.
Ce projet ne développera pas notre vallée malgré les annonces sur l’emploi : 10 000 annoncés sur l’ensemble des chantiers, c’est du chantage à l’emploi !
Pour l’essentiel il s’agira d’emplois temporaires. On connait la propension des entreprises de BTP à embaucher des salariés low cost, parfois avec le statut de travailleurs détachés venant de pays à bas salaire, exonéré de charges sociales en France. In fine, le nombre d’emplois durables pour l’exploitation des infrastructures sera très réduit.
La création d’une gare internationale à St Jean de Maurienne n’est pas garantie, pas plus que les arrêts de trains (dixit Mr Darmandrail, Directeur à LTF à Aiton le 19/10/2012), les TGV n’ayant pas vocation première à faire des arrêts intermédiaires afin de raccourcir les temps des trajets Lyon-Turin ou Paris-Milan. Modane : la gare condamnée
Modane : la gare condamnée, encore des emplois supprimés ?
Le Lyon-Turin transformera le tronçon ferroviaire St-Jean/Modane en cul de sac. RFF déjà surendetté ne pourra plus assurer le maintien d’une ligne rendue non rentable; la tentation sera grande de transformer ce tronçon de la Maurienne en désert ferroviaire avec la fermeture de la gare de Modane, reportant ainsi le trafic sur la route.
L’accès à la Haute Maurienne s’en trouverait profondément dégradé, avec des conséquences sociales et économiques récessives durables dans tous les domaines d’activités.
Le Lyon- Turin ne va pas régler les problèmes économiques de la vallée, il va les aggraver.
Ce projet est coûteux et inutile. La Cour des comptes jette aussi un pavé dans la mare. Dans un référé rendu public le 11/2012, elle s’alarme de l’augmentation du coût du projet, passé de 12 milliards d’euros en 2002 à 26,1
milliards selon les dernières estimations du Trésor, « rendant difficile les financements publics dans le contexte actuel de crise ». Elle pointe la baisse du trafic transalpin par rapport aux prévisions établies en 1990, exagérément optimistes pour justifier le projet, jugeant ainsi sa rentabilité très aléatoire et improbable la saturation de la ligne existante. En conséquence, elle recommande de ne pas écarter l’amélioration de la ligne existante, option qui n’a pas été explorée complètement. Le ferroutage est possible dès à présent sur la ligne actuelle utilisée seulement à environ 20% de sa capacité.
Ainsi est reconnue par une instance officielle l’inutilité de ce projet, véritable usine à fabriquer la dette publique, au détriment de l’intérêt général et du financement des besoins prioritaires des populations.
Face à ce projet très controversé doit s’instaurer un débat démocratique en France. En Italie, le projet (appelé TAV «treno alta velocità») se heurte à une résistance déterminée des habitants du Val de Suse.
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