[Lyon] Soirée No-Tav le 12 avril 2014

Soirée de soutien à Claudio, Chiara, Niccolo, et Mattia, activistes No-Tav incarcérés depuis plusieurs semaines en Italie sous accusation « d’activité à visée terroriste ».

Dans un squat lyon­nais, à partir de 18h (pour connaî­tre l’adresse du squat, envoyer sim­ple­ment un mail à : capar­ta­leau@riseup.net).

Programmation :

18h00 : ouver­ture des portes avec un repas à prix libre ainsi qu’une pro­jec­tion du docu­men­taire « Draquila, L’Italie qui trem­ble » de Sabina Guzanti. Partant de la catas­tro­phe que fut le trem­ble­ment de terre ayant eu lieu à L’Aquila en 2009, ce docu­men­taire est une enquête sur la poli­ti­que de ges­tion de cet événement par la Protezione Civile dépeinte comme un « bras de l’état » opé­rant au-dessus des lois et ten­tant, par ce biais, de deve­nir une société privée par actions.

Vers 21H00 : Concert (prix libre) à toute vitesse avec Panika (ska-punk), Renaut c’est mort (reprise punk de Renaut), La Boucle (Hip-hop, human beat­box), Steven Marcato (Italo Disco), L’ombre de la route (New wave expé­ri­men­tal) + guest elec­tro.

Et sinon sur place : info-kios­que, chill out, bar à cock­tails, et peut-être même des frites et des crêpes…

Le mou­ve­ment No-Tav : le point où nous en sommes

Pour les quel­ques un-e-s qui ne le savent pas encore, la lutte No-Tav repré­sente toutes les formes d’oppo­si­tions à l’édification d’un nou­veau réseau ferré à grande vitesse entre Lyon et Turin. Il ne s’agit pas d’une nou­velle lubie des pou­voirs euro­péens puis­que la logi­que d’inter-connec­ter toutes les gran­des métro­po­les euro­péenne entre elles, par le biais du TGV date de plus de 5O ans. Nous pou­vons tous le cons­ta­ter, la métro­pole étend ses ten­ta­cu­les sur l’ensem­ble des ter­ri­toi­res, des villes jusqu’aux cam­pa­gnes. Tout devient amé­na­ge­ment et restruc­tu­ra­tion de l’espace, avec comme étendard le pro­grès et la démo­cra­tie, censés nous garan­tir la légi­ti­mité et le bien-fondé des pro­jets.

Heureusement que l’on ne se laisse pas apla­tir par le rou­leau com­pres­seur, que la lutte s’orga­nise, et que la vie reprend le dessus.

La vallée de Susa, dans la région du Piemont coté ita­lien abrite depuis une ving­taine d’années le cœur de la contes­ta­tion contre le TGV. La joie et la force de la lutte ont conta­miné les habi­tants de la vallée, empor­tant avec elles de nom­breux triom­phes, par­fois célè­bres, comme la reprise du chan­tier de Vénaus en 2005, mais également des vic­toi­res du quo­ti­dien, aux grées des ren­contres, des moments de vies, des assem­blées, des repas, ou des cam­pings d’été.

Le sen­ti­ment que la défaite contre le train est impos­si­ble flotte dans cette vallée, comme si la pro­messe de ne jamais lâcher, et de rester en lutte ensem­ble, garan­tis­sait une vic­toire éternelle.

Bien que cette lutte prenne son essence dans la défense d’un ter­ri­toire, la vallée de Susa, a également su conta­mi­ner toute l’Italie. Partant d’une lutte locale s’oppo­sant à un projet bien par­ti­cu­lier, le mou­ve­ment No-Tav voit plus loin en s’atta­quant à la légi­ti­mité des pou­voirs publics, des inté­rêts privés des gran­des entre­pri­ses, de la Mafia, la police, la crise… En bref, un sys­tème qui nous écrase, impli­quant des vies sur les­quel­les nous n’avons plus for­cé­ment prises.

En outre, le mou­ve­ment a su com­pren­dre en son sein la mul­ti­tude des formes de luttes, du sit-in sur des auto­rou­tes, en pas­sant par des pic-nics dans les vignes, jusqu’aux atta­ques et sabo­ta­ges du chan­tier.

Et c’est cela que les pou­voirs crai­gnent le plus, une lutte popu­laire qui porte en elle des per­cep­ti­ves révo­lu­tion­nai­res. A cela l’État ita­lien répond par une san­glante répres­sion, aux mesu­res de poli­ces et de jus­ti­ces excep­tion­nel­les. Il use également d’une stra­té­gie média­ti­que désor­mais lar­ge­ment connue qui consiste à tenter de divi­ser le mou­ve­ment en créant la figure du gentil oppo­sant contre celle du « cas­seur ». Tentative de neu­tra­li­sa­tion que la lutte a tou­jours réussi à faire voler en éclat, sym­bo­lisé par le désor­mais célè­bre slogan : « Siamo tutti black block ».

Au fur et à mesure des années, les Notav doi­vent faire face aux nom­breu­ses peines de prison fermes, aux assi­gna­tions à domi­cile, inter­dic­tions de séjour dans la vallée, voire d’Italie pour les étrangers, des amen­des et frais de jus­ti­ces, sans comp­ter la Digos (police poli­ti­que ita­lienne par­ti­cu­liè­re­ment balaise en ren­sei­gne­ment) cons­tam­ment sur le dos des mili­tants. Cela ne suf­fi­sant pas à calmer la déter­mi­na­tion des No-Tav, l’État ita­lien, dis­pose d’une arme lourde dont il n’hésite pas à faire usage : « les mesu­res anti-ter­ro­ris­tes ». Déjà le 5 mars 1998, Silvano Pelissero, Edoardo Massari dit “Baleno” et María Soledad Rosas dite “Sole”, sont arrê­tés et incar­cé­rés à la prison de Turin des Valettes sur­nom­mée le « Bunker ». Ils sont accu­sés d’acti­vi­tés sub­ver­si­ves à visées ter­ro­ris­tes pour avoir pré­ten­du­ment sabo­ter des engins de chan­tier du Tav. La prison dans laquelle ils sont déte­nus n’est pas sans his­toire puis­que c’est celle cons­truite dans le but d’enfer­mer et de juger (car la prison est dotée d’un tri­bu­nal interne) les grou­pes armés révo­lu­tion­nai­res des années 70 ainsi que les grands mafieux ita­liens des années 90. Depuis elle ne fut plus uti­li­sée jusqu’aux incar­cé­ra­tions des Notav. Quelques jours plus tard, Baleno se sui­cide le 28 mars 1998 dans sa cel­lule. Le 11 juillet de la même année, son amie Sole se sui­cide à son tour. Alors que les pro­cu­reurs décla­rent qu’il y a des preu­ves irré­fu­ta­bles de culpa­bi­lité au moment des arres­ta­tions, ils seront acquit­tés a leur procès, à titre pos­thume.

Aujourd’hui la répres­sion anti No-Tav ne fai­blit pas et c’est au tour de Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio , de se manger les mesu­res anti-ter­ro­riste lors des arres­ta­tions du 9 décem­bre 2013. On leur repro­che d’avoir dans la nuit du 13 au 14 mai, avec une tren­taine de per­son­nes, par­ti­cipé à une atta­que du chan­tier entraî­nant du sabo­tage de machine. Ces accu­sa­tions, qui enlè­vent la pos­si­bi­lité d’obte­nir des mesu­res d’amé­na­ge­ment de peine, impli­quent un temps de prison pré­ven­tive très long, et elles mena­cent de se trans­for­mer en condam­na­tions qui pour­raient dépas­ser les 20 ans de prison si les chefs d’inculpa­tion devaient rester les mêmes lors du procès. Tout d’abord incar­cé­rés dans le « Bunker » de Turin, ils furent trans­fé­rés à Rome (pour Chiarra), Alessandria (pour Mattia et Niccolo), et Ferrara (pour Claudio). Le choix de ces trois prison n’est pas un hasard puisqu’il s’agit de pri­sons de haute sécu­rité.

Aujourd’hui la lutte Notav s’étend donc jusque dans les pri­sons, face à l’achar­ne­ment de l’Etat ita­lien à défen­dre jusqu’à la mort son projet. Les avo­cats et les frais de jus­tice sont très coû­teux c’est pour cela que le mou­ve­ment a mis en place une caisse de soli­da­rité No-Tav pour les arrê­tés de la lutte No-Tav. Son fonc­tion­ne­ment est simple :

Les béné­fi­ces de la soirée du samedi 12 avril iront à cette caisse. Si vous dési­rez sou­te­nir les inculpés direc­te­ment voici les coor­don­nées ban­cai­res de la caisse de soli­da­rité :

Intestazione : FRANCESCA CAMICIOTTOLI IBAN : IT27A0316901600CC0010722513 BIC/SWIFT:INGDITM1

En outre si vous sou­hai­tez appor­ter un sou­tient moral aux incar­cé­rés vous pouvez leur écrire aux adres­ses sui­van­tes :

• Chiara Zenobi : Casa Circondariale Rebibbia vaia Bartolo Longo, 92 00156 *Roma*/ • Claudio Alberto : Casa Circondariale Via Arginone, 327 44122 *Ferrara*/

• Mattia Zanotti et Niccolò Blasi : Casa di Reclusione Via Casale San Michele, 50 15100 *Alessandria*/

Les actions qui don­nent lieu à la cri­mi­na­li­sa­tion des Notav font partie pre­nante du mou­ve­ment et sont assu­mées comme telles. Parce qu’elles sont prises dans un quo­ti­dien en résis­tance qui conti­nue à ryth­mer la vie dans la vallée. Parce que cela fait long­temps que beau­coup de monde là-bas admet l’effi­ca­cité d’actions telles que les sabo­ta­ges et les actions direc­tes.

Voyons nous samedi pour en parler d’avan­tage, pour manger ensem­ble et danser, pour réchauf­fer l’atmo­sphère, réchauf­fer ce même air que l’on peut encore res­pi­rer à l’inté­rieur comme à l’exté­rieur, et qui attise sans aucun doute les incen­dies à venir.

A sara dura !

Texte publié sur Rebellyon.info le 8 avril 2014.

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